Mes bien-aimés,

 

Le week-end dernier, il y avait le Synode régional de notre Église à Crest. Le thème du synode qui a fait l’objet des travaux était «  Église universelle ». Ce thème est tellement d’actualité dans nos paroisses en particulier et à l’ église en général. Mais ce qui m’a touchée et avec quoi je suis sortie, c’est l’espérance. L’espérance qui permet de ne pas rester centré sur soi-même mais de s’ouvrir et de former une communauté, la communauté des enfants d’un même père.

En préparant le culte de ce jour et en relisant le texte de l’évangile, j’ai pu mesurer à quel point il est d’actualité. Ce texte, mes chers amis, fait partie des textes apocalyptiques. Le terme « apocalypse » qui signifie «  révélation ».

Pour moi, ces écrits sont souvent si difficiles à comprendre et à assimiler, ils sont violents mais ce sont fondamentalement des textes pleins d’espérance et celui de ce matin ne fait pas exception.Mes bien-aimés, Jésus nous propose 2 pistes pour cheminer dans l’espérance.

Ma soeur, mon frère, quand nous lisons l’évangile, nous aimons bien entendre la bonne nouvelle car c’est bien ce qui signifie le mot Évangile .

Mais les paroles de l’évangile de ce jour sont bien loin d’être une bonne nouvelle. C’est un texte si peu réjouissant en première lecture; il nous parle de catastrophes, de persécutions et de fin du monde. Ces paroles de Jésus rapportées par l’évangéliste Luc ne sont pas pour nous rassurer…. Tremblements de terre, épidémies, faits terrifiants… « on portera la main sur vous, vous serez livrés même par vos parents….vous serez détestés de tous. »

La scène de l’Évangile de ce jour apparaît à un moment tardif du ministère de Jésus. Les disciples  se tenaient avec lui sur le lieu le plus sacré de Jérusalem et fixaient le majestueux temple de Jérusalem, le coeur de la religion et de la foi juives, le chef d’oeuvre d’Hérode pour apaiser les juifs. Ce qui a commencé comme une admiration devant la beauté architecturale est devenu une vision prophétique de ce qu’il en coûterait d’être disciple en son nom.

Jésus annonce d’abord la ruine du temple , très beau temple admiré par les disciples «  Des jours vont venir où il n’en restera pas pierre sur pierre. Tout sera détruit ». D’où la question des disciples qui porte, elle aussi sur ce désastre du temple: « Maître, quand donc cela arrivera-t-il? » Et Jésus de répondre, non pas  en dévoilant une consigne valable en tout temps d’épreuve «  prenez garde de ne pas vous laisser abuser (par de faux messies) qui diront « le moment est arrivé ». Puis Luc, presque sans transition ouvre jusqu’au fond l’horizon en reprenant une parole de Jésus qui concerne la fin des temps: « il y aura de grands tremblements de terre et des faits terrifiants venant du ciel et de grands signes ». Jésus parle de catastrophes à venir, dont la persécution, le rejet et la trahison des disciples.

Il parle aussi de ceux et de celles qui viendraient en son nom pour offrir des solutions éphémères aux grands dilemmes de son époque et de la nôtre. 

Nous sommes tous à la recherche d’une assurance qui sans cesse nous manque. Tous les jours, et sans attendre la fin des temps, nous entendons parler des guerres et des soulèvements et nous sommes effrayés. Nous vivons dans un monde tellement anxiogène . On voit les nations les unes contre les autres, groupes contre groupes,(religieux, sociaux, ethniques…). Il y a toujours un coin du monde où les hommes sont victimes de tremblements de terre, d’inondations, d’épidémies de famine….etc

La vie sur cette terre est profondément marquée par l’insécurité qui fait naître la peur, mais cette peur est une bien mauvaise conseillère, elle engendre des réflexes de méfiance et trop souvent provoque des tensions violentes ou des guerres. Devant cette fragilité de notre condition humaine, nous éprouvons le besoin de trouver une stabilité, une assise solide.

Tous les faux prophètes, (ceux que nous pouvons appeler des populistes dans notre langage d’aujourd’hui) utilisent cette soif de sécurité propre à l’humanité pour s’imposer «  C’est moi, disent-ils, qui vais vous fournir l’assurance dont vous avez besoin, l’assurance dont vous manquez ».

Ces faux prophètes attirent des foules autour d’eux : ils prétendent apporter la paix alors que pour la plupart d’entre eux, c’est pour asseoir leur propre pouvoir. Tous les vendeurs de rêves (religieux, civiles ou politiques) agissent ainsi «  ne marchez pas derrière eux » dit Jésus à ses disciples et à nous aujourd’hui. Ceux qui clament que le temps (le moment opportun) est proche, ne comprennent pas que le calcul du temps, (chronos, le temps du calendrier) ne nous permet pas de connaître l’accomplissement du temps de Dieu.

Ces faux prophètes peuvent ainsi  venir  dire: «  le moment est proche ». Ils savent fort bien manier l’argument de l’imminence de la fin du monde. Pourtant, frères et soeurs, c’est bien de cette peur et de cette angoisse dont Jésus veut nous délivrer dans ce discours qui annonce la fin des temps «  Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas. Il faut que cela arrive d’abord mais ce ne sera pas tout de suite la fin » dit Jésus.

Jésus veut apprendre à ses disciples et à nous aujourd’hui à dépasser la peur dans ce monde marqué par les conflits et les guerres. Il veut leur donner cette assurance que cherche l’humanité toute entière «  il faut passer par bien des épreuves, dit Jésus il vous faudra la patience…ce ne seras tout de suite la fin… »

Mes amis, Jésus est le contraire d’un faux prophète, il ne donne pas de faux espoirs, au contraire, il prévient que ce dont on a tellement hâte de sortir risque d’être plus long qu’on ne le pensait. Jésus invite donc ses disciples et nous aujourd’hui  à la patience, bien plus à la persévérance.

Jésus annonce que l’avenir sera rude. Il ne rassure pas faussement mais il donne l’assurance que cette épreuve est normale. Frères et soeurs, cette assurance est indispensable pour ne pas sombrer, car lorsque l’on demeure totalement seul, empêtré dans toutes sortes de difficultés, entourés d’ennemis qui s’entendent contre nous, on croit réellement devenir fou. »Ne vous affolez pas… » dit Jésus qui prévient, amortit le coup.

Dans cette atmosphère délétère, où l’horizon semble obscur, on a du mal à trouver une nuit d’espérance. On peut même se demander comment le monde peut être sauvé, et en quoi, Jésus a joué ou joue un rôle pour que les choses changent.

Chers frères et soeurs, quand nous n’arrivons pas à trouver les bonnes réponse par nos propres raisonnements, il nous faut chercher dans les évangiles. Ecoutons alors cette voix qui vous vient de Jésus lui-même quand il nous rappelle que le monde n’est pas destiné à être aspiré dans un tourbillon qui tenterait de le ramener dans le chaos primitif. Au contraire, le monde est traversé par une idée forte: la vie a triomphé pour nous ouvrir devant nous une perspective d’éternité. Mes chers amis, ce n’est pas notre désir de survie qui doit être la force qui nous anime, mais la vision selon laquelle la vie est destinée à prendre le dessus, si nous savons être persévérants. L’Esprit de Dieu qui repose sur nous, nous maintient toujours dans la perspective selon laquelle l’avenir est habité par la certitude de la présence de Dieu dans le monde.

Bien-aimés, nous avons le temps du jour pour le servir et l’aimer, nous avons l’espace notre coeur pour y accueillir la parole de Jésus et l’espace du monde à prendre dans la prière, avec tous les témoins porteurs de son message de paix.

Mes chers amis, trop souvent nous avons tendance à ne retenir de ce texte que ses passages apocalyptiques… Alors, allons un peu plus loin à partir du v14 de notre texte, Jésus dit ceci « Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense, moi-même, je vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance, ni contradiction.

Ma soeur, mon frère, Jésus nous dit ceci « moi-même… » Jésus sera lui-même à nos côtés… « mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu »

Alors mes chers amis, cela veut dire qu’en fait nous n’avons pas grand chose à craindre « c’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie… »

Ce passage de l’évangile nous appelle à persévérer dans la foi. Jésus nous invite à poursuivre notre chemin quotidien dans la foi sans nous préoccuper du lendemain. Le message d’amour de Jésus nous invite à témoigner chaque jour davantage de notre foi en Dieu. C’est cette persévérance, mes chers amis, qui fera de nous les témoins de Dieu dont nos frères et soeurs, séduits par tous les vendeurs de catastrophes et d’apocalypse ont tant besoin dans leurs vies. Alors, sachons avancer pas à pas, avec persévérance, à la suite de Jésus. Chaque jour, laissons le Christ nous inspirer ce langage de sagesse qui nous permettra d’être pour nos frères et soeurs, de vrais témoins de son amour.

La terreur qu’elle soit mondiale our personnelle, est maîtrisée par l’assurance que Jésus connait les siens, même chacun des cheveux de leurs têtes.

Il s’est rendu à la croix pour que cette assurance soit digne de foi.

Vivons, mes chers amis, dans la persévérance, non par une persévérance aveugle ou résignée, mais dans une persévérance de la confiance en la promesse de grâce de Jésus, cette grâce qui oeuvre en tout pour la libération de chacun et de chacune.

Mes bien-aimés, vivons dans l’espérance d’une vie renouvelée par Jésus, vivons dans cette espérance active qui voit déjà le royaume de Dieu à l’oeuvre chaque fois qu’un geste qui est posé est respectueux de la création, chaque fois qu’une parole de paix et de réconciliation est prononcée.

Oui, mes frères et soeurs, je crois que ce texte est d’une actualité criante. Nous sommes dans un monde qui est en danger. Chaque génération vit et expérimente des évènements anxiogènes. De multiples guerres, de multiples conflits.

Face à toutes ces atrocités, le texte de ce matin nous propose d’entrer dans cette espérance active qui à la fois renonce à se laisser emprisonner dans les angoisses du monde, à la fois renonce à maîtriser ce qui ne lui appartient pas et à la fois témoigne de sa foi dans le salut promis.

Quand tout semble sur le point de disparaître, la parole de Dieu nous apprend que la vie doit toujours prendre le dessus, car en Dieu, au delà  de la vie, il y a encore la vie. Telle est l’espérance en Jésus-Christ et cela, personne ne peut nous l’arracher.

Ma soeur, mon frère, nous avons besoin de cette parole, nous avons besoin de cet évangile de vie et de résurrection, et le monde a besoin de cet évangile de vie et de résurrection. Que Dieu nous donne force, consolation, espérance et joie  pour aller à notre tour au secours de nos frères et soeurs partout où nous pouvons, aller vers le plus petits de mes frères, disait Jésus.

Ouvrons donc avec foi et confiance nos intelligences et nos coeurs à cette annonce de salut. Nous verrons comme si c’était la lueur de l’aube de cette Jérusalem qui resplendit de la gloire de Dieu. Et alors, nous nous rendrons compte que ce nouveau monde de paix et de justice est à notre porte, malgré les difficultés liées à notre condition humaine.

La foi nous poussera alors à oeuvrer dans nos villes, dans nos quartiers, dans nos églises, dans nos paroisses et dans le monde en général pour les rendre à l’image de Celui qui nous appelle et dont nous attendons sans cesse le retour.

Que Dieu nous bénisse et nous donne le courage de vaincre nos peurs, qu’il nous donne le courage d’aller au secours de notre prochain blessé. Nous sommes tous appelés à être des ambassadeurs de cet évangile de vie , de résurrection et de joie. Demandons au Seigneur de nous guider pour oser cette espérance.

Amen