Culte -Autrement- et Fête de la Paroisse dimanche 6 juillet 2025
Textes
(Is 66, 10-14c)
(Ga 6, 14-18)
(Lc 10, 1-9)

Méditation sur le thème de la PRIERE
Pierre Bécheret
Partageons cette prière qui bien plus qu’une confession de foi, traduit un cheminement et un engagement qui transforment les hommes et le monde :
« Aujourd’hui dans la nuit du monde , et dans l’espérance de la Bonne Nouvelle,
J’affirme avec audace ma foi en l’avenir de l’humanité.
Je refuse de croire que les circonstances actuelles rendent les hommes incapables de faire une terre meilleure.
Je refuse de croire que l’être humain n’est qu’un fétu de paille balloté par le courant de la vie, sans avoir la possibilité d’influencer en quoi que ce soit le cours des évènements .
Je refuse de partager l’avis de ceux qui prétendent :
que l’homme est à ce point captif de la nuit sans étoiles, du racisme, de la guerre
que l’aurore radieuse de la paix et de la fraternité ne pourra jamais devenir une réalité.
Je refuse de faire mienne la prédication cynique que les peuples descendront l’ un après l’ autres dans le tourbillon du militarisme vers l’enfer de la destruction thermo-nucléaire.
Je crois que la vérité et l’amour sans condition auront le dernier mot. La vie, même vaincue provisoirement , demeure plus forte que la mort.
Je crois fermement que même au milieu des obus qui explosent et des canons qui tonnent, il reste l’espoir d’un matin radieux.
J’ose croire qu’un jour tous les habitants de la Terre pourront recevoir trois repas par jour pour la vie de leur corps, l’éducation et la culture pour la santé de leur esprit, l’égalité et la liberté pour la vie de leur cœur.
Je crois également qu’un jour toute l’humanité reconnaîtra en Dieu la source de son amour.
Je crois également qu’un jour la bonté pacifique et salvatrice deviendra la loi. Le loup et l’agneau pourront se reposer ensemble, chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, dans sa vigne, et personne n’aura plus de raison d’avoir peur.
Je crois fermement que nous l’emporterons. «
10 décembre 1964. Prière de Martin Luther King
LA PRIÈRE
Dans la religion chrétienne , la prière occupe une place éminente : Jésus lui-même a appris à prier à ses disciples. Le recours notamment aux psaumes et à d’autres passages de l’ancien testament a été utilisé pour guider toute invocation personnelle ou collective à la divinité.
Deux constats ou généralités ont pu guider cet usage de la prière :
La prière est élévation de l’Esprit vers Dieu. Elle déroule un dialogue intérieur avec lui. Elle vise une transformation qui s’inscrit au cœur du message évangélique
La prière répond à un besoin de secours et d’intercession: Dieu apparaît tellement énorme et infini, et l’être humain si petit et limité que se développe logiquement une angoisse existentielle chez le croyant.
La prière s’emploie à combattre cette inquiétude. Elle a trouvé un réconfort , un encouragement dans la pratique d’une intercession de Saints dont certaines églises chrétiennes ont développé un véritable culte en leur conférant un label d’exemplarité et de perfection devant Dieu.
À ces demandes d’intercession s’est développée la conscience vive d’une solidarité entre les vivants et les morts.
Un répertoire de prières chrétiennes a pavé progressivement le cheminement spirituel du pratiquant en inventant de multiples formulations et mises en scènes censées plaire à Dieu, mais aussi en ouvrant des espaces de recueillement :
Oraisons
Prières personnelles,
Répétition incessante du nom de Jésus
Hymnes liturgiques
Laudi ou gospels
Prières silencieuses
Rosaire qui fait dérouler les principaux mystères du Salut, joyeux , douloureux et glorieux.
Lieux particuliers
Une gestuelle s’est développée dans certaines communautés pour accompagner ces formulations :
L’élévation des bras vers le ciel
L’agenouillement,
Les mains jointes
Des célébrations rituelles sont introduites dans la prière chrétienne, souvent en accompagnement du calendrier liturgique. Elles donnent lieu à des :
Ambulations processionnelles
Nombreuses signations
Pèlerinages
Souci marqué, jusqu’à l’obsession, du pouvoir performatif prêté à certaines formules « qui font ce qu’elles disent »
Robert de Sorbon a déclaré au XIII ème siècle que la prière est le « métier du chrétien »
Il est vrai que plusieurs de ces comportements plus ou moins ostensibles donnent de la prière dans nos églises chrétiennes et pratiques collectives, des images exposées à la critique facile et insidieuse.
Mon propos d’un ordre plus factuel :
Qui Prier ?
Comment Prier ?
Dans quel endroit prier ?
Prier seul ?
Prier en communauté ?
Prier dans un esprit nouveau ?
Prier. ! . . . Mais prier qui . ? . . . Quelle est l’image que nous nous donnons de Dieu ?
Quand je parle de Dieu, est-ce de moi que je parle ?
Sommes-nous à la recherche
D’un Dieu qui fait sens ?
D’un Dieu qui fait droit à une justice
D’un Dieu « PRÉSENCE » ?
D’un Dieu qui met debout,
D’un Père qui nous a envoyé son fils pour évangéliser son humanité
D’un Dieu qui invite l’homme à prendre de la hauteur par rapport à ses manques, à ses failles , à ses béances ?
Prions
« Petit à petit, retrouver Jésus devenu trop divin.
Retrouver l’ homme de son temps, << Jésus >> , démystifié, désacralisé, dé-déifié,
Le Jésus Homme Simple comme nous,
A la portée d’Amour de toutes et de tous en modèle d’humanité,
Ce Jésus nous invite à puiser en nous la source d’Amour qu’il a appelé << PÈRE>>,
Non pour écraser l’homme par un pouvoir patriarcal et ancestral
Mais pour libérer son cœur.
Un cœurs emprisonné dans des images et dans des représentations fausses de Dieu.
Un Dieu qui peut être identifié comme la source de tout Amour. »
Amen
Notre manière de Prier révèle notre conception de Dieu.
Prier n’est pas écrire une lettre au Père Noël, c’est rejoindre la vie des autres !
Prier n’est pas être centré sur soi, mais pratiquer l’ouverture à l’altérité, à l’inconnu, l’inimaginable , à l’espérance !
Il y a un temps, dans la prière pour déposer nos incompréhensions, nos interrogations, nos doutes, nos désirs, nos rencontres. Ce temps ne doit pas figer le monde dans un état passé c’est-à-dire “dépassé”, ni empêcher l’évolution de son cheminement propre.
Dieu a tellement souffert des images que les uns et les autres se sont évertués à lui coller sur le dos . C’est le danger dans nos prières de tomber dans un processus d’idolâtrie , qui confond l’image avec la réalité.
La prière n’a pas forcément besoin de mots pour atteindre celui qui proclame “ Je suis le chemin, la vérité, la vie ” .
Des formules redondantes et creuses font d’autant plus illusions qu’elles sont introduites voire encouragées par des liturgies immuables , ânonnées par des clercs habilités par la communauté.
La prière prolonge un travail sur la conscience humaine ( Nous retrouvons là l’expression citée par Robert de Sorbon ) , travail intérieur qui ouvre à l’être différent . Elle développe son défilement réfléchi, sa respiration non pas ” pour autrui “, mais en ” présence d’autrui ” .
Ne doit-elle pas pratiquer le “lâcher prise” dans cet univers qui m’environne et pèse sur moi. . . Un univers toujours en mouvement , où c’est le Christ lui-même qui m’attend, délivré de toutes obligations matérielles dans une totale liberté de discernement !
C’est maintenant pour moi le temps d’implorer votre patience et surtout votre bienveillance pour vous asséner une autre vérité qui donne à la Prière une telle réalité :
Les prières de nos communautés chrétiennes respectent en général une déclinaison en 4 temps forts qui alternent des phases de supplications, de lamentations, de pardon, d’action de grâce, de profession de foi , à savoir :
La prière de louange
La prière de demande
La prière d’intercession
La prière contemplative
Parmi ces dernières, il y a la prière de demande inacceptable, celle qui déconsidère le christianisme ;
C’est la prière qui donne une représentation d’un Dieu tourné vers la toute-puissance , l’image d’un Roi distributeur de faveurs, détenteur d’un monopole, celui de l’amour sélectif, capable de répandre ses largesses à demande, comme s’il était sourd et distrait .
Ce type de prière de demande ne fait que prendre acte de la démission du chrétien face aux appels de la Parole et des évangiles.
Quand il est demandé à Dieu d’apporter le réconfort aux souffrants :
n’est-ce pas nous en priorité qui sommes en devoir de le faire ?
Quand il est demandé à Dieu de créer les conditions de paix entre les peuples et les nations :
N’est-ce pas nous qui sommes en priorité en devoir de le faire ?
Quand il est demandé de créer les conditions pour que les gens mangent à leur fin :
Le priant s’en remet-il à son Dieu pour que ce dernier agisse directement de façon appropriée auprès du nécessiteux, . . .
ou bien est-ce au priant de se lever pour nourrir son prochain et mettre en œuvre un programme d’aide alimentaire ?
Dieu n’a pas besoin des prières pour être présent aux hommes et à leur besoin.
Ce ne sont pas ceux qui crient « Seigneur ! Seigneur ! . . . « qui entreront dans le royaume , mais ceux qui font la volonté du Père.
Rappelons-nous ce que dit Paul aux Romains ch 8. V 26 & 27 :
“De même aussi l’esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables : et celui qui sonde les cœurs connait quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints.”
Écoutons ce parcours du chrétien en recherche:
« Après avoir souffert dans ma peau, ma chair, mon cœur et mon esprit
D’un dieu-père patriarche céleste,
Relayé sur cette terre par des hiérarchies religieuses assermentées et donneuses de leçons,
Après avoir médité, seul, silencieux ou en communauté de foi
Après avoir beaucoup douté, espéré, lu, écouté, cherché,
Je suis passé par un temps de déconstruction assez radicale de dieu et des religions,
Je suis devenu athée au dieu-tout puissant des religions chrétiennes
Jusqu’à ce que des hommes de foi et d’ouverture viennent me révéler un dieu-autrement
Comme l’énergie d’amour.
Libéré des dogmes, libéré des rites , libéré des clercs, le soleil a de nouveau brillé en mon cœur,
Je suis redevenu vivant , autonome dans l’expression de foi, émerveillé par la beauté de la nature ,
des personnes, de l’univers, de la vie, des relations. «
Que la Grâce t’accompagne au fil des rencontres !”
” CELUI QUI PRIE VRAIMENT NE SAIT PAS QU’IL PRIE “ ( ISAAC LE SYRIEN )
Est-ce le cas du pasteur Dietrich Bonhoeffer dont la lettre envoyée à sa fiancée depuis sa cellule d’un camp de concentration en Allemagne, est un modèle de prière ouverte, généreuse , consolante?
Prions
Oh fidèle et silencieuse présence de puissances bienveillantes, qui merveilleusement protègent et consolent,
c’est en elle que je veux vivre ces jours en votre compagnie et entrer avec vous dans une année nouvelle.
Oh merveilleux secours de puissances bienveillantes, en lequel nous attendons, confiants, ce qui adviendra.
Dieu est avec nous au soir et au matin, et très certainement à chaque nouveau jour.
Nos cœurs peinent encore sous un joug ancien, pèse sur nous le fardeau des mauvais jours,
Ah Seigneur, donne à nos âmes effrayées le salut pour lequel Tu nous as créés.
Et si Tu nous tends le lourd calice, l’amer calice de la souffrance, rempli jusqu’au bord,
nous le recevrons, reconnaissants, sans trembler, de ta main bonne et aimée.
Mais Tu veux nous réjouir encore une fois à ce monde et à l’éclat de son soleil,
et nous voulons nous ressouvenir du passé , pour T’offrir toute entière notre vie.
Fais s’élever aujourd’hui la flamme chaude et claire que Tu as apportée dans nos ténèbres,
fais-nous nous rencontrer à nouveau, si cela peut être.
Nous le savons, ta lumière brille dans la nuit.
Lorsque fond sur nous le profond silence , fais nous entendre ce plein accord du monde,
qui invisible s’élève autour de nous, le chant de louange de tous tes enfants.
Amen
“Von guten Mächten”. Dietrich Bonhoeffer, 19 décembre 1944.
Lettre à sa fiancée Maria von Wedemayer, depuis le camp de concentration de Flossenbürg.
PRIER. . . MÉDITER . . . ESPÉRER . . . CROIRE . . . BÉNIR . . . PARDONNER . . . RENDRE GRÂCE . . .
TÉMOIGNER . . . FAIRE SILENCE . . .
Amen
Dimanche 13 juillet 2025
10h30 Culte avec Cène
présidé par le pasteur Hervé Gantz
et
Baptême de Malia Marie-Louise BAKOLY GUEGAN