Culte du 28 janvier 2024
Textes
Deutéronome 18. 15-20
1 Corinthiens 7. 32-35
Marc.1 21-28
21 Ils entrent dans Capharnaüm. S’étant rendu à la synagogue le jour du sabbat, il se mit à enseigner.
22 Ils étaient ébahis de son enseignement ; car il enseignait comme quelqu’un qui a de l’autorité, et non pas comme les scribes.
25 Jésus le rabroua, en disant : Tais-toi et sors de cet homme.
26 L’esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en poussant un grand cri.
27 Tous furent effrayés ; ils débattaient entre eux : Qu’est-ce donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent !
Prédication
P. Bécheret
La formation à la prédication à laquelle je me suis prêté il y a un an insiste sur l’absolue nécessité pour le prédicateur de concentrer l’attention de l’assemblée sur un seul thème , en évitant toute paraphrase.
Or les passages de l’Évangile de MARC proposés aujourd’hui à notre lecture crépitent de thèmes différents.
Les 7 versets précédant la lecture du passage de ce dimanche , nous présentent un Jésus en train de constituer sa petite équipe. Il ne perd pas de temps. . .
Le texte du jour est court. Il doit pouvoir répondre à la recommandation de mes professeurs prêcheurs : se fixer sur une seule idée, un seul objectif pour mieux rendre compréhensible la signification de l’épisode d’un évènement accompli il y a deux mille ans.
Je me heurte à la caractéristique de l’écriture de l’Évangile de Marc, à savoir la densité des thèmes abordés et leur concision en un minimum d’expressions.
Marc éjecte son lecteur sur de multiples trajectoires évoquant des facettes différentes de la personnalité de Jésus et de son sillage dans les mentalités de l’époque. L’univers des synagogues à cette époque , la folie d’hommes habités par le Malin, l’exorcisme pratiqué par Jésus . . .
Revenons au texte :
Je suis frappé par la force tranquille qui tout à coup émane de la personne de Jésus. Cette assurance capte l’attention de l’assemblée à la prise de parole par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm :
Comment Jésus, cet homme de nulle part, sinon de Nazareth, a-t-il acquis cette maîtrise de l’explication publique ?. . . Parler en Public est rarement inné ; cela s’apprend . . . Doit-on voir là la révélation magique d’un charisme exceptionnel , divin, ou le résultat d’une transmission génétique activée par une puissance surnaturelle ?
Comment Jésus a-t-il pu hériter pour lui-même de cette autorité reconnue qui donne du poids à ses propos ? Je n’ai pas de réponse si ce n’est une suggestion chuchotée à mi-voix : un esprit créateur est à l’œuvre . . .
Cette autorité lui est immédiatement combattue : que dire de cette apparition instantanée du malin qui s’emploie avec une force qui n’a rien de la tranquillité reconnue à Jésus, à ne laisser aucun champ libre à celui qu’il appelle « fils de Dieu ! ». Cela revient à lancer contre Jésus une véritable expédition de déstabilisation , voire de disqualification pilotée par un Malin pratiquant du blasphème.
À ce moment le texte ne laisse aucun doute sur le comportement dominateur de Jésus, toujours mû de cette force tranquille que Jésus endosse en maintenant sa position sans dévier d’un iota, et plus encore , en faisant face au perturbateur, jusqu’à le réduire au silence.
L’homme Jésus est déjà, dès les premiers pas , totalement investi dans ce ministère de l’annonce d’un monde nouveau.
L’ attitude de Jésus, l’autorité dont il fait preuve tant dans ses commentaires de la Torah que dans la guérison de son contradicteur déclenche une réputation immédiate. L’Évangéliste juge cette naissance au sein de la population d’un nouveau « tribun/exorciste « suffisamment puissant pour en référer.
La rumeur s’étend à toute la Galilée . . . Si à l’époque actuelle, le « mobile « partage la vie de chacun de nos compatriotes en permettant de boucler l’information sur tous les réseaux du monde, à l’époque de l’existence du Christ, il n’y avait que le « téléphone arabe » ,pour pallier les difficultés de communication : mais avec quelle efficacité !
L’interprétation de cette première apparition publique vécue par Jésus au tout début de son ministère va enclencher toute une série d’interrogations.
Intéressons-nous aux conditions de démarrage de ce qui sera le ministère public de Jésus en Galilée : une notoriété toute nouvelle s’empare de ce « plus tout à fait jeune « traducteur de la parole.
« Et l’on entendit parler de Jésus dans toute la région de la Galilée ».
Comment apprécier l’impact sur la population locale de la réputation de Jésus qui n’avait jamais fait parler de lui auparavant ? (Sa visite au temple à 12 ans n’a été qu’un épisode sans lendemains . . . )
Qui est Jésus à ce moment-là ? Essayons de nous glisser dans la peau du personnage :
IL EST
- Un homme singulier, célibataire
- Un juif du Moyen-Orient au 1er siècle de notre ère
- Il parle l’araméen, mais pas le grec, pas le latin
- Laïc, il n’est ni scribe, ni prêtre attaché à une synagogue
- Il savait apparemment lire et prendre la parole
- Âgé de 30 ans environ, il a toujours vécu à Nazareth
Que dire de plus de l’homme « JÉSUS » sinon rappeler des simples vérités extraites des Évangiles ?
Que représentait Nazareth au 1er siècle ?
Robert Aron nous le précise :
« C’est une localité qui vit sur elle-même à l’écart : jusqu’au 4ème siècle de l’ère chrétienne, on n’y signalera pas d’infiltration grecque ou latine, alors que le reste du pays est occupé.
C’est une population très simple, campagnarde, artisanale, dont on a pu dire qu’elle était la forteresse du patriotisme juif… Être nazaréen, c’est un peu comme un personnage de Labiche, être de Landernau ou de Pontoise. C’est un brevet de rusticité et peut-être de grossièreté.
Les nazaréens dans leur façon de parler l’araméen, langue vulgaire de l’époque, ont un accent du terroir qui les fait reconnaître entre tous les autres et qui les ridiculisent : rappelons-nous ce que dira Nathanaël dans l’évangile selon Jean au ch 1 v 46, : « quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth ? »
Sur 33 ans de vie maximum, Jésus en a passé 32 à ne rien faire, sinon à faire ce qu’il avait à faire du matin au soir ». (Extrait de François Varillon, vivre le christianisme).
Il n’y avait bien entendu pas de vie religieuse à l’époque susceptible de rythmer tout au long de l’année un calendrier marqué par des épisodes chrétiens mythifiéssss d’une naissance dans une étable à Bethléem.
« Et l’on entendit parler de Jésus dans toute la région de la Galilée ». C’est la première fois qu’il se fait connaître sans manifestement l’avoir voulu, mais aussi sans s’être défilé ni décomposé dans ce premier et redoutable exercice du pouvoir de la parole
Du dernier verset du texte du jour, la question qui s’impose est liée à la rapidité et l’étendue de la réputation de Jésus comme le nouveau porte-parole d’un courant spirituel juif, . . . voire d’une promesse de libération de l’oppresseur.
On se doute dés le départ d’une urgence attachée à la signification du message évangélique.
Comment dans un tel contexte social, économique et politique , pouvait apparaître une personnalité qui allait se tailler en quelques années une réputation universelle ?
Qu’y-a-t-il de nouveau, dés le départ, dans le comportement de Jésus et dans l’écoute suscitée ?
En réponse à cette interrogation , je vous propose ces quelques suppositions :
Jésus pratique une parole vivante, assortie de commentaires concrets et de paraboles qui la désacralisent.
Il s’exprime dans des termes actuels à son époque, compréhensibles, libérés de tout carcan religieux , expurgé de toute dogmatique confessionnelle.
À son message s’attache une bienveillance, une accessibilité, une proximité et une vérité qui caractérisent le témoin , le frère qui ne se défile jamais , et ne revendique rien d’autre que cette considération d’avoir été bien écouté !
C’est là un ressenti personnel que j’ose vous livrer . L’image que vous vous faites de Jésus au tout démarrage de son ministère colle-t-elle avec ce que je viens de vous lire ?
Jacques MUSSET dans son ouvrage « Jésus pour les non-religieux « nous précise :
” L’autorité avec laquelle Jésus prend position et qui a tant frappé ses compatriotes, aussi bien ses sympathisants que ses détracteurs manifeste dans quelle proximité il se situe vis-à-vis d’une puissance qui prendra les traits d’un Seigneur et Maître, d’un Père . . .
Sa manière de s’exprimer n’a pas d’égale dans l’histoire d’Israël. “Comment s’exprime cette autorité ?
Nous savons où cette autorité a pu conduire Jésus au terme d’un cheminement dans la Palestine de l’époque qui a duré moins de deux ans, voire moins d’un an .
J’ achèverai ma recherche de l’homme JÉSUS et son autorité révélée dés le début de son ministère en rappelant cette citation qui témoignera ultérieurement de son extraordinaire implication :
“À la différence des prophètes qui font précéder leurs paroles par la formule : “Ainsi parle le Seigneur”, Jésus s’exprime à la première personne.
Il parle en – Je – sans autre référence explicite : On vous a dit et moi je vous dis. . . . Amen, amen ( << assurément, << assurément ) je vous le dis. . . . ce qui veut dire : Ce que je vous dis est d’une solidité à toute épreuve.
Jésus a eu l’audace de prendre ses distances en paroles et en actes, avec certaines affirmations de la Torah et de la Tradition des Pères, ce qui était impensable dans le milieu Juif de son temps. Il a employé résolument dés le début des mots sans équivoque , avec, je le répète, une autorité qui a surpris ses compatriotes .
Sa liberté pleinement assumée déclencha un conflit mortel entre lui et les tenants de la Loi et du Temple.
Vous connaissez la suite . . . Cette suite, c’est à vous de la partager et de lui donner du fruit !
Amen
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Rappel
dimanche 4 février 2024
10h30 CULTE
présidé par le pasteur Christian Bouzy
au cours duquel seront célébrés les baptêmes des 3 enfants de la famille Gone-Fornes
et l’accueil liturgique de Pascal Aumaitre-Tartavez
Vous êtes tous invités à partager le pot de l’amitié à la fin du culte