Culte du 11 février 2024
Textes
Lévitique 13.1-2,45-46
1 Corinthiens10.31–11.1
Marc 1.40-45
40 Un lépreux vient à lui et, se mettant à genoux, il le supplie : Si tu le veux, tu peux me rendre pur.
41 Emu, il tendit la main, le toucha et dit : Je le veux, sois pur.
42 Aussitôt la lèpre le quitta ; il était pur.
43 Jésus, s’emportant contre lui, le chassa aussitôt
44 en disant : Garde-toi de rien dire à personne, mais va te montrer au prêtre, et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour eux un témoignage.
Prédication
G.Bécheret
Le 16 mars 2020, la décision d’un premier confinement au niveau national est annoncée.
Nous en connaissons les conséquences:
des malades à l’hôpital et des personnes âgées en EHPAD n’ont pu recevoir de visites de leurs familles. D’autres ont subi la quarantaine quand ils étaient atteints du COVID.
Nous avons tous à des degrés divers vécu l’éloignement, l’exclusion, la solitude et pour beaucoup, la peur de la contamination.
La maladie fait peur car elle nous renvoie à notre propre fragilité. Mais elle peut aussi révéler notre volonté de vivre et les moyens d’y accéder.!
Dans ce texte de l’évangile, il est question de la lèpre: c’est une maladie qui existe encore de nos jours malheureusement mais qui est guérissable.
Pour la société israélite du temps de Jésus, c’est LA maladie par excellence qui transforme un être humain en un paria, qui le défigure et ronge son corps. Il n’est pas beau, le lépreux, Personne n’ose le regarder, ni le toucher!; il est repoussant! Voilà ce qu’en dit l’Ancien Testament:
Dans le Lévitique chapitre 13, les versets 1 et 2, il est écrit:
1- Le SEIGNEUR dit à Moïse et à Aaron: 2 Lorsque quelqu’un a sur la peau une tumeur, une dartre ou une tache luisante qui devient un cas de « lèpre », on l’amènera à Aaron, le prêtre, ou à l’un de ses fils »…
Puis aux versets 45 et 46: Le « lépreux » atteint par le mal aura les vêtements déchirés et les cheveux défaits; il se couvrira la moustache et criera :Impur!, Impur!. Aussi longtemps que le mal sera sur lui, il sera impur. Etant impur, il habitera seul; son lieu d’habitation sera hors du camps.
La lèpre est contagieuse; elle rend impur celui qui en est atteint mais aussi celui qui touche le malade et elle l’isole physiquement de la société.
Pour les juifs la lèpre n’est pas seulement LA maladie mais aussi la conséquence du péché de l’homme qui aurait été maudit par Dieu et ainsi châtié par Lui. Un texte ancien de la Midrash énumère les causes en dénombrant 7 raisons à savoir:
la calomnie, le meurtre, les vœux prononcés à la légère, le vol, l’inceste, l’arrogance et la simonie c’est-à-dire, la vente des biens spirituels.
Le mot lèpre en grec et en hébreux Tsara’ath veut dire user, abîmer,détruire. C’est vraiment plus qu’une maladie; Elle rappelle tout le mal de l’homme coupé de Dieu et coupé de ses semblables.
C’est donc une triple peine qu’un lépreux subit !
peine de la maladie : aucun espoir de guérison! (à cette époque)
peine de la société : contact interdit !
peine de la religion qui l’écrase par sa loi et ne lui apporte aucun secours.
Le lépreux du texte, il en est question à la fin du premier chapitre de l’évangile de Marc. Jésus commence sa mission et se constitue une équipe de compagnons, il va dans les synagogues et enseigne que le Règne de Dieu est proche. Il le manifeste par des signes de guérison.
D’où vient ce lépreux? certainement des alentours de la ville puisqu’il en est exclu. ” Ce mort-vivant au vêtement déchiré, aux cheveux défaits va vers Jésus, il ose se démarquer et au lieu de dire « impur! impur! » comme le recommande la loi juive, il s’approche de Jésus pour chercher un éventuel salut.
Tout va si vite que personne ne peut le retenir ni l’empêcher de s’approcher ;
« Si tu le veux, tu peux me purifier » dit il. voilà! il l’a dit d’une traite comme s’il avait préparé cette phrase depuis longtemps.
Ce si dans l’expression « si tu le veux » traduit l’acceptation d’une non-satisfaction de la demande, mais en même temps l’espérance d’être purifié et une grande foi; ” Ce « si »laisse aussi à Jésus la liberté de refuser cette guérison.
Mais Jésus est saisi de compassion; une compassion active qui se manifeste par le contact; Jésus aurait pu seulement parler au lépreux et le guérir ; Mais non! Jésus enfreint aussi la loi qui sépare les purs des impurs. Tout comme le doigt de Dieu tourner vers Adam que l’on admire dans la fresque de la Chapelle Sixtine à Rome, Jésus tend la main et touche le malade et il dit:”
« je le veux, sois purifié »
Par ce geste, il lève un tabou en montrant qu’il ne redoute pas la contagion- car qui touche un lépreux , un être impur, devient impur à son tour; ll témoigne ainsi son amour à celui que tous fuient avec horreur. Il ose toucher le lépreux au nom de cette Vie qu’il porte en lui et qu’il est venue donner de la part de Dieu, à l’encontre de toutes les conventions et des lois religieuses de son époque.”
Il est le donateur de la Vie; il vivifie.
Le lépreux passe donc de la mort à la vie, de l’exclusion à l’inclusion et à la reconnaissance de sa place dans la société humaine et religieuse,. Il est blanchi et purifié tant sur son corps que dans son âme; c’est une renaissance, une résurrection pour lui car Jésus lui donne la vie et le salut.
Si le lépreux retrouve la santé selon l’origine latine du mot salut, il est aussi sauvé par sa foi. Il a eu confiance en Jésus.
Car lui qui était hors la ville, hors la société, qui était coupé de toutes les relations avec sa famille, qui ne recevait aucune aide des religieux, quelle force l’a poussé à passer outre les interdits, à parler avec un autre qu’un lépreux?
Combien était grand son désir de vivre et de quitter sa condition de vie misérable!
Combien était important son besoin, d’être considéré par les autorités comme un homme pur afin de pouvoir vivre comme n’importe quel quidam de son époque dans la société!
Quelle audace et quel courage lui a t il fallu pour dépasser sa peur, le dégoût qu’il ressent de son corps et qu’il inspire et oser demander à Jésus d’être purifié?
Oui, il ose au risque d’être chassé ou de recevoir une réponse négative. Entre la vie et la loi, le lépreux n’a pas tergiversé. Il choisit la Vie. il y a des risques qui méritent d’être pris, surtout lorsqu’au bout, il y a une libération et une vie en plénitude.
Jésus quant à lui, est saisi de compassion, c’est à dire saisi aux tripes. Il ose toucher le lépreux; Ce geste n’est pas de la magie, ni une approche d’un thérapeute, ni celle d’un médecin, ou d’un guérisseur; Jésus aime et il est le prochain qui se penche sur le miséreux.:Il se charge librement de la lèpre; »je le veux » elle passe sur lui. Il dit au lépreux : « sois purifié », il ne dit pas: « je te purifie ».Jésus offre sa propre vitalité au lépreux mais en retour lui demande d’être acteur de sa purification. En lui donnant la vie, Jésus lui permet de transformer son existence.
Pour le lépreux, ce miracle est une si bonne nouvelle qu’il ne va pas faire constater les signes de sa pureté retrouvée par un prêtre comme le lui demande Jésus et qu’il devient à son tour un missionnaire en propageant la bonne nouvelle. Par amour, Il a reçu la vie et il veut la partager, même si ce n’est pas ce que Jésus attend de lui. Mais la liberté de l’ex-lépreux commence là. Il vit sa vie enfin.
Pour Jésus, ce miracle est une annonce, une anticipation de sa résurrection.
Que veut dire ce texte pour nous aujourd’hui?
Ma première réflexion porte sur les exclus de notre société
nous en côtoyons quotidiennement:
ceux que la société classe selon leur âge, leur appartenance sociale ou religieuse, leur pouvoir d’achat, leur éducation, leur logement, leur couleur de peau , la mode, la religion et la nationalité: on les appèle SDF, marginaux, demandeurs d’asile, chômeurs, illettrés, etc..
Pour la majorité, ils n’ont pas choisi de vivre ainsi: ils ont un grand désir d’être reconnus et intégrés dans notre société. Comment les accompagner dans leur besoin et leur désir?
Nous croyons que Dieu, par son amour, peut transformer notre existence et notamment celle de ceux qui sont en situation d’exclusion.
Nous avons un modèle: Jésus et nous avons son testament :aimer Dieu et son prochain comme soi-même: un beau carnet de route qu’il nous laisse;
il a donc besoin de nous pour perpétuer ses gestes de compassion active avec ceux que la société met à l’écart, pour les remettre debout, les défendre et leur permettre de vivre dignement. Nous sommes sa voix, nous sommes ses mains, malgré le risque d’être incompris, ou rejeté.
Vous connaissez tous et peut-être vous en faites partie, les Associations telles que la CIMADE, L’ACAT, SOLIDAIRE EN BEAUJOLAIS: leurs membres défendent les droits des demandeurs d’asile ou hébergent dans des appartements des familles souvent à la rue; d’autres d’une façon moins officielle rendent visite à des résidents des EHPAD ; accompagnent des malades en fin de vie, aident des écoliers et des lycéens dans leurs devoirs, rencontrent des prisonniers….L ‘amour qui donne les fait vivre et fait vivre ceux à qui il est donné.
Deuxième réflexion
Est-ce que, lorsque tout va mal dans notre vie tant physiquement que spirituellement, quand le moral est au plus bas, quand on est dans « le trou » et que c’est le silence radio avec Jésus , est-ce que comme le lépreux,nous osons nous tourner vers lui même si nous traversons la souffrance, les doutes, la peur? Je vous laisse répondre chacun en vous-mêmes à cette question.
Mais à celle-ci: Est-ce que nous croyons que Dieu veut que nous vivions?
A cette question, Dieu, au travers de Jésus Christ, nous répond sans aucune restriction et sûrement: OUI;
Oui Dieu veut la vie pour nous; il nous la donne en plénitude et avec amour par son Fils Jésus et avec l’aide de l’Esprit saint. C’est que dit le chapitre 30 du Deutéronome : « Je mets devant toi le bonheur et le malheur, la vie et la mort. Choisis la vie pour vivre. » Etre vivant, ce n’est pas toujours être heureux, cela signifie une existence dense, présente, active. Etre vivant avec Dieu, c’est nécessairement être heureux, mais pas forcément au sens du bien-être.
je crois que l’on peut vivre un bonheur très profond, même quand la vie est difficile. On peut aussi vivre dans le bien-être, mais de manière terne.
Discerner ne consiste pas toujours à choisir entre un mal et un bien comme le lépreux, mais le plus souvent à choisir, entre deux biens, celui qui me convient le mieux et fait en sorte que mon désir de vie arrive à émerger, ce qui est le désir de Dieu.
Ce désir ne trace pas un destin, il me fait poser des choix, en cohérence avec qui je suis. Ces choix sont multiples, et le désir de Dieu peut donc être multiple. Il n’y a pas de chemin prédéterminé que nous devrions emprunter. Il s’agit de devenir vivant et libre, et il y a de multiples manières d’y parvenir.
Dieu nous demande donc de vivre pleinement et librement chaque moment, d’oser prendre le risque de faire fructifier notre potentiel d’humanité sans savoir jusqu’où le chemin emprunté nous conduira,.A nous de trouver la manière originale de faire fructifier nos dons pour les mettre à la disposition de nos frères et soeurs.
Croyons que l’Amour de Dieu transforme la vie de tous celles et ceux qui sont en situation d’exclusion en une vie précieuse et digne.
Et osons dire » Jésus, si tu le veux , tu peux me purifier »
et Jésus répondra: » Je le veux, sois purifié » et je rajouterai: « Choisis la Vie pour que tu vives, »
Amen
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18 février
10h30 Culte
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RAPPEL
10 mars
10h Culte
10h30 Assemblée Générale
et Renouvellement du Conseil Presbytéral
B o n n e s e m a i n e !