Culte du dimanche 9 mars 2025
Textes
Deutéronome 24, 4-10
Romains 10, 8-13
Luc 4, 1-13

www.evangile-et-peinture.org, bernalopez.org
1Jésus, rempli de l’Esprit saint, revint du Jourdain et fut conduit par l’Esprit dans le désert. 2Il y fut mis à l’épreuve par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là et, quand ils furent passés, il eut faim. 3Le diable lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de se changer en pain. » 4Jésus lui répondit : « L’Écriture déclare : “L’être humain ne vivra pas de pain seulement.” »
5Le diable l’emmena plus haut, lui fit voir en un instant tous les royaumes de la terre 6et lui dit : « Je te donnerai toute cette puissance et la gloire de ces royaumes : tout cela m’a été remis et je peux le donner à qui je veux. 7Si donc tu te prosternes devant moi, tout sera à toi. » 8Jésus lui répondit : « L’Écriture déclare : “Adore le Seigneur ton Dieu et ne rends de culte qu’à lui seul.” »
9Le diable le conduisit ensuite à Jérusalem, le plaça au sommet du temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ; 10car l’Écriture déclare : “Dieu ordonnera à ses anges de te garder.” 11Et encore : “Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte pas de pierre.” » 12Jésus lui répondit : « L’Écriture déclare : “Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.” » 13Après avoir achevé de tenter Jésus de toutes les manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à une autre occasion.
Prédication
Geneviève Bécheret
Cet épisode que Luc raconte nous est bien connu; 2 récits importants le précèdent:
Tout d’abord, après le baptême de Jésus, l’annonce par l’Esprit saint de sa filiation divine « Tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré ». Ensuite la généalogie de Jésus qui se termine par « fils d’Adam » ;
Voilà la carte d’identité de Jésus : elle est de double nature: Jésus est un homme comme tous les autres, fils d’Adam et en même temps, il est le fils de Dieu. Et c’est sous cette double nature que, conduit par l’Esprit Saint dans le désert, il va , pendant tout son jeun de 40 jours, être tenté par satan.
Luc nous rapporte 3 tentations que Jésus a affrontées et qui nous concernent aussi : tentation de la possession ou tentation économique, tentation du pouvoir ou tentation politique et tentation de la mise à l’épreuve de Dieu ou tentation spirituelle.
Mais avant de les approfondir, deux remarques:
La première concerne le verbe tenter : il a 2 sens:
- le 1er sens: mettre à l’épreuve, tester la résistance: Jésus est conduit par l’Esprit Saint ; c’est une mise à l’épreuve de Jésus, non pour voir s’il succombera mais pour démontrer qu’il triomphera de toutes ces épreuves.
Par exemple, lorsqu’un pont est construit, les Travaux publics mettent à l’épreuve sa solidité en faisant circuler sur le tablier, une noria de camions lourdement chargés pour voir s’il va résister, présenter des fissures ou s’effondrer.
De même Abraham : Dieu le met à l’épreuve en lui demandant de lui sacrifier son fils Isaac. Désobéir à Dieu aurait pu être une tentation pour Abraham; il en a toutes les bonnes raisons. Mais non, il fait confiance en Dieu et lui obéit en dépit de tout…et nous connaissons la suite.
- le 2ème sens est celui de séduire,: en latin seducere signifie « tirer de côté, écarter du chemin initial, mais aussi séparer ». Le diable veut détourner l’être humain du chemin de la vérité, il veut l’ empêcher d’être suffisamment libre pour juger par lui-même et exercer son discernement afin de résister à la tentation du mal.– « Je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas » dit Paul dans (Rm 7, 19) Et c’est ce que Satan essaie de faire auprès de Jésus.
Ma deuxième remarque porte sur Satan: tout au long de ce récit, il reconnait la filiation divine de Jésus: le « Si tu es le fils de Dieu », n’est pas un conditionnel ni une insinuation; c’est un constat, une affirmation que l’on peut entendre par « puisque tu es le fils de Dieu ».
Maintenant voyons comment Satan s’y est pris pour essayer de séduire Jésus? Est-ce que nous vivons ces mêmes tentations?
Durant la première tentation, le diable intervient au moment où le corps de Jésus est fragilisé par ses 40 jours de jeun: j’ai lu que la durée de 40 jours de jeun est la limite à ne pas dépasser sans mettre sa vie en danger pour une personne en bonne santé. Le diable s’adresse à l’homme Jésus et joue sur sa faim, sur son besoin vital de manger. Il le pousse à démontrer sa puissance divine pour la satisfaction de son bien-être: C’est la perversion d un besoin légitime en un désir qui ne pourra jamais être comblé. C’est la glorification de la consommation effrénée, du matérialisme où toutes les demandes sont légitimes, où toutes les pulsions consommatrices ou sexuelles sont irrépressibles et doivent être satisfaites.
Et nous, ne sommes nous pas tentés par une consommation à tout va pour combler un vide existentiel? est-ce que nous n’utilisons pas les autres pour combler notre manque?
Lors de la seconde tentation, Satan essaie de séduire Jésus en lui proposant d’être à la tête d’un grand royaume, mais à une condition, celle de rester son esclave, de faire allégeance. Satan en demandant à Jésus de se prosterner, veut prendre la place de Dieu. Ainsi, Jésus deviendrait un roi puissant au grand pouvoir politique mais serait le vassal du diable.
De plus, Satan attaque Jésus dans vocation messianique: le peuple juif attend un roi pour bouter les Romains; c’est ce qui sera écrit sur la croix par les pouvoirs en place : « Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs » .
Et nous, ne cédons-nous pas à la tentation de l’idolâtrie? aux sirènes du pouvoir avec la gloire qui va avec? Etre le meilleur, le premier, le plus fort, savoir jouer des coudes quitte à marcher sur les autres, dominer pour mieux asservir en pensant que la fin justifie les moyens, nous savons que le monde est mené par cette course. Faisons-nous allégeance aux veaux d’or de notre époque?
Enfin, durant la troisième tentation, le diviseur, dit à Jésus: « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ! »; c’est un verset que l’on retrouve dans le psaume 91..remarquons que Satan connait les Ecritures……ce verset nous renvoie à l’agonie finale de Jésus et au« Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix et sauve-toi » (Mt 27.40), la tentation ultime . Cette demande d’exploit spectaculaire a pour but de mettre Dieu à l’épreuve, de pervertir la relation que Jésus entretient avec son Père et de la détruire. Mais n’est ce pas là la définition du péché?
N’est-ce pas ce que nous vivons lorsque nous essayons de forcer le destin à nous donner raison en voulant dicter à Dieu sa conduite vis à vis de nous? en voulant l’asservir à nos besoins?
Alors, comment Jésus a t il réagi à ces 3 tentations?
Tout d’abord, Jésus ne répond jamais directement à Satan. JAMAIS Il ne dialogue ni n’argumente. Il n’est ni dans la négociation ni le compromis. A chaque demande du diable, il fait appel aux versets de l’ Ancien Testament qui font mouche puisque Satan le quitte jusqu’au moment où Jésus vivra sa Passion.
A la première provocation, Jésus répond « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra »
Jésus aurait pu transformer la pierre en pain; il a bien par la suite donné à manger à la foule à partir de quelques pains, transformé de l’eau en vin: mais ces miracles ont été faits dans le cadre de sa mission; il les a faits pour les autres; cette puissance , il ne l’a jamais utilisée pour lui mais pour ceux qui en avaient besoin.
Ensuite, le péché n’est pas dans l’action d’apaiser sa faim mais réside dans le moyen d’obtenir cette nourriture. Les disciples, affamés, ont bien glané quelques épis pendant le sabbat, fait pour l’homme selon Jésus: ce n’était pas une faute contrairement à ce que disaient les pharisiens.
Enfin, ce pain dont nous parle Jésus a 3 sens:
– tout d’abord il est le pain que Jésus nous apprend à demander dans le Notre Père « donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour »; il nous enseigne à vivre dans la sobriété quotidienne et à aimer du vrai amour qui comble toutes les faims autres que vitales. Jésus nous dit dans Matthieu 6: « Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, …. ».
– Ensuite, Il est le pain de sa Parole « qui sort de la bouche de Dieu », et que nous recevons en lisant la Bible,
– Enfin, Il est ce « Pain de Vie » que Jésus nous donne lorsqu’il dit après avoir béni le pain « ceci est mon corps ». C’est une nourriture spirituelle.
A la deuxième tentation, Jésus répond: » tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c’est à lui seul que tu rendras un culte ».
Non seulement Jésus refuse toute compromission avec le pouvoir, mais il proclame que Dieu est aussi le Seigneur de Satan. Jésus n’est pas orgueilleux; la tentation de faire « mousser » Jésus par la flatterie ne prend pas . Jésus n’a jamais voulu être roi; Son entrée à Jérusalem sur un âne est bien à l’opposé de ce que ferait un roi, un potentat. Toute sa vie pendant les 3 ans de sa mission prouve qu’il n’est pas venu pour être servi mais pour se mettre au service de tous . Il a pleinement vécu toutes les béatitudes et les deux commandements: Aimer Dieu et son prochain.
A la 3ème tentation, Jésus répond « Tu ne mettras pas Dieu à l’épreuve ».
Jésus fait confiance en Dieu, son Père, dans le désert et jusqu’au moment de sa mort : il n’a pas besoin de descendre de la croix pour éprouver la vérité de ce que son Père a dit. Il ne peut pas couper ce lien avec la voix qui lui a dit « Tu es mon fils, moi, je t’ai engendré ».
Heureux sommes-nous de savoir que Jésus, avant d’entamer sa vie publique, a vécu ces tentations, qu’il a été confronté à lui-même et a ainsi révélé son humanité: Il est notre Pain de Vie, venu pour combler le vide que nous éprouvons quelquefois. Il nous montre comment résister malgré notre faiblesse et notre impuissance bien humaines en nous laissant toute une gamme de béquilles spirituelles:
Se laisser guider par l’Esprit Saint, lire la Bible, prier en lui demandant de ne pas entrer en tentation, vivre selon les Béatitudes et croire en l’amour de Dieu, toujours , malgré nos égarements ou nos chutes . C’est ce que nous pouvons faire du mieux possible avec les talents qui nous ont été donnés. Le résultat ensuite n’appartient qu’à Dieu.
Aussi comme l’écrit Jacques dans en 1,13 « que nul quand il est tenté, ne dise: ma tentation vient de Dieu, car Dieu ne peut être tenté et faire le mal et ne tente personne ».
A Dieu seul soient le règne , la puissance et la gloire!
Amen