Culte du dimanche de Pentecôte, 8 juin 2025
Textes
Actes 2, 1-11
Romains 8, 8-17
Jean 14, 15-16 . 23b-26

Jean 14, 15-16 . 23b-26
15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.
16 Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre défenseur pour qu’il soit avec vous pour toujours…..23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui.
24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé.
25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de vous. 26 Mais c’est le Défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit.
Prédication
Alain Quillet
Introduction
Quel est le contexte de la péricope qui nous est proposée aujourd’hui ?
Eh bien, cela peut surprendre mais c’est, au ch 13, le dernier repas du Christ à Jérusalem, avec le lavement des pieds et l’ordre donné à Judas-l’Iscariote. L’Eucharistie n’est pas mentionnée chez Jean, il rapporte uniquement les paroles qui sont échangées entre les convives. Ils viennent tous de passer ensemble plusieurs années, une relation quotidienne bien vivante, exaltante. La préoccupation de Jésus est de leur permettre de faire durer indéfiniment cette relation, au delà de sa mort à Lui. Imaginons l’atmosphère de tragédie qui devait anéantir les apôtres.
C’est dans cette atmosphère qu’il leur délivre ses dernières instructions, un peu à la manière d’un testament. En quoi consistent-elles ces instructions :
Prédication
Le titre du texte de ce matin est plutôt vague « la promesse de l’Esprit ». Un titre vague a priori mais essentiel pour comprendre les débuts du christianisme car c’est sur l’Esprit que repose la seconde Alliance. Ce n’est plus tout à fait la Loi mosaïque qui doit régir les rapports entre Dieu et son peuple. Comme vous le savez tous, le Christ ne renie pas les anciens commandements, il les complète et en élargit la portée en leur adjoignant la part de sincérité, de vérité, de foi en passant de la lettre à l’esprit. Il est de fait un passeur, un intercesseur et il ajoute même « un autre Paraclet ».
Une curieuse notion ce Paraclet. Elle est issue du grec Paraklétos qui désigne un avocat, celui qui aide, qui défend devant la face de Dieu, devant le tribunal divin. On parle aussi d’intercesseur, je viens de le dire, de consolateur aussi, mais assurément, pour Jean, nous sommes en présence de l’Esprit, tout simplement. Mais pourquoi « un autre Paraclet » ? Mais parce que le Père, le fils le saint Esprit sont à la fois Trois et Un ! Et Jésus redéfinit sa position auprès de son Père mais aussi auprès de ceux qui ont reçu et intégré sa Parole et qui la mettent en pratique par Amour.
Avec ou sans le Christ, qu’il soit vivant parmi les hommes, ou plus tard, ressuscité, l’Esprit poursuivra sa conquête des consciences, sa « pêche aux hommes et aux femmes».
Dans le même paragraphe 14 au verset 6, il proclame « Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi ». Personne ici n’ignore cette Parole, qui est probablement la plus utilisée en dédicace sur les murs de nos églises. Jésus ajoute encore à la fin du v. 10 « …c’est le Père qui, demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres ».
Et cette intercession assurée par Jésus va très loin car elle est illustrée par une formule à la fois familière et profonde : « je ne vous laisserai pas orphelins ». C’est une image que nous comprenons facilement mais à l’époque un orphelin est un marginal, privé de tout soutien, sans ressources, quasiment rejeté par la société, tout comme la veuve. Aussi cette garantie de ne jamais devenir un orphelin est une promesse à laquelle les disciples, tout comme les premiers chrétiens devaient être très sensibles.
Et comment atteindre un état de sécurité un état qu’on pourrait appeler de nos jour un état civil aussi prometteur ?
Eh bien tout repose sur l’Amour qui permet « d’appliquer et observer les commandements » et pour cela, renoncer au « monde », celui qui est incapable de comprendre et accueillir « l’Esprit de vérité ». Ce monde qui est en perpétuelle révolte contre Dieu. C’est ce monde qui n’accepte pas Jésus et qui le condamne car ce monde n’est pas capable de comprendre son message.
C”est encore ce monde-là qui nous obscurcit le jugement avec ses tentations, son obscurantisme, avec ses fausses valeurs comme l’acceptation du règne de l’argent-roi, comme le refus de la fraternité, de l’humanité, du partage et du respect mutuel. Ce monde aveuglé qui détruit la terre et qui nous montre des chemins qui se dirigent tous vers des précipices. Ce monde qui a perdu toute conscience et qui réussit à s’étonner de devoir subir des revers inattendus. « Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer » nous disait Blaise Pascal au XVIIe siècle en parlant de l’homme en général. Mais lui non plus n’a pas été entendu. Pourtant, un virus n’est pas beaucoup plus qu’une goutte d’eau ;certes, elle est empoisonnée. Il y a trop longtemps qu’on n’écoute plus les prophètes. Non pas ceux de l’Ancien Testament, qui proclamaient haut et fort la Parole et surtout la Loi. Non, je ne vous parle pas d’un autre temps, je vous parle de nos contemporains, les hommes et les femmes de bonne volonté, notamment les scientifiques, les soignants, les travailleurs sociaux et bien d’autres qui de nos jours persistent à projeter dans l’avenir, à la face d’un monde aveugle et sourd, le résultat de leurs efforts , de leurs prémonitions, de leurs peurs raisonnées. On persiste à les ignorer ou, pire, à les laisser dire, souvent sans financer suffisamment leurs travaux, alors qu’ils sont porteurs d’une forme de la Grâce de Dieu. Cette grâce qui continue de nous être offerte gratuitement mais que nous ne savons toujours pas reconnaître.
Et cet aveuglement est ancien, Jean le dénonçait déjà dans le prologue de son Témoignage :« La lumière brille dans les ténèbres mais les ténèbres elles mêmes ne l’ont pas reconnue ».
Dans la Seconde Alliance, magnifiquement symbolisée par la Pentecôte, Dieu a pris le risque de nous transmettre un esprit, un extraordinaire souffle de vie qui ne demande qu’à enfler, souffler et féconder toute Sa Création.
Et cette Force se perdrait dans un chaos qui est en train de ruiner la Promesse d’un monde qui pourtant nous a été prêté, un monde dont chacun sait que nous ne sommes que des locataires ?
Cette force a pourtant un moteur, c’est la foi. On nous a souvent répété qu’elle pouvait soulever des montagnes, abaisser les puissants, élever les humbles qui portent l’Esprit et la Parole. Tout notre environnement est menacé, le physique comme le spirituel, mais tout n’est pas perdu.
Et la foi s’appuie essentiellement sur la confiance dans la Parole du Christ. Souvenez vous de Pierre qui commence à marcher sur l’eau et qui, manquant de confiance justement, est tout près de se noyer (Matthieu 14 v. 22 à 33). Dans le texte de ce matin , Jésus fait beaucoup pour donner confiance à ses disciples, pour NOUS donner confiance :
« Le paraclet demeure auprès de vous, il est en vous…vous me verrez vivant et vous vivrez vous aussi… Celui qui a mes commandements et qui les observe, celui-là m’aime : or celui qui m’aime sera aimé de mon Père… » Et tout le texte est de la même eau. Admettez que l’on peut difficilement faire davantage pour donner confiance. Mais voilà Jésus leur parle, nous parle du Royaume, pas du « monde », du monde rebelle à Dieu.
Et comme par hasard, en ces jours à nouveau troublés par des guerre et des réarmements, qu’entendons-nous chaque jour ? On nous parle du manque de confiance dans nos dirigeants qui n’étaient pas prêts au moment de la pandémie du Covid et qui , semble-t-il, ne le sont pas davantage aujourd’hui, . Il y a de quoi ne pas être tranquilles.
Il est pour nous urgent de prier pour ceux qui détiennent un pouvoir en ces pénibles circonstances, prier pour qu’ils prennent de la hauteur et se laissent inspirer par une autre langue, par d’autres objectifs que de stopper la croissance infinie. Pour la plupart, ils font le le maximum pour sauver la part de l’économie qui est fondée essentiellement sur l’argent-roi.
Prier pour qu’ils fassent davantage pour restaurer la fraternité, le partage, le salut commun dans lequel on peut placer la sauvegarde de la Terre et de ses ressources. Notre république est dite laïque mais les principes de liberté, d’égalité et de fraternité qui figurent sur tous les symboles de notre Etat se retrouvent aussi dans la Bible.
Tous les sondages nous montrent que nos dirigeants n’inspirent plus confiance mais nous pouvons, nous, agir en chrétiens tirant parti de la Parole qui nous guide et en intervenant de manière exemplaire partout où cela est possible : en aidant d’une manière ou d’une autre celles et ceux qui sont dans le besoin, en freinant dans nos familles et au delà, la course à la croissance suicidaire, en évitant d’acheter des produits inutiles ou non durables, souvent fabriqués par des esclaves. Evitons de prendre des vacances irréfléchies et désastreuses (par exemple en allant passer quelques jours aux Açores dans des avions et des hôtels low cost). Privilégions l’achat des produits qui ont le moins voyagé. ..
Les exemples sont innombrables, la tâche est immense.
Encore faut-il que nos contemporains prennent pleinement conscience des problèmes que je viens d’évoquer. Ils sont nombreux parmi nous tous les « Judas-qui-ne-sont-pas-l’Iscariote », c’est à dire à peu près tout le monde, qui ne voient pas l’intérêt de nous réformer sans cesse, de nous adapter à l’évolution du monde en gardant à l’esprit les instructions de Jésus qui nous sont rappelées ce matin de Penteôte.
Mais le Paraclet, c’est à dire l’Esprit, est en nous, profitons-en. Il n’est que temps d’aller annoncer l’Évangile de la sauvegarde de la planète, l’Evangile du respect de la Terre qui nous est prêtée et de l’Amour de l’autre.
Et comme le chante un de nos cantiques : « Et le monde saura que nous sommes chrétiens à l’Amour dont tous nos actes sont empreints… ».
A Dieu seul soit la gloire
Amen
Prochain culte
dimanche 15 juin
10h30