Culte du dimanche 23 février 2025
Textes
1 Samuel 26. 2-23
1 Corinthiens 15. 45-49
Luc 6. 27-38
45 C’est pourquoi il est écrit : Le premier homme,Adam, devint un être vivant, naturel. Le dernier Adam, lui, est devenu un esprit qui fait vivre. 46 Ce n’est pas le spirituel qui est premier, c’est le naturel ; le spirituel vient ensuite. 47 Le premier homme, tiré de la terre, est fait de poussière. Le deuxième homme vient du ciel. 48 Tel est celui qui est fait de poussière, tels sont aussi ceux qui sont faits de poussière ; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. 49 Et de même que nous avons porté l’image de celui qui est fait de poussière, nous porterons aussi l’image du céleste.
Prédication
Alain Quillet
Vous ne vous en doutiez pas mais nous sommes des animaux ! Darwin pourtant aurait pu vous éclairer là-dessus… mais déjà le premier chapitre de notre Bible, qui ne consacre pas à l’être humain un jour entier de la Création, mais le lui fait partager avec les autres animaux terrestres. Nous sommes des animaux, car nous sommes des « âmes vivantes », ainsi disent aussi bien la Genèse que notre texte. si vous préférez ne pas dire « des animaux » nouis pouvons nous dire simplement « des être animés » du latin anima, l’âme, !
Objets inanimés avez-vous donc une âme ?
Nous procédons de la nature. D’habitude, on oppose nature et humanité, pour accuser l’humanité, c’est-à-dire vous et moi, d’abîmer ladite nature. Curieusement, on opposait jadis nature et culture, pour nous accuser de ne pas vivre naturellement… Etrange retournement, je ne vais pourtant pas vous proposer de « retourner à la nature », bien que nous en fassions partie : ce n’est pas le sujet de notre texte. Pour nous y retrouver, prenons donc en compte la vocation particulière que Dieu nous a adressée dès la Genèse Ch 1 v.27 et 28 : « Dieu créa l’homme à son image …. mâle et femelle il les créa. Il les bénit et leur dit : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. ».
Parfois nous entendons dire que nos animaux domestiques nous ressemblent – ce qui serait normal, puisque c’est nous qui les domestiquons – mais aussi les animaux sauvages : singes, lions, éléphants, ou tout ce que vous voulez comme grosses bêtes. Mais en fait, c’est nous qui leur ressemblons : nous sommes comme eux. D’ailleurs, il n’est pas question seulement de mimiques ou de comportements rigolos ! Nous avons les mêmes qualités, mais aussi les mêmes défauts. Ce que les scientifiques appellent l’instinct de conservation : instinct de conservation de l’individu (moi et les miens et ce qui m’appartient) et instinct de conservation de l’espèce (reproduction et solidarité – mais je ne défends bien les autres que lorsque j’ai peur pour moi du même danger qui les menace). La culture, ou l’éducation, ou le fait d’être doués de parole et de la capacité à prendre de la distance, voilà qui nous a libérés de la prison de ces deux instincts, au point de constater parfois – surtout chez les autres, bien sûr ! – des comportements aberrants, suicidaires par exemple. Le progrès de l’humanité s’accompagne forcément du progrès de sa bêtise, mais ce n’est pas une raison pour ne pas progresser et se libérer, n’est-ce pas… Problème : malgré mon instinct de conservation et malgré les techniques actuelles de la science, je vais mourir ! Nous tous d’ailleurs. Cela nous chagrine mais nous savons que l’être humain est fini, cela fait partie de sa condition naturelle, et la durée de sa vie est finie, même si elle augmente avec la science, l’hygiène, le confort et la paix… Mais à ce jour, personne n’a dépassé Moïse, 120 ans, ! Oui, notre vie aura un terme, comme celle des gens que nous avons aimés. Notre âme, notre personne, va s’éteindre, plus aucun souffle ne la ranimera . L’immortalité de l’âme et les fantômes (c’est à dire des êtres intemporels, parfois présentés comme éternels) sont des constructions de notre imagination face à notre peur de la mort. Vous allez me dire : rien de chrétien là-dedans ! Et vous aurez raison.
Pourtant, Vous avez bien entendu l’apôtre Paul nous parler d’autre chose, tout comme dans certains textes de Jean , tel l’entretien de Jésus avec Nicodème (Jean 3 v. 3 à è ), dans le dialogue de Jésus et Nicodème où il est question de « naître de nouveau », de « naître d’en-haut ». Je cite « En vérité, en vérité je te le dis, à moins de naître de nouveau, nul ne peut entrer au Royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme pourrait-il naître s’il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le ventre de sa mère et naître ? Jésus lui répondit : En vérité en vérité je te le dis: nul, s’il ne naît d’eau et d’esprit ne peut entrer dans le Royaume. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Je t’étonne pas si je t’ai dit : Il vous faut naître d’en haut ». »
Notez bien au passage la notion de naître d’eau, je vous en parlais déjà il y a deux semaines à propos de la pêche dite miraculeuse et je vous parlais notamment de l’eau du baptème.
Paul ne dit pas autre chose quand il distingue le corps animal du corps spirituel. Voilà la question des Corinthiens, qui est aussi la nôtre ! Eh bien, Paul nous parle d’un autre Adam, d’une autre origine que notre origine naturelle, d’une origine céleste. Il nous parle d’un souffle vivifiant. Mais non pas du simple souffle qui permet que nous respirions et que notre âme vive dans un corps qui tienne à peu près le choc ! Ça c’est la nature, ou bien la science quand le souffle est artificiel. Rien de ceci dans le « dernier Adam » – dernier « car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les humains, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4 / 12).
Ce souffle inconnu par la nature comme par la science n’est pas celui de la Création, mais celui de la Rédemption, du salut. C’est de ce souffle que vient le règne de Dieu ! C’est-à-dire que ce souffle nous fera vivre bien autrement que le souffle par lequel nous respirons aujourd’hui. Jérémie et Jean utilisent une autre image, celle de la source d’eau vive (Jérémie 2 / 13 ; 17 / 13 ; Jean 4 / 14 ; Apocalypse 2 / 6). Le sens est le même : la vie donnée par ce souffle nouveau sera pérenne, rien ne la ternira ni ne la détruira. Une vie à proprement parler surnaturelle. Bon, j’entends déjà – pas ici, bien sûr – ceux qui voudront avoir une telle vie, et voudront l’acheter, par argent, pouvoir ou sacrifices, par toutes sortes de moyens. Mais ça ne se peut pas, tant pis pour eux… Car si cette vie naturelle nous a été donnée par Dieu gratuitement, car c’est lui qui a été ressuscité, même si MarieMadeleine a eu de la peine à le reconnaître (Jean 20 / 14-15) et ses disciples hommes à ne pas voir en lui un fantôme (Luc 24 / 37)… De la même manière, la résurrection qui nous est promise avec ce « souffle vivifiant », c’est bien la nôtre : nous serons encore nous-mêmes, mais autrement. Il fallait donc bien que nous soyons d’abord nous, avant d’être nous autrement. Or cet autrement sera à l’image du nouvel Adam, à l’image du « premier-né d’un grand nombre de frères » (Romains 8 / 29), le Christ. À son image, pas lui ! Rêveriez-vous de devenir des dieux ? En Christ, en lui seulement, mais en lui pleinement, nous sommes enfants de Dieu (cf.Romains 8 / 16) !
Cela ne fait pas de nous des gens supérieurs, mais bien des hommes et des femmes nouveaux, renouvelés, respirant un autre esprit que celui qui emplit nos poumons. Car dès
maintenant, cette nouvelle nature, dont notre baptême témoigne d’une manière unique, peut changer notre existence. Elle ne remplace pas dès maintenant l’ancienne, qui doit
mourir un jour. Mais elle s’y rajoute. Car il est vrai que « nous portons l’image du céleste » par-dessus celle du « terrestre ». Par-dessus, ou bien par-dessous ? « Chassez le naturel, il revient au galop ! » L’important, c’est que cette « image » du Christ travaille en nous, et c’est bien l’œuvre de l’Esprit saint !
Car alors, cette image peut parfois être visible. Pour qui, pour quoi ?
Trois réponses, bien sûr – vous vous y attendiez peut-être…
D’abord pour moi. Lorsque je me regarde dans ma glace – ou dans mon psy ! – c’est ma vieille nature que je vois, c’est Adam, l’ancien. Et si je suis honnête, ou à peu près équilibré, ça ne me plaît pas forcément… Alors, pour relancer mon espérance, j’ai besoin d’apercevoir aussi l’autre image que je porte, et c’est l’Esprit qui me le fait voir. Comment ? Lorsque je lis la Bible. À travers elle, il me rassure, et il me montre aussi ce qui a changé, change et peut changer dans mon existence concrète, en moi. La Bible ne sert pas à connaître le passé, ça vous le savez. Elle me sert à me connaître, à la fois dans ma nature humaine, à travers la Loi, et dans ma nouvelle nature, à travers l’Évangile.
Et puis cette image de l’Adam céleste en moi, du Christ, elle est aussi visible par Dieu, c’est bien la moindre des choses ! Car c’est en Christ qu’il a fait de moi son enfant, et c’est son Fils qu’il voit en me regardant, si j’en porte l’image. Si mon ancienne nature, totalement coupée de lui, me condamnait à ses yeux, la nouvelle me revêt de son pardon et de sa grâce, depuis mon baptême, et qu’il me réaffirme sans cesse dans la sainte cène en renouvelant en moi cette nouvelle nature, en la nourrissant de son Fils mort et ressuscité
pour moi. Car si le pain nourrit mon corps actuel, quoiqu’en bien petite part, son Fils, « esprit vivifiant », nourrit mon corps futur afin de le faire advenir.
Enfin, cette image devient visible aux autres ! Quand, par le Saint Esprit, la gratuité du don de Dieu pour moi se transforme en gratuité de mon attitude envers les autres, à l’image de ce que Jésus a vécu sur terre et de ce qu’il vit encore jusqu’à la fin du monde. Alors ce que le texte de Luc nous disait de sa part tout à l’heure peut devenir vécu et manifester ainsi, gratuitement, que ma nouvelle nature se soucie des autres pour eux-mêmes, sans rien y gagner pour Dieu, pour moi ou pour mon salut. Seulement pour eux. Ça s’appelle l’amour…
C’est ce que nous sommes appelés à vivre déjà, que ce soit dans le couple et la famille, au travail et dans la société, dans nos engagements et nos loisirs, etc. Mais ne demandons pas aux autres de le faire.
dimanche 2 mars 2025
10h30 Culte avec Cène
Bonne semaine!