Nous voici à l’une des fêtes de l’église protestante censée être basée sur l’histoire, sur l’histoire de notre création même en tant qu’église, notre mythe fondateur.

Et bien qu’il puisse être important pour nous de nous souvenir de cette histoire, de cette histoire, nous dérivons souvent vers une nostalgie dont nous nous souvenons souvent, des jours comme le dimanche de la Réformation. Nous aspirons à un âge d’or qui n’était probablement pas aussi doré que dans nos souvenirs, peut-être même pas proche. Nous oublions des éléments clés de notre récit, des moments déterminants de notre histoire, un peu comme les dirigeants juifs de l’évangile d’aujourd’hui – qui prétendent n’avoir JAMAIS été esclaves de quiconque, même si le moment déterminant, l’histoire fondatrice du peuple juif est l’exode, ce moment où Yahweh, le Seigneur Dieu Tout-Puissant les a sortis de l’esclavage en Égypte, à la liberté et à la prospérité dans la terre promise. L’un des dangers d’exagérer notre célébration du dimanche de la Réforme est exactement cela : que nous nous souvenions des bons moments de notre histoire, ou que nous la transformions en une sorte de triomphaliste « nous sommes meilleurs que vous » faisant un pied de nez collectif à d’autres chrétiens qui se trouvent avoir une tradition différente ou une histoire différente.

Donc, dans l’esprit des Réformateurs, j’ai pensé qu’il serait intéressant de jeter un coup d’œil à certains des dictons ou slogans les plus lapidaires de la Réforme elle-même—ces choses qui se seraient retrouvées sur des t-shirts ou des autocollants de pare-chocs ou sous forme de messages Facebook ou de tweets sur Twitter si de telles choses avaient existé à l’époque alors. Vous voyez, pendant la Réforme, quand Martin Luther et Jean Calvin, et d’autres réformateurs essayaient de changer les choses dans l’église, ils utilisaient ces slogans pour essayer de capturer ou d’expliquer les changements qu’ils voulaient faire. La plupart des slogans étaient en latin, et peut-être parce qu’ils donnaient un air de sophistication au mouvement, ils les ont gardés en latin.

Le premier slogan est « simul justus et peccatur », ce qui signifie « à la fois justifié et pécheur », ou mieux encore, « Nous sommes à la fois des saints et des pécheurs ». C’est un slogan essentiel à la compréhension de la condition humaine par les réformateurs. Contrairement à l’église dominante de l’époque, Martin Luther a commencé à comprendre que les humains ne sont pas si facilement divisés en deux groupes : les saints et les pécheurs, les justes et les injustes, ceux qui ont été sauvés et ceux qui n’ont pas été sauvés. Non, il en est venu à croire qu’il y avait en chaque être humain un profond paradoxe, que chacun de nous est à la fois totalement indigne de la grâce de Dieu, mais néanmoins complètement justifié en Dieu par le baptême en Jésus-Christ. Depuis l’époque de Luther, les protestants enseignent que nous, les humains, ne suivons pas toujours un chemin en ligne droite vers la perfection, mais que nous, les humains, sommes confrontés quotidiennement à la réalité du péché ainsi qu’à la promesse de la miséricorde de Dieu. En ce sens, nous, protestants, avons tendance à penser aux saints non pas comme à une classe de super-chrétiens, mais plutôt comme des gens ordinaires qui vivent leur vie dans la grâce et le pardon de Dieu, même si nous ne méritons pas cette grâce ou ce pardon. Nous sommes tous « simul justus and peccatur ». À la fois saints et pécheurs.

Les slogans suivants sont en fait une triade de slogans centrés sur le même thème. 

Sola fide , Sola gratia , Sola scriptura. Par la foi seule, par la grâce seule et les Écritures seules. 

Sola fide, dit que Dieu vient à nous par la foi seule, pas par nos actions, pas par nos œuvres. Cette foi est en même temps un don de Dieu, qui se développe au cours de notre vie comme une confiance intérieure que Dieu a pour l’avenir que Dieu a pour nous. Maintenant, cela ne signifie pas que nous ne devons rien faire à cause de cette foi – il est clair qu’il nous est commandé de mettre notre foi en action, mais ce ne sont pas ces actions qui nous sauvent, nous sommes sauvés par la foi, et ce salut nous oblige à agir au nom des autres, au nom de la création de Dieu.

Sola Scriptura . Ce n’est que dans les Écritures, dans la Parole même de Dieu, que nous trouvons la vérité de la loi et l’Évangile de Dieu. Rappelez-vous maintenant à quel point cela a dû être radical aux 15e et 16e siècles. À cette époque, la plupart des gens ne savaient pas lire leur propre langue, sans parler de la Bible, qui n’existait qu’en latin, la langue de l’élite de l’époque. Les gens devaient compter sur les autres pour leur expliquer ce qu’il y avait là-dedans – et les gens sont célèbres à toutes les époques et en tout lieu pour manipuler ces choses qu’ils savent ne pas être entièrement accessibles ou comprises par la personne moyenne. Ainsi, Luther et d’autres réformateurs, qui pensaient que la Bible était le moyen le plus important, voire le meilleur moyen de connaître la parole de Dieu, ont insisté pour que la Bible soit traduite en allemand, la langue du peuple, afin que tout le monde puisse avoir accès à la parole de Dieu. Grâce aux traductions de Luther et à l’imprimerie de Gutenberg, j’ai commencé à lire la Bible, découvrant que la parole de Dieu n’était pas cachée, mais qu’elle était accessible à tous.

Sola Gracia. Nous ne pouvons être dans une relation avec Dieu que par la grâce de Dieu. Si cela ne tenait qu’à nous, à notre bonté, à notre sainteté, à notre perfection, nous mériterions tous le châtiment de Dieu. Mais Dieu nous a donné un nouveau départ. Il nous déclare innocents, même si nous sommes coupables. Dieu nous donne tout, et seulement par la grâce de Dieu. Ce sont des dons que nous recevons dans notre baptême, dans le pain et le vin de la Cène du Seigneur, dans la Parole de Dieu, et aussi dans la communauté des frères et sœurs chrétiens.

L’un de mes slogans préféré est, je pense, parfait pour un jour comme aujourd’hui, le 508e anniversaire de la Réforme elle-même. « Semper Reformans Reformanda. » Ce qui signifie que la Réforme aura toujours besoin d’être réformée. Bien que nous croyions que les changements qui ont été apportés pendant la Réforme étaient bons, nous ne pouvons pas nous contenter de voir notre église stagner avec ces changements. En tant que peuple réformateur, nous sommes toujours à la recherche de la meilleure façon d’être le peuple de Dieu ici et maintenant, et donc, nous, en tant qu’église, devons trouver la meilleure façon – et bien souvent une nouvelle façon – de répondre à la grâce de Dieu. De temps en temps, nous devons faire l’inventaire des choses les plus importantes, les plus essentielles pour être chrétien aujourd’hui, et peut-être décider de lâcher prise des choses qui ne sont pas si importantes, si vitales pour nos vies, notre témoignage de nos places en tant que disciples du Christ. Cela peut signifier se souvenir de notre passé un peu différemment, admettre nos erreurs et nos faux pas. Cela pourrait signifier regarder plus vers l’avenir et moins vers le passé. Réformer la Réforme peut aussi dire que nous sommes intéressés par le dialogue chrétien et la réconciliation entre les différentes Églises pour un témoignage commun au monde.

Enfin, le slogan le plus important de la Réforme est peut-être en même temps le plus court « Pro Me ». Pour moi. Le message de la Réforme est un rappel à tous que la vie, le ministère, la mort et la résurrection de Jésus-Christ étaient en fait une chose très personnelle offerte à chacun de nous. C’était fait pour vous, pour vous, pour vous, pour moi. En tant qu’église, nous disons que pour recevoir le Christ dans les éléments de la sainte cène, nous devons seulement croire que ses bienfaits sont là pour moi. La miséricorde qui vient dans le repas pour moi,  signifie que je peux aller dans le monde avec la certitude que j’ai reçu une nouvelle vie pour moi, grâce à la miséricorde du Christ.

Maintenant, je serai le premier à vous dire que vous ne pouvez pas savoir tout ce qu’il y a à savoir sur un sujet simplement en répétant quelques paroles lapidaires. Bien sûr, il y a tellement plus dans l’histoire et l’héritage de la Réforme que ce que l’on peut trouver dans ces slogans. Mais j’espère et je prie pour qu’ils puissent susciter de nouvelles façons de penser alors que nous considérons à la fois le don et le défi que la Réforme est pour nous. 

Que Dieu continue à nous révéler la Vérité qui nous rendra vraiment libres. 

Amen.