Atelier de Lectures Oecuménique du 23 février 2023
“Ce lien qui ne meurt jamais”
de Lytta Basset
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Présentation écrite:
Lytta Basset n’est pas une inconnue puisqu’un de ses ouvrages a fait l’objet d’une étude dans le cadre de l’Atelier: c’était ” Sainte Colère.”
1)QUI EST LYTTA BASSET?
Philosophe, théologienne protestante, elle est une militante engagée dans plusieurs associations pour le développement durable et contre la violence.
Elle est l’auteure d’une oeuvre qui ne cesse de se répandre.
Son ouvrage « Un lien qui ne meurt jamais »raconte le drame du suicide de son fils aîné Samuel et de son chemin de guérison . Il parait en septembre 2007, soit 6 ans après le décès.
2) LE LIVRE
Il est composé:
– du journal intime écrit par l’auteure, jour après jour, du 7 mai 2001 au 7 mai 2005 c’est à dire pendant 4 ans; Ce journal est édité en italique et SURTOUT écrit à la 3 ème personne comme si c’était une autre personne qu’elle-même qui parlait et écrivait. Une sorte de détachement? de besoin de partialité? de recul?
5 ans après le drame, c’est à dire en 2006, elle relit les notes de son journal intime qu’elle commente et approfondit à la lumière des Evangiles.
– Ses commentaires sont édités en script et écrits à la 1ère personne du singulier: L.B. se sent alors « autorisée » par son fils Samuel à écrire et à faire éditer son livre. C’est venu, de la manière la plus mystérieuse, inattendue, sans équivoque.
Cependant,« Aucun livre ne m’a autant coûté » écrit-elle.
Dans son introduction, Lytta Basset nous raconte la vie de son fils Samuel: « adolescent original et révolté, il avait commencé des études à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich puis avait pris quelques mois de « congé sabbatique », l’été 1998, pour voyager en Amérique Latine. »
Trois mois après, la famille apprenait qu’il a « été enfermé par la police dans un hôpital psychiatrique du Paraguay, en proie au délire suite à une prise de cocaïne frelatée. Depuis son retour à Genève et jusqu’à son décès presque trois ans plus tard, il a eu des crises de délire de plus en plus rapprochées, avec une violence croissante, nécessitant des hospitalisations répétées….jusqu’au jour où il a compris qu’il ne pouvait plus ». Samuel avait affiché une pensée sur la porte du frigidaire: « la mort n’est pas le but de la vie, mais seulement le bout de la vie. »
Lytta Basset ne parle jamais dans ce livre « de la légitimité ou de l’illégitimité du suicide, de ses causes apparentes et cachées, de la prévention souhaitable ou insuffisante. »
Avant d’aller plus loin dans la présentation de ce livre, je voudrais rappeler les étapes du deuil:
Le deuil après suicide partage les mêmes phases d’évolution que tout autre deuil survenu dans des circonstances différentes:
- le choc et la sidération
- la fuite et la recherche
- déstructuration (pertes des repères et solitude)
- restructuration (relation avec l’être aimé).
Il a cependant des particularités (émotions d’une intensité considérable avec sentiment de culpabilité omniprésent, colère contre soi-même, violence des circonstances et du choc traumatique), il.
Dans le cadre d’un deuil après suicide, la culpabilité a trois conséquences:
- la quête du pourquoi?
- la tendance au retrait social
- l’attribution d’auto-punitions en mettant en place des interdits comme ne plus être heureux ou gratifié ou dans le succès.
Certaines personnes peuvent avoir des pensées morbides. En même temps que ce syndrome dépressif, peuvent survenir des sentiments de honte jusqu’à inventer d’autres circonstances de décès et qui va les enfermer dans un silence qui pourra « évoluer vers le secret de famille ».
La personne en deuil peut aussi être en colère focalisée sur autrui ou contre la personne disparue. Comment gérer la haine que l’on peut ressentir pour le meurtrier qui est aussi la victime? Elle peut être aussi en colère contre elle d’où des somatisations mais elle peut aussi avoir un sentiment de soulagement difficile à reconnaître et à avouer, le suicide ayant mis fin à une situation chaotique.
COMMENT LYTTA BASSET A T-ELLE TRAVERSÉ CE DRAME?
Elle a vécu la première étape d’un deuil: le choc
Le 7 mai 2001 son journal intime révèle son, choc et sa sidération . « la foudre est tombée ». « seule au volant- 60 km en état second- elle hurle sans discontinuer, bête blessée à mort. La vie s’est arrêtée. Elle ne voit rien, n’entend rien, n’est plus qu’un cri ».
5 ans après, elle explique ce cri par un besoin de projeter loin de soi, mettre à distance cette torture que la vie impose en toute absurdité, accoucher de la souffrance sans nom tout de suite sans attendre qu’elle devienne tumeur mortelle.
Sous la violence du choc , Lytta Basset perd tous ses repères. – Avec mon fils, j’avais perdu la vie. Du même coup, j’avais perdu la foi car comment un mort-vivant peut-il croire en Dieu? Qu’est-ce qu’un Dieu quand tout a explosé? –; elle avait l’impression d’ – être victime d’une malédiction -.
Interviewée, Lytta Basset dit « cela détruit tout ce qui est précieux sur son passage . Dans un premier temps, je suis restée en vie pour mes autres enfants, mon entourage ».
Ses émotions d’une intensité immense ne sont pas liées au sentiment de culpabilité.
Le 11 mai 2001, après la cérémonie, l’inhumation, « une petite réception réunit tous ceux qui veulent bien s’approcher….Une phrase sort de sa bouche pour ainsi dire à son insu: « En tout cas, je n’irai pas dans la culpabilité. » 5 ans après, elle écrit: Avec mon enfant suicidé, je venais d’enterrer les derniers vestiges du fantasme de la mère parfaite. Coupable de n’avoir pas été parfaite? Quelque chose ou plutôt Quelqu’un, au plus profond de moi-même, a parlé par ma bouche….Tu n’iras pas dans la culpabilité – parce que moi l’éternellement Vivant, j’ai parlé en toi au plus caché de tes entrailles, je te sais capable de te détourner de ce chemin de mort.
Une question taraude Lytta Basset : – Vas-tu cultiver ce qui est mortifère en toi ou vas-tu cultiver la vie? -. Elle a dû faire un choix:
– S’installer dans un entre-deux aurait été s’enterrer avec son fils- car – le deuil d’un enfant pose un interdit sur la joie -. Être heureuse, c’est abandonner mon enfant et que je reste vivante. Qu’est ce que je vais faire du reste de ma vie désormais?
La radicalité de l’Evangile lui parle alors « Sois froid ou chaud. mais ne reste pas tiède ». Elle s’appuie sur le Deutéronome « j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ».
Sa survie ne passe pas par la fuite , la solitude ou le repli social.
Mai 2001: « Elle continue à travailler comme un zombie, avec un terrible besoin de repères…elle retourne chanter. »
Les autres par des signes et des gestes lui témoignent leur tendresse et leur compassion. La Présence avait élu domicile en toute discrétion, quasi incognito, en chacune de ces personnes capables de compassion »
Elle écrit: – Chaque fois c’était autrui qui tel un miroir me reflétait la Présence agissant au plus insu de moi-même. Être reliée, c’est vivre le Royaume .-
Elle regarde et note dans son journal les petits riens,« sa manne quotidienne » qu’elle appelle aussi ses « cailloux blancs »; cette démarche a été capitale et vitale pour elle.
– C’est le regard qui change tout. Rien ne prouve aujourd’hui que des petits riens ne conduisent à un grand tout.-
Cela l’a empêchée de sombrer
:Dans ses commentaires, elle écrit: – Que faut-il pour que la multitude de « petits riens » qui nous arrivent sans cesse des autres humains se fasse entendre, commence à nous parler de la Présence indestructible? Je ne le sais pas. Je ne sais qu’une chose. Il faut que les humains se montrent humains, même à fonds perdus. Nul ne sait ce dont il est porteur. J’aime, aujourd’hui, dire à chacun que tout compte, bien au-delà de ce qu’on croit, le moindre geste, les paroles les plus précaires, la présence silencieuse. –
Ces cailloux blancs qui lui ont permis de revenir dans le monde des vivants, Lytta Basset les appelle des évènements.
Tout évènement (retenez bien ce mot-là!) est ce qui instaure un trait d’union entre des vivants, des clins-Dieu et à partir duquel le Sens se remet à exister.
– Pourquoi le terme « évènement »? Cela « arrive » sans programmation, uniquement pour la personne à qui il est destiné –.
Quelques exemples de cailloux blancs: un poème écrit par la grand-mère a son petit-fils âgé de 9 mois:
Un petit Monsieur m’a souri
Frais comme un bouton d’or
Un Monsieur tout petit
Qui en savait long sur la vie
Tu peux partir, Petit Monsieur
Partir très loin.
une carte postale, une visite impromptue, un appel téléphonique, des rencontres….
L.B. cherche dans la fréquentation des personnes bibliques des Premier et Nouveau Testaments de quoi apaiser sa souffrance mais aussi cherche à se rassurer au sujet de son fils :Est-il apaisé? Est-il près de Jésus?
De colère contre Samuel, elle n’en a pas.
Mais elle se pose sans arrêt des questions sur l’origine du malheur, condamnée à un monologue qui ne sera plus jamais dialogue avec son fils ainé, disparu.
Elle refuse avec force la fatalité divine et rejette la parole de Job avant sa conversion:” Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni ». Il lui suffit de croire que Dieu n’a pas voulu de cette mort, que jamais il ne voudra le meurtre, la maladie mortelle, le suicide, la mort des nourrissons. Il lui suffit de penser qu’en matière de vie et de mort, Son désir libre et le désir libre de chaque être humain se cherchent, se mêlent ..indéfiniment à l’insu de tous.
Elle apprend mieux encore à respecter son fils, adulte libre de ses choix, même douloureux et insupportables pour son entourage. Elle consent à ce qui lui est arrivé: « Consentir, c’est être sauvé » écrit Bernard de Clairvaux.
JI mai 2001: l’avion descend sur Genève; Elle demeure pétrifiée , coulant à pic. une parole lui vient: « Samuel a choisi d’ en finir. Respecte sa décision! » D’un coup, elle se trouve allégée.
Lytta Basset commente: – Je respecte ton choix et cela me différencie de toi. Ton altérité offre un espace à mon altérité, pourvu que je consente à ta liberté…-
Elle rêve, cauchemarde et cherche à déchiffrer le sens de ses rêves.
Elle a des visions, et ce , bien que son éducation protestante ne l’ait pas préparée à les accepter.
En effet, pour les protestants, les morts sont l’affaire de Dieu; on n’a plus à s’en occuper et on n’est pas censé s’adresser à eux. Les cultes de service funèbre au temple ou dans un autre lieu sont des cultes d’adieu. Ils s’adressent aux vivants. Ils ont pour but d’annoncer l’Evangile en vue de la consolation des affligés mais pas de prier pour les morts. LB note que dans ses accompagnements, elle trouve plus de désespoir chez les protestants que chez les autres chrétiens.
Les visions de Jésus aux côtés de son fils, le sentiment d’avoir des affinités avec Marie qui cristallise l’histoire de n’importe quelle mère qui perd son fils, l’aident à avancer vers le chemin de la Vie.
Les rêves de son fils la perturbent mais la font progresser. Lytta Basset les consigne et accueille ces expériences avec le monde invisible en leur donnant leur véritable place. Ces visions lui redonnent de la force.
Voici quelques exemples tirés de son journal:
-octobre 2003: elle reçoit un trésor en rêve: elle vient de traverser un tunnel en voiture, un tunnel qui montait; elle a dépassé deux voitures plus ou moins arrêtées au milieu; à la sortie, elle trouve Samuel qui de son écriture caractéristique prépare l’annonce d’un match de foot; elle l’aide à réaliser cette publicité; l’encourage et le soutient dans son désir. …A partir de cette nuit-là elle se sent de l’autre côté du tunnel, entraînée dans un puissant courant de vie. Elle n’avait pas imaginé que sa manière de le retrouver serait de partager avec lui la Vie où il se trouve maintenant.
Commentaire de Lytta Basset: – J’ai mis longtemps à trouver un sens à cet anéantissement que provoquait si souvent la brusque sensation de la présence de Samuel. Avec recul, les « visites » de Samuel me rappellent celle de Jésus à Marie de Magdala dans le jardin de Pâques. A peine l’avait elle reconnu qu’il lui disait: Ne me retiens pas. On peut comprendre: Ne me garde pour toi toute seule! et il envoie M de M vers les disciples pour qu’elle soit trait d’union entre eux et la Présence. Par la suite, j’ai eu le sentiment de retenir Samuel chaque fois que je regardais en arrière au lieu de le voir monter dans la Présence et de me laisser envoyer vers les autres.-
– août 2004: depuis 2 mois, ses rêves lui révèlent la question qui l’habite: faut-il qu’elle censure la joie qui vient? Cette fois elle perçoit la bénédiction de Samuel sur sa joie. Mais la route du deuil demeure bien chaotique. Le sentiment du dérisoire occupe souvent tout le terrain. Ou alors elle éprouve une immense lassitude devant cette vie qui continue. Et puis, tout à coup, la voilà éblouie par un éclair de joie parfaite .
Deux mois plus tard, elle enseigne au Québec. Une image lui est donnée plusieurs fois: la silhouette de Jésus de dos, devant le lac de Tibériade; mais elle n’est pas à ses côtés…. Une nuit, ce vide s’impose dans un cauchemar qui aboutit à la vision d’un ciel qui s’ouvre sur une beauté surnaturelle, incorruptible. Dans le rêve, elle se dit que c’est une hallucination passagère. Mais cela dure: la vision se produit 3 fis. Dans le rêve encore, elle s’objecte à elle-même qu’elle doit avoir les yeux à moitié ouverts et qu’elle aperçoit sans doute par la fenêtre le jour qui se lève…C’est au réveil seulement qu’elle se rend à l’évidence: elle a vraiment vu, dans son indescriptible pureté, ce royaume des cieux dont parlent les évangiles»
– janvier 2005: elle continue à rêver que Samuel est intensément vivant, qu’il va falloir le dire aux autres.
Les personnes à qui elle se confie l’encouragent à témoigner malgré l’accueil très réticent de son mari et malgré au début la honte de se dévoiler au public.
Lytta Basset écrit: – Jésus avait annoncé qu’il serait « livré » aux mains de ceux qui le tueraient au nom de leur dieu; mais les récits de la Passion ne rapportent aucun moment de honte, de peur ou de refus de relation: Je peux donc accepter de me livrer dès que je ne me sens plus livré-e, sous la menace de personnes qui pourraient profiter de ma vulnérabilité dévoilée. –
Elle se recompose lentement, humblement et réalise qu’elle peut aider les autres dans leur propre cheminement intérieur, qu’elle est – la preuve vivante qu’un passage existe pour sortir de la mort -.
Lytta Basset termine son livre en écrivant: – j’aurais préféré pour titre « Les Vivants nous parlent » tant ce livre, de bout en bout, tisse des liens entre notre vie terrestre et la Vie que les défunts ont désormais en abondance. Une continuité dont témoignent d’innombrables personnes de toutes cultures, époques, sensibilités. Une orientation unique que je fais mienne: tous avancent à leur rythme propre de l’autre côté comme ici-bas, vers un amour plus accompli….-
Je comprends mieux cet paragraphe à la lumière du dernier ouvrage de Lytta Basset paru en août 2022 »Cet au-delà qui nous fait signe » qui bouleverse toutes nos idées reçues sur l’au-delà et en soulève le voile au détour d’un événement « improbable ».
Sans l’évènement improbable que ce livre entreprend de raconter, jamais l’auteure n’aurait pu écrire « Ce lien qui ne meurt jamais ».
Rappelez-vous la définition du mot évènement donné par L.B. elle-même: Cela « arrive » sans programmation, uniquement pour la personne à qui il est destiné –.
Cet évènement improbable arrive juin 2005, soit 4 ans après le décès de son fils: Lytta Basset conduit un séminaire intensif aux Etats Unis.
« Samuel, décédé, s’est adressé à une personne inconnue de nous deux, pour me passer des messages. Elle s’appelle Myriam, je précise qu’elle n’est pas médium et une série d’événements avait contribué à son inscription à mon cursus « La compassion au cœur de l’Évangile ». Là, Myriam a été comme « investie » par Samuel pour me parler, en lui confiant des détails intimes connus de nous seuls. Chaque matin, pendant une semaine, elle me partageait des événements de sa vie passée, et des paroles bouleversantes de sa part, qui m’étaient adressées. « dis à ma mère que je l’aime » « Maman, Papa, pardon !» Je comprends qu’il veut exprimer tout ce qu’il n’a pas pu dire en ce monde. Samuel – c’est du moins comme ça que je le perçois – renaît et tente de réparer ce qui doit l’être. Nous avons vécu une semaine en état de grâce, totalement hors du temps et de l’espace.
L.B ne les a pas mis en doute mais a mis du temps à les intégrer.
Pendant un an, Myriam va lui communiquer ce que Samuel lui confie.
Samuel va pousser sa mère à écrire -il a des dons littéraires- « je veux écrire avec toi, moi dans ta pensée, toi sur la main».
L.B. attendra donc 15 ans pour écrire ce témoignage, cet évènement improbable .
« Je n’ai jamais voulu, désiré ni recherché ce type d’expérience… Que le Dieu d’Israël me vienne en aide et ne permette jamais que j’induise quelqu’un en erreur. Car je ne veux que Sa volonté »
Elle valide les témoignages d’expériences de mort imminente (EMI) et l’existence des VSCD « vécus subjectifs de contact avec un défunt » et relit la littérature sur ces questions délicates, en faisant toujours le lien avec les différents récits évangéliques autour de la Résurrection. « Aucune incompatibilité avec les témoignages du Nouveau testament ne lui a sauté aux yeux » A aucun moment, elle n’a pensé que l’évènement improbable puisse être en contradiction avec son identité chrétienne. Bien au contraire, il lui a fait saisir l’ampleur illimité de l’évènement de Pâques.
Dans une interview de la revue Le Pèlerin, le journaliste lui demande si ce n’est pas son désir de retrouver une relation avec son fils qui pourrait lui faire croire à cet évènement improbable. L.B. répond: « jamais de la vie! Quiconque a perdu un enfant surtout par suicide, n’a plus de désir, sinon de s’en aller avec lui ».
La demande de pardon de la part de Samuel transmise par Myriam a fait basculer L.B. définitivement du côté des vivants.
A la question: votre réflexion ne s’éloigne-t-elle pas de la théologie protestante?
« Pas vraiment, répond-elle. La foi chrétienne repose sur le témoignage de ceux qui ont vu Jésus vivant après sa mort. Dire que je suis en relation avec un proche défunt n’est pas fondamentalement différent de cette expérience des premiers témoins! »;
Pourtant, en dehors des textes sur la Résurrection, le Nouveau Testament ne dit rien d’une communication avec les défunts.
Pour L.B. le Nouveau Testament parle d’une communication avec les défunts: sur la route de Damas, Jésus crucifié se manifeste à Paul, vivant, par-delà le voile de la mort (Ac 9, 1-6) et le Credo mentionne la communion des saints; alors quand Samuel se fait voir et entendre, lui permettant de sentir qu’il vit autrement, pourquoi cacher la réalité?
Vous notez que les expériences de communication avec les défunts sont communes à l’humanité, au-delà des croyances.
Les expériences de communication avec les défunts sont communes à l’humanité, au-delà des croyances. En Afrique et en Asie, les ancêtres défunts, invisibles, sont présents. En Occident, nous nous sommes éloignés de cette perception.
Que dites-vous aux personnes endeuillées qui voudraient vivre de tels moments?
Je n’ai jamais désiré vivre ces événements, et je pense que le volontarisme enferme. À qui m’interroge, je réponds que nous recevons plus de signes de l’invisible que nous le croyons. Mais aussi que nos chemins sont divers.
L’expérience d’une relation avec un défunt “vivant” conduit-elle à Dieu?
Elle guérit de la peur de la mort et ouvre au mystère de Dieu. Mais Dieu est au-delà. Indicible.
G. Bécheret