logotype
  • Paroisse
    • Un conseil presbytéral
      • Dernières Nouvelles du Conseil Presbytéral
    • Accompagnements
      • Baptême
      • Mariage
      • Cérémonie des Obsèques
  • Calendrier
  • Activités
    • Cultes
    • Mission Jeepp
    • Atelier de Lectures oecuménique
    • Groupe d’Études Bibliques
  • Actualités
    • Facebook
    • Articles | BLOG
  • Historique
    • Historique du temple de Villefranche
    • Historique du protestantisme
  • Contact
Dons
logotype
  • Paroisse
    • Un conseil presbytéral
      • Dernières Nouvelles du Conseil Presbytéral
    • Accompagnements
      • Baptême
      • Mariage
      • Cérémonie des Obsèques
  • Calendrier
  • Activités
    • Cultes
    • Mission Jeepp
    • Atelier de Lectures oecuménique
    • Groupe d’Études Bibliques
  • Actualités
    • Facebook
    • Articles | BLOG
  • Historique
    • Historique du temple de Villefranche
    • Historique du protestantisme
  • Contact
Dons
  • Paroisse
    • Un conseil presbytéral
      • Dernières Nouvelles du Conseil Presbytéral
    • Accompagnements
      • Baptême
      • Mariage
      • Cérémonie des Obsèques
  • Calendrier
  • Activités
    • Cultes
    • Mission Jeepp
    • Atelier de Lectures oecuménique
    • Groupe d’Études Bibliques
  • Actualités
    • Facebook
    • Articles | BLOG
  • Historique
    • Historique du temple de Villefranche
    • Historique du protestantisme
  • Contact
logotype

Eglise Protestante Unie de Villefranche sur Saône

  • Paroisse
    • Un conseil presbytéral
      • Dernières Nouvelles du Conseil Presbytéral
    • Accompagnements
      • Baptême
      • Mariage
      • Cérémonie des Obsèques
  • Calendrier
  • Activités
    • Cultes
    • Mission Jeepp
    • Atelier de Lectures oecuménique
    • Groupe d’Études Bibliques
  • Actualités
    • Facebook
    • Articles | BLOG
  • Historique
    • Historique du temple de Villefranche
    • Historique du protestantisme
  • Contact
ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
16 mars 2024

Atelier de Lectures Oecuménique du 7 mars 2024

“Prier 15 jours avec Jacques Ellul” 

Théologien de I’espérance

de Frédéric Rognon

Présenté par Françoise Pelon 

JACQUES ELLUL

 

ESQUISSE BIOGRAPHIQUE

 

Né à Bordeaux en L912, Jacues Ellul a grandi dans une famille non-chrétienne :père serbo-maltais sceptique et même libre-penseur, mère portugaise protestante mais non pratiquante (par respect pour son mari)

Il s’est converti brutalement à l’âge de 17 ans

Il a été saisi par l’évidence de la présence de Dieu à ses côtés. Cela lui a fait très peur car il craignait en devenant chrétien de perdre sa liberté.

Il a cherché à le fuir en lisant le maximum de livres antichrétiens.

Après plusieurs mois de lutte, il a fini par comprendre que les libertés auxquelles aspiraient les hommes étaient bien superficielles par rapport à la liberté véritable à laquelle il accéderait en se convertissant.

Au cours des années 1930, Jacques Ellul découvre les trois auteurs qui constitueront les trois sources fondamentales de sa pensée : Soren Kierkegaard, Karl Marx et Karl Barth.

La trajectoire professionnelle de Jacques Ellul est celle d’un professeur précoce et brillant :

bachelier à 16 ans, docteur en droit à24 ans, il est chargé de cours en histoire du droit à Montpellier

en 193’7, puis à Strasbourg en 1938. Il est évacué en 1939, au début de la << drôle de guerre >>, avec l’ universitéé de Strasbourg, vers Clermont-Ferrand.

C’est là , en 1940, juste après l’armistice qu’il est révoqué par le gouvernement de Vichy, dénoncé par un étudiant pour avoir mis en garde ses élèves alsaciens et mosellans contre le maréchal Pétain.

S’ils suivaient son exhortation à rentrer chez eux, c’était I’enrôlement de force dans la’Werhmacht.

Sa prévision se réalisera deux ans plus tard.

En Juin 1940 il se retrouve sans ressource et chargé de famille.

Il s’installe dans un petit village de Gironde où il apprend avec bonheur le métier de paysan : il élève des moutons et des lapins, cultive des pomme de terre. I1 est aussi fier de sa première récolte que de son concours d’agrégation (en droit) où il est reçu en 1943.

Dès 194O il entre dans la Résistance : fabrication de faux papiers, accueil de prisonniers évadés, aide au franchissement de la ligne de démarcation, sauvetages de familles juives, ce qui lui vaudra la médaille des Justes en 2002.

A la libération, Jacques Ellul est nommé adjoint au maire de Bordeaux pendant six mois. De cette courte expérience, il tire la conclusion que la politique est une véritable illusion: il constate au cours de cette brève expérience que les hommes politiques n’ont aucun pouvoir : celui-ci est confisqué par les experts qui orientent toute décision dans un sens technicien.

Tout le reste de sa vie professionnelle, jusqu’à sa retraite en 1980, est consacré à

I’enseignement : dès I94É il est professeur d’histoire des institutions à la faculté de droit de Bordeaux, et à partir de 194’l à I’institut d’études politiques de Bordeaux.

A côté de son enseignement et de ses travaux de publication, Jacques Ellul assume trois types d’engagement : ecclésial, social et écologiste.

Il n’a jamais été pasteur, mais il a bénéficié d’une délégation pastorale permanente qui I’autorisait, en tant que laïc engagé dans son Eglise et formé en théologie, a exercer toute responsabilité paroissiale au même titre qu’un pasteur.

Il participe à diverses commissions du Conseil oecuménique. Il est membre du synode régional et national de I’Eglise réformée de France, puis membre du Conseil national.

Son engagement social prend la forme de l’accompagnement des jeunes de la rue.

Premier jour

LE STYLE DE VIE DU CHRETIEN

Présence au monde moderne, publié en 1948 est le premier livre de Jacques Ellul et de ce fait a une dimension programatique. Il considérera d’ailleurs à la fin de sa vie qu’il n’a pas écrit plusieurs dizaines de livres, mais un seul dont chaque oeuvre est un chapitre et dont Présence au monde moderne est l’ introduction.

Il pose ici les bases de ce qu’il considère comme l’existence spécifiquement chrétienne : ce qui définit le chrétien, et le distingue du non chrétien, ce n’est pas son adhésion à un corps de doctrine, ni même le salut qui lui serait promis, c’est son style de vie. Le chrétien ne vit pas rigoureusement comme les autres.

Un verset biblique que Jacques Ellul affectionnait tout particulièrement est Rm 72,2:

«  Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. »

Cette formule de l’apôtre Paul conjugue anticonformisme et discernement. Vivre comme disciple du Christ, c’est être non conformes aux orientations générales de notre société, et exercer notre discernement pour adopter un autre style de vie.

L’alternative est la suivante : soit la dilution du message du Christ dans le monde, soit la rupture avec les idéologies de notre temps pour promouvoir le potentiel novateur du christianisme.

Son livre Présence au monde moderne n’est pas un manuel de recettes prêtes à I’emploi mais ouvre un chemin de responsabilité : à chacun de chercher et d’écouter, dans la prière, la voix de Dieu qui lui est personnellement adressée, puis d’élaborer son propre style de vie.

Jacques Ellul esquisse néanmoins quelques pistes pour orienter les chrétiens :

retrouver le sens du prochain, retrouver le sens de l’évènement, retrouver les limites du sacré.

Un double verset biblique vient illustrer cette mise en cause de la puissance sacrée :

« Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit » ( 1 Co 6,12)

Tout est permis mais tout n’est pas utile ; tout est permis mais tout n’édifie pas » (1 Co 10,23)

Finalement, le principe régulateur de ce nouveau style de vie, c’est le double commandement d’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée » et «  tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22,37 ,39)

Tel est le critère de l’édification d’un style de vie qui devient créateur.

Deuxième jour

LA CONTEMPLATION REVOLUTIONNAIRE

C’est dans le sillage du mouvement étudiant de Mai 68 que paraît, en 1969, Autopsie de la Révolutton Alors même que les campus universitaire bouillonnent encore de velléités révolutionnaires, Jacques Ellul, comme à son habitude, s’inscrit à contre-courant et jette un pavé dans la mare : en proposant une « autopsie « de la révolution, il indique bien que la révolution est morte, et qu’elle n’est plus possible dans le cadre de la société technicienne.

Le terme << révolution >> se trouve banalisé, éculé et donc vidé de son contenu. En se cantonnant aux campus et au domaine culturel, sans nullement remettre en question sérieusement la technoscience ni les infrastructures de production,la contre-culture qui se veut révolutionnaire ne sert finalement que de soupape de respiration, et donc de vecteur de reproduction du système technicien.

En revanche, il est une révolution authentique, fondamentale, là où personne ne la cherche.

Ellul I’appelle la révolution nécessaire, empruntant une expression popularisée par les personnalistes des années 1930.

Il s’agit d’une révolution contre la nécessité historique, contre le fatalisme de l’évolution technicienne et tous ceux qui croient qu’il n’y a pas d’alternative.

Car cette révolution nécessaire est d’abord intérieure, elle est conversion, c’est à dire retour sur soi,et elle débouche sur un changement réel de vie, sur une nouvelle naissance et renouveau. Elle concerne donc une démarche spirituelle personnelle, qui appelle l’homme à revenir lui-même, à être pleinement soi.

C’est ici qu’intervient la contemplation. Elle est mise en tension avec l’agitation frénétique.

Si donc la contemplation est l’attitude vraiment révolutionnaire, c’est bien parce qu’elle va à contrecourant, et qu’elle prend le contrepied de la société technicienne.

L agitation révolutionnaire ne fait que cautionner les tendances lourdes de l’univers technicien, puisqu’elle adopte les mêmes valeurs suprêmes de l’engagement et de l’efficacité : en fait du changement permanent par l’activisme.

La contemplation permet de marquer un temps d’arrêt, de suspendre la course effrénée à la production et à la consommation.

Le contemplatif se reconnecte avec l’essentiel.

En faisant silence, autour de soi et en soi, il crée I’espace susceptible d’accueillir une parole qui vient d’ailleurs

La contemplation est donc prière les yeux ouverts.

Troisième jour

FRAGILITÉ DE LA PRIÈRE NATURELLE

Avec ce texte nous entrons dans une série quatre extraits de L’impossible prière, livre de Jacques Ellul paru en 1971. Est-il encore possible de prier aujourd’hui ? Et quelles seraient les véritables raisons de prier encore ?

Dans notre contexte actuel, les fondements de la prière semblent vaciller. Il est dans la nature de I’homme , mû par ses désirs et ses craintes de s’adresser à un Être suprême, au Tout, à l’Invisible.

Toute la nature peut elle-même être comprise comme une prière adressée à Dieu : le chant des oiseaux, les ondoiements des blés. Louange de la créature au créateur.

Mais selon Jacques Ellul, un point de rupture a été atteint avec l’entrée dans la société technicienne. La nature ne cesse de reculer, et les nouvelles générations ne connaissent plus qu’un univers technicien, qui est leur << seconde nature ». Ils baignent dedans depuis leur naissance au point de ne plus en percevoir le caractère artificiel. Sans Nature, il n’est plus de prière naturelle.

La prière semble bien vouée à disparaître à l’ère de la technique triomphante.

Jacques Ellul analyse la technique comme une religion qui rend la prière impossible : c’est le sacré technicien.

Toutes ces considérations nous conduisent à affirmer, avec Jacques Eliul, que la prétention d’asseoir la prière sur la nature ou le besoin de l’homme ne nous donne aucun fondement sérieux.

Mais ne prenons pas cette première conclusion comme un échec. Elle est au contraire l’occasion de trouver la véritable raison de prier encore aujourd’hui et de prier toujours demain.

La prière de l’incrédulité « pourquoi ne pas prier lorsque tous les autres recours, notamment techniques, ne sont pas tenus. >>

Il s’agit d’une prière << bouche-trou >>.

On sent bien ici la fragilité de la prière naturelle, sa précarité dans le cadre du déferlement technologique : elle n’est plus qu’un résidu, qu’une survivance.

Quatrième jour

FRAGILITÉ DE LA PRIÈRE RELIGIEUSE

Est-il encore possible de prier à notre époque ?

Quelles seraient les véritables raisons de prier encore ?

Les discours théologiques antérieurs à la société technicienne au sujet de la prière n’ont plus aucune pertinence.

Tel est le fond du problème : comment permettre à l’homme qui ne prie plus de renouer avec la pratique de la prière ?

Plus redoutable encore : comment permettre à I’homme qui n’a jamais prié de découvrir le sens et le goût de cette pratique ?

Car l’entrée dans la société technicienne a eu pour conséquence de décrocher plusieurs générations successives de la prière.

En vidant l’existence de cette signification, en rendant notre vie quotidienne mécanique, automatique, la société technicienne oppose un obstacle majeur à toute reprise de la pratique de Ia prière.

Car prier cela suppose d’abord d’être.

La recherche théologique se trouve dans une impasse : cette impuissance de la théologie tient au fait que Ia prière n’est pas un objet comme un autre : la prière n’est pas une question d,analyse mais d’expérience vécue.

Et prier n’est pas qu’une activité, pas seulement une pratique, mais une affaire de vie entière.

Nous avons là une indication sur le sens qu’il convient de conférer à notre prière : le sens de l’être même de notre vie, de toute notre vie.

Cinquième jour

FRAGILITÉ DE LA. PRIÈRE LANGAGE

Après la prière religieuse, c’est la prière langage que Jacques Ellul voit s’évanouir. Mais il ne le regrette pas.

Car le langage se trouve décomposé, disséqué par les sciences linguistiques,dépiécé par les slogans, messages abrégés et autres clip.

Nous sommes entrés dans une société de l’image toute puissante, qui parle à l’émotion et aux réflexes, là où la parole s’adressait à la pensée et à l’intelligence du coeur.

La prière serait elle la victime collatérale de I’humiliation du langage ?

Non dit Jacques Ellul car la prière déborde largement le langage parlé : << la prière n’est pas un discours, elle est forme de vie, la vie avec Dieu.

Elle ne se cantonne nullement à la verbalisation. Elle est d’abord relation.

Ce point est décisif pour définir la prière : y compris dans le silence extérieur et intérieur, dans l’écoute et l’adoration silencieuse.

La prière ne reçoit pas son contenu de ce que j’ai à dire, mais ce que j’ai à vivre avec Dieu.

Tant qu’elle n’est que discours, elle est non prière.

<< C’est lorsque le Saint-Esprit intercède d’une façon qui exclut toute verbalisation, que la prière est prière. >>

Ainsi la prière est un don de Dieu.

Ce n’est pas la prière qui disparait aujourd’hui, c’est un succédané qui n’avait déjà plus les caractéristiques de la prière.

C’était la prière langage, c’est à dire, non pas le don de Dieu, mais une oeuvre purement humaine.

Sixième jour

LA SEULE RAISON DE PRIERE AUJOURD’HUI

Après avoir passé en revue les différents lieux de fragilité de la prière, Jacques Ellul dégage la seule raison qui nous conduit à prier, encore et encore : c’est l’obéissance.

Car le commandement qui nous est donné nous vient d’une altérité radicale, qui seule peut me libérer de moi-même.

« Veillez et priez «  .Il s’agit d’un commandement et non pas d’une loi.

A la suite du théologien suisse Karl Barth, Jacques Ellul fait la distinction entre la loi objective, éternelle, qui s’impose identiquement à tous, et le commandement qui est une parole singulière qui m’est adressée, une relation de personne à personne.

En Jésus Christ la loi devient un commandement. La loi objective de l’Ancien Testament devient une relation personnelle avec le Christ.

<< Toi, prie ».

L’obéissance en Christ est le contraire d’un devoir ou d’une obligation.

Il y a compréhension d’une responsabilité, ouverture d’une communion et d’un dialogue,

La prière comme écoute ne relève d’aucun légalisme, mais d’une réelle liberté : celle d’un enfant de Dieu qui se place face à son père céleste pour accueillir sa parole et en vivre.

<< Priez sans cesse » (1 Th 5lt7), telle est l’exhortation de I’apôtre Paul qui peut sembler irréaliste, d’une exigence extrême.

Elle montre bien qu’en réalité la prière n’est pas un temps ponctuel. mais qu’elle appartient au contraire à la totalité de la vie.

Sans la prière nous sommes comme des entants emportés à tous vents de doctrine.

La prière ne peut être que l’expression de la foi. La foi n’est pas un objet que l’on obtiendrait par nos propres forces : elle est un don de Dieu. .. On n’a pas la foi, c’est elle qui nous a. >>

On ne peut par conséquent que demander la foi…dans la prière.

Et ainsi, en demandant la foi, nous nous mettons à prier, et donc à croire car nous ne parlons pas à un vide. La prière révèle et nourrit la foi, qui à son tour nourrit la prière.

Prier, c’est peut-être découvrir que nous avons reçu ce don de Dieu qu’est la foi.

La prière sera alors une prière d’action de grâce : manifester toute notre gratitude pour la foi reçue, cadeau immérité et d’un prix incomparable.

Pour Jacques Ellul, la prière comprise en tant qu’acte d’obéissance est un acte de liberté.

Il y a une contradiction entre puissance et liberté : la prière en tant qu’acte de liberté suppose de renoncer à I’obsession de 1’efficacité.

A partir du moment où la prière n’est prise au sérieux qu’en fonction de ses résultats, de son exaucement, elle est condamnée.

Ce n’est pas la prière en tant que telle qui est condamnée, c’est bien la prière d’efficacité, la prière devenue mode de puissance.

Dans 1e prochain chapitre nous verrons que la prière est un combat.

Comme l’écrivait Soren Kierkegaard « la vraie prière est une lutte avec Dieu où I’on triomphe par le triomphe de Dieu . »

En d’autres termes, le combat de la prière est un combat contre soi-même, au terme duquel je l’emporterai sur moi-même grâce au secours de Dieu.

 

Septième jour

LE COMBAT CONTRE DIEU

Quand Dieu se tait, il faut le forcer à parler. Quand Dieu se détourne, il faut le forcer à revenir.

Quand Dieu semble mort, il faut le forcer à être.

Et cela pourra prendre forme dans l’appel angoissé, la plainte, la lamentation, la prière de repentance.

Le combat de la prière contre Dieu, c’est à dire avec Lui contre soi-même pour se laisser changer, peut prendre des chemins bien particuliers. inattendus, improbables même lorsque Jacques Ellul aborde la question de l’espérance.

La prière d’espérance est bien une prière de lutte, mais d’une lutte destinée à faire sortir Dieu de son silence.

Dieu se tait. Et l’espérance est le refus de se résigner à cette situation.

Dieu se tait parce que dans notre société moderne, l’homme se croit « adulte », capable d’assumer seul tous ses besoins par la technique.

La parole de Dieu est inaudible car l’homme ne l’écoute pas. Il fait tant de bruit que sa parole ne peut être entendue.

Si Dieu se tait, ce n’est pas parce qu’il nous rejette, mais parce que nous le rejetons.

Notre époque peut être identifiée comme le temps de la déréliction.

La déréliction c’est un sentiment profond de total abandon, à I’image de ce qu’exprimait la parole du Christ sur la croix : << Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mc 15,34)

Qu’en est-il donc de l’espérance au temps de la déréliction ?

Face à cette question, Jacques Ellul dévoile le fond de sa pensée et révèle le coeur même de sa vie spirituelle.

« Malgré mon pessimisme bien connu, malgré les analyses sociologiques que j’ai pu faire…je ne suis pas désespéré. Pas du tout. »

Jacques Ellul est en quelques sorte un pessimiste débordant d’espérance.

Il ne perçoit aucune issue pour notre monde à vues humaines, mais il reste fondamentalement enraciné dans l’espérance liée aux promesses de Dieu.

En Jésus-Christ, Dieu nous a promis sa présence permanente à nos côtés quoi qu’il arrive.

« Et voici je suis avec vous tous les jours, jusque’à la fin du monde. » (Mt 28,20)

« Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présents ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rm 8,38-39).

Mais alors comment comprendre le silence de Dieu et la déréliction d’aujourd’hui ?

Comme l’incitation au combat de la prière. Car paradoxalement le temps de la déréliction est le temps approprié à 1’espérance.

Cependant cette promesse est aléatoire , Dieu ne l’accomplit qu’à f issue d’un dur combat : la lutte de l’espérance pour contraindre Dieu à sortir de son Silence et à tenir Sa parole.

L’espérance est donc une réponse de l’homme au silence de Dieu : l’homme qui espère refuse la décision de Dieu de se taire, il revendique que Dieu tienne ses promesses, il en appelle à Dieu contre Dieu.

C’est ainsi, selon Jacques Ellul que I’on peut comprendre cette parole énigmatique de 1’Evangile :

« Le Royaume des Cieux est aux violents qui s’en emparent. » (Mt 11,12).

La figure emblématique de I’espérance est le personnage de Job, qui s’insurge contre le silence de Dieu, à cause des promesses de celui qui finira bien par se lever sur la terre. (Job 19,25).

La prière prend ici une dimension nouvelle : elle est toujours un combat, mené avec les armes de l’Esprit, mais elle est un combat destiné à retrouver le vrai Dieu dans le fatras des idoles de puissance (idoles du pouvoir, de la finance, de la technique).

 

Huitième jour

L’INEPUISABLE ESPÉRANCE

Jacques Ellul ne craint pas de nous alerter sur les grandes exigences de la prière

d’espérance. Espérer n’est pas une paisible détente spirituelle, une mise au repos de notre vie intérieure. C’est une lutte à la vie, à la mort. Elle est un engagement de toute notre personne, elle est une consécration de notre existence dans sa totalité.

L’espoir est la perspective d’une amélioration de la situation à vues humaines. L’espoir n’a de sens que lorsqu’il existe une issue possible.

L’espérance, au contraire, n’a de sens que lorsque le pire est tenu pour certain.

L’espoir est la passion des possibles, l’espérance la passion de l’impossible.

L’espérance ne se réjouit pas de ce que Dieu nous laisse les mains libres, elle exige qu’il parle parce que sans la présence du Tout Autre l’homme ne peut aller que de ruines en désastres.

La seule attitude fidèle à la croix est la folie qui consiste à provoquer le Saint-Esprit pour que l’espérance soit possible.

La réduction de la vie religieuse à une dimension uniquement profane c’est l’engagement dans le monde, sans être au préalable dégagé du monde.

Pour Jacques Ellul, la liberté n’est pas quelque chose que l’on acquiert soi-même, mais un don qui nous est fait par le Christ : celui-ci nous dégage de nous-même.

L’espérance surgit du désespoir, et permet de le traverser.

Dans le Nouveau testament, la métaphore utilisée pour parler de l’espérance est une ancre : ” l’ancre de l’âme “.(He 6,19). C’est donc un symbole de fermeté et de stabilité, au milieu des tempêtes de la vie.

Quelle est donc la différence entre la foi et l’espérance ? On pourrait dire, d’une simple formule, que l’espérance c’est la foi pour demain, et que la foi c’est l’espérance pour aujourd’hui.

La foi est une relation vivante que les croyants entretiennent avec le Dieu de Jésus-Christ, et l’espérance la persévérance dans cette relation lorsqu’ils se tournent vers l’avenir.

S’il n’est pas de foi sans prière, ni de prière sans foi, il n’est pas non plus d’espérance sans prlère, ni de prière sans espérance.

 

Neuvième jour

LES QUESTIONS QUE DIEU NOUS POSE

” FOI» et « CROYANCE » renvoient au même Verbe ,. Croire “.

Mais Jacques Ellul distingue nettement les deux termes.

Les croyances sont collectives, elles permettent la vie en société, elles fournissent à l’être humain des solutions à ses problèmes, des convictions fermes, des repères qui aident à se situer dans l’existence.

Les croyances excluent donc le doute.

Tandis que la foi est individuelle, et loin d’être sécurisante, elle se conjugue avec le doute, elle le suppose et l’intègre.

Plus exactement le doute sert d’épreuve pour la foi , afin de vérifier si elle n’est pas pleine de croyances.

La foi est un décapant terrible. D’où le titre de ce livre de Jacques Ellul . La Foi au prise du doute. La Foi pousse sur le riche réseau du doute.

La Foi s’adresse à un Dieu inaccessible.

Comme l’a montré Soren Kierkegaard, la croyance rassemble les hommes, alors que la foi isole, singularise l’lndividu, c’est à dire le rend unique.

La croyance apporte des réponses aux questions de l’homme, la foi pose des questions ou déplace les questions de I’homme, la foi l’amène à répondre donc à être responsable.

ll peut répondre par des mots, il peut aussi répondre par la manière dont il vit.

La foi est d’abord une écoute, elle se ressource dans le silence.

Pour Jacques Ellul , la Bible n’est pas un livre de recettes. Mais elle n’est pas non plus un livre de réponses. La Bible est un livre de questions.

Ce sont des questions que Dieu pose au lecteur croyant à travers le texte scripturaire.

Selon Ellul, Dieu pose trois principales questions au lecteur de la Bible :

” Qu’as tu fait de ton frère ? (Gn 4, 9-10)

” Qui dites vous que je suis ? (Mt 16,15)

,. Qui cherches-tu ? (Jn 20,15)

La première question s’adresse à Caïn mais aussi au lecteur. Elle est en réalité une

double question : ” Où est ton frère ? ” Qu’as tu fait ? »

C’est une question éthique. Caïn se déresponsabilise en répliquant ” Suis je le gardien de mon frère?.

On peut espérer que le lecteur saura se responsabiliser, c’est à dire assumer ses actes, et s’engager à avoir souci de son frère pour en prendre soin.

La deuxième question s’adresse aux douze disciples de Jésus mais aussi à chaque

lecteur de l’Evangile. Simon Pierre répond de trois manières différentes selon les trois évangiles synoptiques. (Mt 16,16) ; Mc 8,28 ; Lc 9,20).

ll n’y a pas de réponse unique à chaque question de Dieu, y compris de la part d’une même personne.

C’est une question confessante. On ne répond pas de la même façon à une question de foi lorsqu’on a 20 ou 80 ans, avant et après une épreuve de santé, de rupture ou de deuil.

Enfin la dernière question posée ” Qui cherches tu, c’est celle posée à Marie de Magdala par Jésus qu’elle prend pour le jardinier. ll s’agit d’une question existentielle sur le sens de notre vie pour tous ceux qui méditent ce texte le jour de Pâques.

Que cherchons nous ? Quel est notre horizon et quelle est notre boussole ?

Cette question sollicite une réponse existentielle de la part de chacun et chacune d’entre NOUS.

Dixième jour

QUI EST DIEU ?

Question décisive pour quiconque cherche à recevoir sa vie et en accueillir le sens de la part d’un Autre, plutôt que de se croire l’auteur de lui-même.

Car si notre identité propre nous vient d’ailleurs, quel est cet ailleurs ?

Selon la tradition biblique il ne s’agit pas d’une force impersonnelle, mais d’une véritable personne, avec laquelle entrer en relation personnelle.

La révélation est précisément ce mouvement par lequel Dieu se fait connaître aux hommes.

Et pour les chrétiens, la révélation c’est Jésus-Christ qui nous dévoile le vrai visage de Dieu.

Or Jésus-Christ nous enseigne que Dieu est notre Père céleste.

Si Dieu est le Dieu de Jésus-Christ, il est notre Père, source de notre vie, infiniment et inconditionnellement aimant : Il est Lui-même amour.

Nous pouvons par conséquent nous adresser à Lui avec la confiance et la certitude d’un enfant devant son père : nous Lui devons tout, et nous avons l’assurance que nous recevrons jamais de Lui que bienfaits, soutien, consolation, nourriture et protection.

Nul autre n’est fidèle et donc fiable comme Dieu.

Il est totalement extérieur à notre monde, et donc s’avère un appui solide pour considérer notre monde de manière critique, et nous regarder nous-même sans complaisance.

Mais il nous a rejoint en Jésus-Christ et par conséquence loin de toute indifférence à ce que nous vivons.

Il nous guide avec amour sur nos chemins terrestres.

Il nous permet de devenir celle ou celui qu’il veut que nous soyons, dégagé(e) de tout ce qui nous aliène.

Il est en même temps Puissance etAmour, altérité et intimité.

Tel est le Dieu de Jésus-Christ.

 

Onzième jour

DEVANT LE TEXTE BIBLIQUE

Jacques Ellul écrit :

<< Le critère de ma pensée est la révélation biblique ; le contenu de ma pensée est la révélation biblique : le point de départ m’est fourni par la révélation biblique ; la méthode est la dialectique selon laquelle nous est faire la révélation biblique ; et l’objet est la recherche de la signification de la révélation biblique sur l’éthique. »

La pensée éthique de Jacques Ellul est donc centrée sur l’Ecriture, tout en conférant à la Bible un statut bien singulier, et en lui appliquant une méthode de lecture spécifique.

Jacques Ellul adresse tout d’abord de vives critiques à l’encontre de l’exégèse historico-critique et de I’exégèse structurale, utiles pour le jeu de la science, mais ne disant rien de la vérité.

Tout au long de l’oeuvre ellulienne, il y a tension entre la Réalité et la Vérité (qui disqualifie les méthodes de type scientifique).

Même critique pour I’exégèse marxiste (années 70)

A l’approche scientifique de la Bible, Jacques Ellul oppose la méditation d’inspiration Kierkegaardienne, qui considère que la révélation biblique s’adresse à l’existence même du sujet.

Il invite les lecteurs à redécouvrir la Bible comme une lettre d’amour de Dieu aux hommes.

La Bible doit être mise en pratique dans la confiance et I’espérance.

Mais il y a un préalable à toute lecture d’un texte biblique. [,a méditation de I ‘Ecriture commence par une écoute, puisque la foi se ressource dans le silence : La foi est d’abord une écoute ( . . .) elle patiente à l’écoute du silence, jusqu’à ce que le silence soit rempli de ce qui devient parole de Dieu..Après, à partir de l’écoute peuvent venir réponses , morale , action et engagement .

Mais tout cela épuise la foi, et celle-ci ne renaît et ne se ressource qu’au retour de l’écoute et la veille.

Le silence devant le texte biblique est un silence exigeant : non seulement le silence extérieur (calme des lieux où nous nous trouvons) mais surtout silence intérieur.

<< Il faut d’abord se laisser saisir par la beauté du texte,le recevoir dans l’émotion et l’écoute silencieuse comme une musique, et laisser sa sensibilité, son émotion parler avant de vouloir analyser et « comprendre ».

La Bible est un poème au sens fort du terme, c’est à dire une expression créatrice, une puissance spirituelle susceptible de faire du neuf dès lors qu’elle est reçue comme venant de Dieu.

L’analyse et la compréhension rationnelle ne peuvent éventuellement intervenir que dans un second temps. l’Ecriture concerne toujours les questions ultimes de I’existence.

C’est pourquoi la Bible ne doit être ensuite refermée qu’après avoir pris une décision qui engage notre existence.

Silence, disponibilité, accueil puis décision : tel est le chemin exigeant de la lecture de I’Ecriture.

Douzième jour

LOUANGE ET ADORATION

Jacques Ellul est connu comme juriste, sociologue, historien des institutions,, théologien protestant,, essayiste, précurseur de l’écologie radicale… mais très peu comme poète.

Et pourtant, dès qu’il avait quelques répit, il s’adonnait à cette activité créatrice.

Il a composé ainsi plusieurs centaines de poèmes mais n’en a publié aucun.

Ce n’est qu’en 1995 et en 1997 qu’ont paru les deux recueils édités à ce jour.

Silences, sobrement sous-titré Poèmes et Oratorio sous-titré Les quatre cavaliers de l’Apocalypse.

Il était un grand lecteur de ce livre qu’il méditait régulièrement et auquel il a consacré deux ouvrages de commentaires.

La poésie de Jacques Ellul est l’expression de son intimité spirituelle.

La première page de Silences est un poème sans titre : un chant d’immense gratitude envers Dieu.

L’ action de grâce est une expression constante dans la vie de Jacques Ellul, depuis sa conversion à l’âge de 17 ans, qui a offert un sens, une orientation, une boussole et une lumière à son existence.

A la recherche d’un renouvellement du langage d’adoration, il découvre sur le terrain de la poésie un chemin pour formuler devant I’Auteur de sa vie ce qui remplit son coeur.

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. « Les choses anciennes sont passées; voici toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 CO 5,17)

<, Nouveau ce simple jour à vivre ( …) et nouveau ce regard émerveillé »,.

Le même verbe grec egeirô signifie à la fois .  « se lever » et «  ressusciter » : chaque lever le matin est une résurrection où tout est renouvelé.

L’expression de gratitude ne fait que s’amplifier devant la prise de conscience de notre ingratitude.

Le décalage est abyssal entre la bonté de Dieu et notre méchanceté, entre sa fidélité et notre infidélité.

Le Dieu de Jésus-Christ est le seul vrai Dieu, celui qui me libère de moi-même.

 

Treizième jour

TOI SEUL

Dans la suite de Silences (1995) un second recueil de poèmes de Jacques Ellul est publié deux ans plus tard. C’est «  Oratorio » et il se présente effectivement comme un oratorio à cinq parties, comprenant des textes à proclamer par des récitants et d’autres par des choeurs.

Rédigé dans les années 1960 inspiré du chapitre 6 du dernier livre du Nouveau Testament (Ap 6, i-8) cet oratoire est sous-titré: Les quatre cavaliers de l’Apocalypse “.Il s’agit d’une véritable épopée.

Le premier cheval est blanc, il symbolise la Parole de Dieu, source du salut au milieu du chaos :

«  Je regardai quand l’agneau ouvrit I’un des sept sceaux, et j’entendis l’un des quatre êtres vivants qui disait comme d’une voix de tonnerre .< Viens ! » Je regardai, et voici parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc ; un couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre » (AP 6,1-2)

En alternance avec les récitants, le choeur des vieillards scande son chant par la référence à l’exclusivité du salut de Dieu de Jésus-Christ : << Toi seul… >>

Toi seul qui dit Je suis et rien n’était avant – où Ta parole est dite apparaît le néant quand s’oppose à lui le créé (O l3)

Le premier « Toi seul » renvoie à l’identité de Dieu. Il est le seul à pouvoir dire « Je suis » puisqu’il est le seul éternel, le seul vivant et la seule source de vie.

« Je suis » fait référence à la scène de Moïse devant le buisson ardent qui demande à Dieu quel est son nom. C’est ainsi que tu répondras aux entants d’Israël : Celui qui s’appelle << Je suis >> m’a envoyé vers vous. (Ex 3,14).

L’exclusivité absolue de Dieu repose sur ce double pouvoir de créer et de faire disparaître, de donner la vie et de faire mourir.

« Je suis l’alpha et l’oméga” dit le SeigneurDieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.

La deuxième exclusivité du Dieu biblique concerne sa toute puissance d’opposition aux «  Puissances « . Dans l’apocalypse, Dieu est nommé Pantokrator : << Tout Puissant » (par exemple en Ap 1,8), non plus seulement comme créateur et maître de la vie et de la mort. mais comme vainqueur du mal et des forces des ténèbres.

Il est ainsi le maître de toute chose et sait donc mener les puissances démoniaques, comme un dompteur sait maîtriser une bête féroce.

Et la troisième exclusivité, sans doute la plus saisissante, est son pouvoir de conversion des méchants et de salut pour tous : Lui seul est sauveur, et ce salut est universel, parce qu’il est I’Amour même. « Dieu est Amour dit la première épître de l’apôtre Jean (1 Jn 4,8.16) : l’Amour n’est pas qu’un simple attribut de Dieu parmi d’autres, il s’agit de Son nom et de son identité. Il aime même les damnés, c’est à dire nous tous qui ne méritons pas sa miséricorde ni son salut et Il fait de nous tous les ambassadeurs de la justice et de la paix.

L’analogie entre les Hébreux au désert et les femmes et les hommes d’aujourd’hui, en marche au milieu des multiples servitudes du temps présent, est saisissante.

Jacques Ellul a le don d’actualiser les figures bibliques très anciennes en leur conférant une vigueur remarquable.

La dernière exclusivité du Dieu de Jésus-Christ concerne la seule raison de vivre et de poursuivre sa route : ce n’est pas le but du chemin qui est attractif, mais uniquement le moteur de la marche, le motif de la marche.

Le Seigneur est à la fois celui qui donne une raison de vivre et d’avancer et Celui en qui l’on avance, et donc en qui réside notre vie.

La fin de ce chant du choeur des vieillards est un sommet d’évocation : l’humanité entière est en marche, mais sans le Seigneur tous se perdent, et avec Lui tous sont renouvelés, accueillis, recueillis, sauvés. I.a marche se poursuit mais avec ses souffrances et ses perditions, et toujours à nouveau ses relèvements et ses sauvetages.

Loin de se limiter à une prévision pour la fin des temps, l’Apocalypse est une lumière sur notre vie présente.

Quatorzième jour

L’ETHIQUE DE LA NON-PUSSANCE

Sur le modèle de la notion de non-violence, Jacques Ellul a forgé un concept nouveau : celui de la non-puissance. Comme il avait construit une double dialectique, engagement – désengagement – dégagement, espoir-désespoir-espérance, il institue de nouveaux concepts : puissance-impuissance-non puissance.

La puissance est la capacité de faire; f impuissance est l’incapacité à faire ; et la non-puissance est la capacité de faire et le choix de ne pas faire.

La non-puissance n’a rien à voir avec l’impuissance.

Jésus qui en tant que Dieu était tout puissant, a adopté une attitude de non-puissance et pas seulement de non-violence.

_ Il demande à Jean-Baptiste d’être baptisé par lui (Mat 3, 13-17)

_ Il résiste aux trois tentations du diable qui l’incite à manifester sa puissance (Mt 4,L-ll)

Il refuse d’accomplir certains miracles (Mt 12,38-45)

_ Lors de son arrestation il ne fait pas appel à des légions d’anges (Mt 26, 52-53)

_ Lorsqu’il résiste aux injonctions de descendre de sa croix (Mt27,39-4)

Jacques Ellul voit dans tous ces exemples une application par Jésus de son enseignement du Sermon sur la montagne (Mt 5, 38-48).

A la suite de lui, les chrétiens sont invités à entrer dans un chemin de non-puissance.

Telle est leur vocation, si exigeante en réponse à la grâce.

Jacques Ellul n’occulte nullement la difficulté d’une éthique de la non-puissance : elle va à l’encontre de la nature humaine.

Car l’esprit de puissance est bien au coeur de l’homme.

Comment renoncer à toute recherche d’efficacité dans nos actions ?

Et cependant la non-puissance est à la fois le seul chemin de fidélité au Christ et la seule attitude qui mette réellement en question le système technicien dans lequel nous vivons, marquée par l’obsession de I’efficacité.

Notre société technicienne est gouvernée par une loi sacrée, qui avait été édictée par un physicien hongrois, Denis Gabor : « Tout ce que nous pouvons techniquement réaliser sera nécessairement réalisé ». C’est la loi du déterminisme technicien le plus implacable. Or concrètement, la non puissance profane la loi de Gabor. Tout un chacun peut mettre en oeuvre la non-puissance dans sa vie quotidienne. Il y a là une forme d’iconoclasme : la technique est devenue notre nouveau sacré , et toute mise en question de cette idole ne peut être reçue que comme un sacrilège.

Il ne s’agit pas seulement de contester la loi de Gabor, mais de mettre en oeuvre un autre possible et d’en témoigner : témoigner de son espérance et adopter un posture prophétique..

L éthique de la non-puissance découle de la foi des chrétiens. L’incarnation est bien le choix par Dieu lui-même, en Jésus-Christ, d’un chemin de non-puissance. Et la résurrection est la victoire sur la mort. lncarner dans notre vie quotidienne notre foi en la résurrection, c’est être libéré de toute obsession de faire nos preuves, de tout souci de déployer notre propre puissance pour régler tous nos problèmes au moyen de nos propres forces.

L éthique de la non-puissance n’est pas une voie de facilité, elle est une rupture avec les valeurs et les idéologies ambiantes. A l’heure des défis écologiques, des perspectives effrayantes du changement climatique, du développement chez nos contemporains de l’éco-anxiété, l’éthique de la non-puissance est d’une pertinence inégalée.

Dès 1950 Jacques Ellul anticipait cette évidence du développement durable : il ne peut poursuivre un développement infini au sein d’un monde fini.

Chaque recours à la puissance doit être passé au crible de ce critère décisif: est-ce au service de l’amour, de la vie, de l’être humain ? Ou est-ce une manifestation de puissance pour la puissance, un déferlements de puissance en faveur des intérêts de quelques-uns.

L’éthique de la non-puissance doit nous permettre de privilégier en toute situation l’amour et la vie.

Jacques Ellul proclame : « Seule la non-puissance peut avoir une chance de sauver le monde » 

 

Quinzième jour

BILAN D’UNE VIE

J’ai dit ce que je pensais et cela n’a pas était entendu. Je l’ai probablement mal dit. Mais bien plus important, il m’a peut-être été donne parfois de rendre témoignage à Jésus-Christ. Peut-être au travers d’une parole ou d’un écrit, un homme a rencontré ce Sauveur, le seul, l’unique, auprès de qui tous les projets humains sont des enfantillages ; alors, si cela a eu lieu, je serai comblé et, à ce moment, gloire à Dieu seul.

Jacques Ellul n’est pas qu’un lanceur d’alerte. Il est aussi un grand spirituel, un témoin de la grâce et de la fidélité du Dieu de Jésus-Christ.

ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
11 février 2024

Atelier de Lectures Oecuménique du 8 février 2024

Atelier animé par P. et G. Bécheret

 

 

Jacques MUSSET      JÉSUS POUR LES NON – RELIGIEUX

( Rendre son humanité au prophète de Nazareth )  Éditions KARTHALA : collection SENS & CONSCIENCE

 

 

Jacques MUSSET est né le 29 mars 1936, il a 88 ans.

Il a été successivement aumônier de lycée, animateur de groupes bibliques et formateur à l’accompagnement des malades en milieu hospitalier.

Ancien prêtre, marié, il a écrit plusieurs livres sur son itinéraire spirituel. Il anime des sessions de l’association culturelle des Amis de Marcel LÉGAUT.

Nous avons eu l’occasion de le côtoyer et de découvrir sa spiritualité dans différentes rencontres organisées par la fédération des Chrétiens du Parvis, à laquelle nous appartenons.

 

Qui sont les Non – Religieux , pour Jacques MUSSET ?     On pourrait penser que son livre vise les agnostiques et les athées . C’est vrai . . . et pas vrai !   

Cet ouvrage  s’adresse principalement à des chrétiens qui, tout en demeurant attachés à la figure de JÉSUS, ont pris leur distance avec leur église, et notamment la Catholique.

 

Jacques MUSSET se classe lui-même  comme un  Non-Religieux , c’est-à-dire comme un chrétien qui dénie  à l’institution religieuse de gouverner sa route et sa spiritualité.

 

Comme les Non-Religieux, il ne peut accepter ni supporter que l’on ait enfermé le personnage de Jésus ( son message, son approche responsable ) dans un système religieux

avec ses dogmes. . . ( Ce qu’il faut croire ),

sa morale  . . . ( Ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour être un bon chrétien ),

ses rites . . .  ( Comment célébrer pour être en relation avec Dieu )

et sa hiérarchie sacralisée . . . ( qui fait loi et à qui obéir ).

 

Jésus n’a pas institué une religion ; il  a initié une manière de vivre humainement dans toutes ses dimensions.

 

Les « non-religieux »  sont ceux qui reconnaissent  à la science et à la recherche le pouvoir de dresser d’autres représentations possibles de Dieu.   

Les Non-Religieux ont abandonné la conception théiste de Dieu ,

 

La conception « théiste de Dieu « . . .   Qu’est-ce que cela veut dire ?

 

 le Dieu théiste est celui qui a créé le monde et tout ce qui existe , dont l’homme .

  • C’est un Dieu qui conduit l’histoire humaine et les destins individuels en leur attribuant à chacun une vocation.
  • C’est un Dieu qui rétribue le bien et punit le mal,
  • C’est celui qui peut grâce à sa puissance opérer des miracles dans l’univers et dans la vie des individus,
  • C’est celui qui a parlé pour se faire connaître et pour révéler aux hommes comment se comporter en humains.

Cette conception de Dieu pour J.M. est totalement invraisemblable

 

Jacques MUSSET distingue deux catégories de  « NON – RELIGIEUX ».

 

La première, dont il fait partie, désigne des chrétiens qui ont déserté les églises dont ils étaient membres. Dispersés géographiquement, un certain nombre d’entre eux sont membres de petites communautés où ils se rencontrent pour échanger et se soutenir. Ils méditent les Évangiles, partagent le pain et le vin en mémoire de Jésus pour réanimer en eux l’esprit d’authenticité et de fraternité qui l’animait.

Les Non-Religieux ne se retrouvent plus dans la doctrine officielle , celle que leurs Église d’origine continuent  de professer sur Jésus.

Ils ne se retrouvent plus  dans les liturgies qui le célèbrent,

Ils ne se retrouvent  plus dans les prétentions des autorités hiérarchiques à parler en leur nom.

 

Ces chrétiens non-religieux reprochent au christianisme devenu une religion établie, d’avoir dénaturé Jésus.

Ils sentent un décalage phénoménal entre ce que fut Jésus de Nazareth, l’intrépide marcheur sur les routes de Galilée, pressant chacun à « vivre vrai « , et l’auguste personnage divin à l’identité figée, définie par les dogmes promulgués aux  4èmeet  5ème siècles.

 

Ainsi Jacques MUSSET nous  présente dans son ouvrage des penseurs chrétiens actuels, porteurs tous d’un témoignage vécu en lien avec la personne de Jésus dans la culture de notre temps. Leurs écrits se complètent, aidant leurs lecteurs à devenir des chrétiens « adultes « . Les médias , fortement influencés par  les appareils institutionnels religieux ayant pignon sur rue,  les considèrent  comme «  pas  très catholiques ! » , et se  refusent à en informer leurs lecteurs.

 

Ainsi l’auteur consacrera un tiers de son étude à la présentation de 7 de ces chercheurs-philosophes-théologiens qu’il qualifie de non-religieux , mais  viscéralement chrétiens:

 

            Le philosophe-théologien Lucien LABERTHONNIÈRE ( 1860 – 1932 )

  • L’évêque Anglican John Shelby SPONG ( 1932 – 2021 ) dont le premier ouvrage traduit en français en 2013 s’appelait «  Jésus , for the  Non-Relgious ».
  • Le théologien Jésuite Joseph MOINGT ( 1914 – 2020 )
  • Le penseur Marcel LÉGAUT ( 1900 – 1990 ) dont une association culturelle perpétue le souvenir et le message à Mirmande ( Drôme )
  • Le chercheur-écrivain Gérard BESSIÈRE ( 1930 – . . .)
  • Le psychothérapeute Eugen DREWERMANN ( 1939 – . . . )
  • Le théologien-philosophe Bruno MORI. ( 1939 – . . . )
  •  

Ces chrétiens font subir au christianisme traditionnel une décantation radicale avant de le rebâtir sur des racines évangéliques.

 

Il y a dans l’ouvrage de J. M. une deuxième catégorie de non-religieux actuels. Ce sont des non-chrétiens de notre temps, agnostiques  ou athées mais pour qui Jésus de Nazareth demeure une figure de proue de notre histoire contemporaine ( bâtie dans les sillages des Croisades, des colonies , de la Shoa, de la  Terre Promise . . . ) . Ce « Messie juif  » ne cesse de les inspirer personnellement. Ils peuvent prétendre au titre  de compagnons de route. Leur témoignage est stimulant .

 

Ainsi  J.M. nous livre les analyses et interrogations d’un certain nombre de contemporains dont la fécondité de la pensée apporte une compréhension élargie  du pèlerinage de JÉSUS en Palestine.

 

            Le penseur et homme politique Antonio GRAMSCI

            L’écrivain Erri De Luca ( nous avons parlé d’une de ses œuvres à l’Atelier )

            Le romancier Emmanuel CARRÈRE

            Le mystique Charles JULIET

            Le poète René Guy CADOU

 

Avant de progresser avec Jacques MUSSET   et d’identifier son cheminement progressif vers l’ humain qu’est  Jésus, nous allons nous attacher à l’itinéraire de l’un de ses auteurs  chrétiens  référencés en la personne de  Bruno MORI.

Théologien et philosophe d’origine italienne, Bruno Mori vit à Montréal ( Canada ) depuis 40 ans ; naturalisé Canadien, il a dirigé à Montréal de 1980 à 2002 le Service de documentation pastorale , un  Centre culturel renommé et une librairie spécialisée en littérature religieuse.

 

L’ouvrage écrit par ce dernier donne une mise en relief  et un retentissement mobilisateur du cheminement spirituel opéré par Jacques MUSSET : après avoir  étudié comment sont nées et se sont développées les religions à l’ère paléolithique quand les humains étaient chasseurs-cueilleurs, puis à l’ère néolithique lorsqu’ils se sont sédentarisés, Bruno MORI s’est intéressé aux fonctions religieuses et sociales exercées par les humains au fil des siècles.

 

 Il a débouché sur la création  des mythes chrétiens  fondés aux  premiers siècles de notre ère. J’en citerai trois parmi ceux développés par B.M. Cela mérite un arrêt sur image qui nous fait toucher du doigt les conséquences de l’irruption  de  tels mythes dans la liturgie de l’église catholique.

 

Pour mémoire :

 Saint Augustin a créé le mythe «  du péché originel «  ( inspiré par la faute d’Adam et Ève : tous les humains, descendants du premier couple fautif, naissent imprégnés du péché originel que seul le baptême peut effacer )

 

L’évêque Anselme de CANTORBERY a validé les mythes de l’incarnation et de la rédemption ( La faute originelle a produit envers Dieu une offense infinie qu’aucun humain ne peut réparer : seul le fils de Dieu lui-même envoyé sur Terre par son Père et s’incarnant, a pu l’expier par ses souffrances  et sa mort sur la croix ! )

 

La revendication de l’Église Catholique  d’être la véritable religion aux yeux de Dieu frise le ridicule  dans un monde actuel où s’étale la diversité des religions, des philosophies et des traditions spirituelles : sa doctrine, son organisation, sa morale etc. . . n’ont plus de crédit auprès des populations.

 

Dans une humanité capable de s’autogérer, il s’agit pour Bruno.Mori. d’inventer des sagesses qui stimulent intérieurement les humains à s’humaniser : débattre et appliquer les voies les meilleures pour sauver la Planète, lutter contre les inégalités, instaurer la justice et la fraternité, remplacer la religion par «  La Voie !  « .

 

Un gros mot que « LA VOIE . . .  ! » : il s’agit de substituer à une religion chrétienne moribonde ce que les premiers chrétiens appelaient déjà «  La Voie ».  La Voie , soit une nouvelle manière de vivre de Jésus de Nazareth, assez révolutionnaire pour exercer une si forte  attraction sur ses disciples . ( un humanisme actif. ?)

 

La référence à un Dieu,  perçu comme la dimension la plus profonde du cosmos et le cœur qui le fait battre, se substitue à celle du  Dieu théiste , à la fois magique et olympien que les  chrétiens ont déployés.

Finie l’identification du christianisme avec les doctrines dogmatiques qu’il faut apprendre,

Finie sa confusion avec les mises en scène des liturgies religieuses éthérées, présentées par les prêtres et les pontifes en tenue d’apparat, auxquelles assiste passivement le peuple chrétien

Finie ses prétentions de régenter la pensée et les conduites du monde sécurisé ?

 

Bruno MORI conclut son ouvrage

   <<. Pour un christianisme sans religion : RETROUVER LA « VOIE » DE Jésus.  >> de Nazareth.

Par l’émission d’un souhait :

                                               Je suis convaincu que le christianisme aura une chance de survie dans le futur, mais seulement à une condition : s’il est capable

  • de retrouver la source originelle de laquelle il a coulé et que la religion a colmatée,
  • de se mettre exclusivement à la suite de l’homme de Nazareth,
  • De le libérer de l’emprise d’une religion qui l’a séquestré pour le transformer en un chimérique Christ-Fils de Dieu (p 255).

 

Il est temps de revenir à l’ouvrage de Jacques MUSSET, ainsi introduit par la réflexion théologique et philosophique de Bruno MORI , cité comme l’un des Non-religieux chrétiens par Jacques MUSSET.

 

CE QUE NOUS VENONS DE DÉCOUVRIR À TRAVERS CET AUTEUR ITALO-CANADIEN EST QUELQUE PEU RÉVOLUTIONNAIRE. . .

 

Emboitons nos pas dans la trace de ceux de Jacques MUSSET.

Et tout d’abord, quelques questions pour réveiller notre propre capacité d’adhésion  aux analyses de jacques MUSSET

 

 

Qui est vraiment LE CHRIST ? . . .    Est-ce le Messie annoncé par les écritures  ?  . . .  

 

Est-ce L’ Agneau de Dieu ?

 

Quelle est  précisément sa figure historique ? . . .  Quel personnage Jésus de Nazareth a-t-il vraiment été ?

 

Comment une  religion dite « Chrétienne » pourrait s’affranchir du personnage évangélique qu’est Jésus ?

 

Comment le chrétien pourrait-il vivre dans un Monde sans Dieu ? . . .   

 

Le Dieu théiste est mort ! . . .   Mais existe-t-il  un autre Dieu . . . ?

 

Le chrétien peut-il vivre dans une société  dont Dieu serait  totalement absent , inconnu . . . ?

 

Être chrétien , ne serait-ce pas tout simplement   être humain ? . . . 

 

Quelle responsabilité doit assumer le chrétien dans le milieu au sein duquel  il est plongé ?

 

Que devient la promesse  pour chacun d’une vie éternelle après la mort  ?  . . .

 

La vie éternelle correspond-elle à une promesse dans les propos de Jésus ?

 

Jacques MUSSET a introduit son ouvrage par la question de savoir qui sont les personnes interpellées par le livre «  Jésus pour les non-religieux « .

 

Nous avons évoqué  la distinction qu’il fait entre deux espèces de  Non-religieux. 

Il y a ceux qui appartenaient à l’église et s’en sont séparés.

`Il y a ceux qui n’ont jamais rejoint le christianisme , mais  connaissent  et comprennent les valeurs qui unissent les chrétiens .

 

Il  s’interroge ensuite  sur l’absolue nécessité d’actualiser à nos jours la figure du Nazaréen, lequel a vécu à une autre époque que la nôtre . Ce travail d’identification de la personnalité de Jésus permettra de réaliser que Jésus est bien autre chose que «  l’opium du Peuple » .

 

Il n’est pas le refuge des résignés, des névrosés comme le dit  Jacques.Musset.   ni une assurance-vie pour l’au-delà, comme le laissent entendre certaines formes de christianisme traditionnel

 

I/         * Qui était JÉSUS de Nazareth ,  en son temps *

 

J.M. nous invite à rejoindre en direct  l’homme que fut Jésus sur Terre, et non pas le Fils de Dieu,/Jésus/le Messie envoyé sur Terre.

Il s’agit de mettre à la poubelle les images d’Épinal de Jésus , et de s’imposer un travail d’exégèse sur les textes évangéliques pour distinguer le JÉSUS historique ( qui a marqué l’histoire ) du JÉSUS divin  ( dépendant d’une interprétation croyante )

D’où la nécessité de faire apparaître les enjeux sur lesquels il a misé sa vie en paroles et en actes, quels combats difficiles il a mené , quels conflits il a suscité, avec qui, . . .  et pour quelles raisons il a finalement été éliminé .

 

Le Jésus historique identifié ne couvre que quelques mois , voire une année  et quelque mois . . . Son passé ne nous est pas connu : les révélations  tirées de la confrontation des écrits évangéliques et des premières lettres de Paul sont discordantes, voire incohérentes,  et ne peuvent  prétendent à  établir quelque biographie que ce soit.

 

Le Jésus historique nait , lui, de sa rencontre avec Jean-le Baptiste. Jésus a 34 ou 35 ans.

 Il apparaît comme un prédicateur original du règne de Dieu,  confronté à une ambiance sociale mouvementée : domination romaine, attente d’une libération  du pays,  triomphe des justes qui respectent la loi , existence d’une riche aristocratie sacerdotale dont les intérêts économiques n’attendent rien d’un bouleversement divin  . . . )

 

Où Jésus puise-t-il ses convictions qui unissent la cause de Dieu et l’homme dans son humanité ?

 

J.M. souligne le comportement d’un Jésus accordant  ses actes à ses paroles. Il remarque l’extraordinaire souci manifesté par Jésus, tout au long de son ministère , de cultiver par la prière une relation intime avec Dieu.. . . Un véritable ressourcement !

 

Et toujours des prises de position manifestant une autorité qui a tant frappé ses compatriotes ! 

 

De l’avis des historiens, Jésus meurt crucifié le 7 avril 30 ! Son implication dans l’annonce d’un monde nouveau, monde qu’il appelle  Le Royaume de Dieu , aura déclencher des conflits dans 3 directions : avec sa famille, avec ses disciples, avec les spécialistes de la loi et gardiens du Temple.

 

J.M. analyse les raisons qui justifient une vérité essentiellement symbolique des écrits qui nous sont parvenus, et qui en conséquence doivent éviter toute interprétation littérale. Les démonstrations sont édifiantes et font prendre un recul  salutaire par rapport au démêlage du vrai – de l’historique- et du faux – de la foi/conviction intérieure-

 

 

2/          * actualiser l’esprit de Jésus en notre temps *  nécessité et exigences

 

Une impérieuse responsabilité.

 

Il ne s’agit pas de copier le Jésus historique

 

Notre temps n’est plus le sien : après sa mort, durant des dizaines d’années, on a continué à attendre l’avènement sur Terre du Royaume de Dieu . En vain . Jésus l’avait cependant  annoncé.

 

Jésus était un homme singulier

Il n’a pas épuisé toutes les figures possibles d’humanité :  justifier aujourd’hui l’impossibilité pour une femme de devenir prêtre ou évêque au motif du sexe de Jésus témoigne d’une piteuse fidélité à la transposition des us suivant les âges.

 

Les représentations de Jésus concernant le monde, l’homme et Dieu ne sont plus les nôtres.

Les cieux sont vides d’une présence divine, l’univers s’explique très bien sans faire intervenir un créateur divin, le couple humain n’est pas sorti des mains de Dieu mais de la longue évolution des espèces vivantes.

 

Reproduire, répéter purement et simplement ce que le Nazaréen a dit, fait et vécu  serait de l’anachronisme et la pire des infidélités.

 

Comment se référer aujourd’hui à Jésus d’une manière créatrice.

 

Un héritage ne demeure vivant que recréé :

Dans une société marquée par l’exigence de comprendre en se référant aux découvertes scientifiques , le chrétien ne pourra accepter passivement des explications qui n’ont plus de sens pour lui. ( J.S.Spong )

 

La religion juive a le grand mérite de générer un modèle de réinterprétation  permanente. La foi juive a sans cesse évolué. Les croyants juifs ont traversé de nombreux bouleversements qui les ont amenés à mettre en question leur catéchisme du moment qui ne répondait plus aux situations nouvelles.

Exemple du livre de Job, qui est une longue protestation contre le catéchisme de l’époque.

 

Le drame de la conceptualisation du christianisme

Dans les premières doctrines chrétiennes élaborées dans la culture grecque et dans les dogmes sur Jésus aux IVè et Vè siecles, l’accent se déplace sur l’acquisition d’un savoir concernant son identité. La doctrine prétend délivrer une connaissance et non inviter à un changement de vie.

 

La nécessaire inculturation du christianisme pour qu’il soit crédible :  l’usage de ce  terme utilisé dans le vocabulaire théologique signifie qu’une tradition spirituelle, née historiquement à un moment donné et dans un contexte particulier à besoin d’être repenser pour prendre tout son sens dans un autre contexte culturel.

Cette « « inculturation « a pris tout son sens quand les indigènes  des colonies africaines ont été déversés dans les religions des colonisateurs sans prendre en compte leur propre représentation de l’humain et du divin.

Il en est de même aujourd’hui pour les vieux pays de chrétienté catholique en occident. Les fidèles se sentent étrangers à la doctrine officielle de leur église.

 

Les exigences d’un christianisme inculturé dans la modernité actuelle

Les représentations traditionnelles de Dieu créateur du monde, intervenant à sa guise, faisant la pluie et le beau temps et conduisant l’histoire en sous-main, sont devenues totalement périmées.

 

En conclusion , J.M. précise que la nouveauté de Jésus se vit dans l’épaisseur de la vie humaine, culturelle, politique, sociale. C’est à cette condition que l’expérience évangélique a pu, et peut inspirer la vie de femmes et d’hommes de toutes les cultures au cours des siècles.

 

Cf lettre d’un chrétien anonyme du  2ème siècle à son ami Diognète, non chrétien. P 51 ;

 

<<  Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes, ni par le pays, ni par le langage, ni par le vêtement.

Ils n’habitent pas des villes qui leur soient propres,

ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’rien de singulier.

 Ça n’est pas à l’imagination ou aux rêveries d’esprits agités que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne se font pas , comme tant d’autres, les champions d’une doctrine humaine.

Ils se répartissent dans les cités ( . . . grecques et barbares . . .   ) suivant le lot échu à chacun ;

 

 ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle.

Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et une patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent tous la même table, mais pas la même couche.

 

Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies ;  leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois.

 

En un mot, ce que l’âme est dans le corps,                                                       

Les chrétiens le sont dans le monde . . .

 

 

 

 John Shelby SPONG  ( 1931 – 2021 )

 

Auteur de 26 livres entre 1973 et 2918. Ancien évêque anglican qui s’est libéré des croyances chrétiennes traditionalistes ;

A combattu toute forme de lecture ( et d’interprétation fondamentaliste ) des Écritures ( Ancien et Nouveau Testaments ).

 

Pour lui, les représentations d’un Dieu tout-puissant et justicier

  • ont engendré culpabilité et irresponsabilité
  • ont entretenu un machisme clérical vis-à-vis des femmes
  • ont entretenu un rejet des homosexuels

J.S.Spong a constaté combien les identités glorieuses données à Jésus après sa mort  au fil des siècles étaient aux antipodes de l’homme fraternel qui remet debout des hommes et des femmes marginalisés, rejetés par la religion et la société.

 

Marcel LEGAUT  (1900 – 1990 )

 

Élève de Normale sup à 18 ans, jeune scientifique , pratiquant dans toutes ses études des principes méthodologiques et des analyses critiques qui lui font poser quelques interrogations essentielles.

 Officier de réserve, il est démobilisé après l’armistice de 1940. Quitte l’enseignement supérieur en 1942, pour créer une bergerie dont il assumera la direction jusqu’à sa mort.

 A été très influencé par le prêtre Fernand PORTAL, religieux lazariste fortement engagé dans un projet d’union entre anglicans et catholiques. Suspendu brutalement par Rome, Fernand PORTAIL devient  aumônier officieux des jeunes étudiants catholiques  de Normale sup  ( les TALAS ) !

 

Marcel L. découvre un christianisme de liberté,  personnel, centré sur Jésus. Il rejette le christianisme traditionnel avec sa doctrine dogmatique, sa liturgie bien cadrée, son obéissance au Pape, aux évêques et aux prêtres mandatés par Dieu pour diriger le peuple chrétien.

 

A étudié la manière dont avait surgi les dogmes dés les premiers siècles. Il s’est demandé comment cette culture singulière s’est imposée à tous les chrétiens comme étant la vérité alors qu’elle repose sur des postulats invérifiables, contredits par les acquits scientifiques et fragilisés par des interprétations périmées – car littérales –  des Évangiles.

 

Inculturer la foi chrétienne dans la culture actuelle : cela veut dire qu’une religion doit sans cesse se réinterpréter, pour traduire ce qui en est le cœur dans les manières de penser des cultures où elle s’implante.

 

Marcel L. est devenu progressivement la cheville ouvrière d’une vaste communauté d’enseignants chrétiens de l’enseignement public, qui se retrouve après sa mort au sein d’une association culturelle dont le siège est à Mirmande (Drôme)

 

A publié en 1970 : <  Intelligence du passé et de l’Avenir du Christianisme >

 

En 1975 :  < Mutation de l’Église et conversion personnelle >

 

En 1971 ; < L’Homme à la recherche de son humanité > 

 

Il existe une édition de ses dialogues avec le Jésuite François VARILLON, rencontres organisées en 1971 ( Paris ) et en 1978 ( Lyon ) par le Centre Catholique des Intellectuels

 

DREWERMANN: une phrase résume sa vie et sa démarche:

la psychanalyse est un moyen  de libération intérieure

né en 1940 dans la Rhur, il fait des études philosophiques, devient prêtre puis plus tard enseignant.

Jeune prêtre, il exerce son premier ministère dans un centre de cure thermal: les personnes qui viennent là souffrent de maux psychiques liés à des évènements traumatisants, dont ils n’arrivent pas à s’en sortir.

Ni la messe, ni la prière, ni les rencontres avec des prêtres ne les aident à retrouver leur équilibre.

Mais Drewermann se rend compte que le fait de les écouter, de les laisser s’exprimer et d’être pris en considération leur apporte un début de soulagement.

Cette expérience le renvoie au Jésus des Evangiles.

Il s’interroge:

L’Eglise et les chrétiens ne peuvent ils pas s’inspirer de la pratique d’accompagnement de Jésus, l’Ecoutant par excellence, auprès de ses contemporains?

Drewermann se soumet alors à une psychanalyse puis se forme comme thérapeute à l’école de Sigmund Freud et Carl Jung.

Il reçoit ensuite en consultation et aide les personnes à retrouver équilibre et joie de vivre. Il vérifie  alors le bien-fondé de son travail thérapeutiques  et de sa conception du christianisme comme une Parole qui guérit. 

Après une analyse psychanalytique des  Evangiles. il est persuadé que  sa vision de Jésus comme thérapeute des humains blessés est pour l Eglise  catholique plus que jamais nécessaire dans la mesure où elle est incapable à les guérir; elle les considère comme pécheurs. p 144 (la parole qui guérit)

Cette incapacité  selon Drewermann est la conséquence d’une infidélité à la traduction biblique et à celle de Jésus et des Evangiles par rapport à sa conception du salut.

Comment en est-on arrivé là?

Le point de départ, c’est l’interprétation littérale de l’homme biblique comme s’il s’agissait de données historiques; 

Or, la Genèse est un mythe,une réponse aux questions des Juifs des 7 et 8ème siècles avant Jésus qui se posent des questions: pourquoi le mal? Pourquoi la jalousie , le besoin de dominer? Pourquoi la mort?

Après la venue des prophètes, Jésus révèle à travers sa pratique d’accueil, d’écoute, de libération offerte sans condition, le visage d’un Dieu, partenaire de l’homme: c’est le message véhiculé par  les 1ers chrétiens:

Mais au 2ème siècle  après JC, se met en place un mythe chrétien en lien avec le mythe biblique des origines: Jésus par son sacrifice sur la croix sauve tous les humains de leur condition pécheresse, héritée du péché d’origine. En interprétant littéralement l’affirmation de Paul dans sa lettre aux Romains 6.11 p146 «Par le baptême, considérez que vous êtes morts au  péché et vivants pour Dieu, en Jésus-Christ. », autrement dit »Vous avez été sauvés, vivez comme tels ». Les chrétiens n’ont plus qu’à entretenir leur fidélité à Dieu par une adhésion aux dogmes, par l’observation de leur hiérarchie religieuse mise place- leur dit-on- par Jésus lui-même.  Voilà la dérive mortifère.

Pour les hommes d’aujourd’hui, cette attitude de l’église défendant sa morale et sa doctrine qui traite durement les chrétiens qui n’obtempèrent pas, est inhumaine et ne reflète pas l’attitude de Jésus et son accueil des personnes dans leurs histoires singulières.

Selon Drewermann, l’exégèse historico-critique des Evangiles montre qu’ils ne sont pas des reportage en direct du vécu du peuple juif,mais des interprétations et des prises de position  pour en révéler le sens profond. Ainsi est interprété l’évènement Jésus par les apôtres : pour eux, la mort physique de Jésus n’a pu avoir raison de la Vie qui l’habitait. Il demeure Vivant de cette Vie-là. 

La pratique thérapeutique de Jésus est présente dans toutes les pages des Evangiles à travers les miracles, qui sont la mémoire grossie des premières générations chrétiennes sur l’aventure de Jésus thérapeute. Ces miracles sont toujours possibles aujourd’hui « il n’y a de salut qu’à travers une conversion… une transformation qui conduit l’individu de passer de la mort à la vie ».

En conclusion, Drewermann pense que le christianisme primitif a dévié de sa trajectoire initiale et que  la Parole qui engage à s’humaniser est devenue une institution rigide ignorant les péripéties humaines. 

Ce moralisme de l’église catholique, générateur d’angoisse, a généré selon lui des névroses.

A cause de sa lecture psychanalytique des évangiles et de l’audience qu’il recueille,  à cause des idées qu’il défend, Drewermann est sanctionné: interdiction de célébrer, de prêcher ou de confesser et d’enseigner.

En position d’excommunication de fait, Drewermann quitte l’église catholique en 2005.

Jacques Musset a écrit un chapitre intitulé

 

JÉSUS INSPIRATEUR D’AGNOSTIQUES ET D’ATHÉES EN NOTRE TEMPS

 

Jésus parle aussi aujourd’hui à des non-chrétiens qui ont peut être entendu parler de Jésus et  s’efforcent de vivre d’une façon juste, solidaire et pacifique.

Jacques Musset cite quelques noms : le penseur et homme politique Gramsci, les écrivains Emmanuel Carrère, Erri de Luca , etc. qui ont puisé et puisent entre autres sources, au témoignage de Jésus et à certains de ses disciples.

Ces hommes et ces femmes vont trier pour discerner  et choisir ce qui dans sa manière de vivre , de parler et d’agir de Jésus, leur est leçon de vie.

 

Quels sont les aspects de l’itinéraire et de l’enseignement de Jésus auxquels ils peuvent être sensibles?

1°) Jésus est un homme qui a cherché et trouvé sa voie. qui a été comme la nôtre , une naissance progressive à lui-même: chemin évolutif dont il ignore par avance jusqu’où il le conduira.

Après avoir été le disciple de Jean Baptiste, Jésus « se met à son compte ».

Les foules viennent à lui, c’est le succès, mais assez vite l’opposition des religieux se dresse contre lui. Jésus sait se défendre et il se ressource au cours de nuits de silence à l’écart.

Dans ce combat de fidélité, Jésus, pour tracer son chemin et découvrir « sa mission » a dû assumer sa solitude fondamentale.

Des évènements vont l’appeler à élargir ses perspectives de départ et faire découvrir des dimensions nouvelles de sa « mission » auxquelles il n’avait pas songé: La cananéenne, la samaritaine par exemple 

jésus s’est risqué à inventer son chemin à ses risques et périls mais au fur et à mesure, il a été convaincu que son action était libératrice.

Et lors des derniers jours de son existence qui semblait se terminer par un échec , il ne renia rien de ce qu’il avait vécu et l’assuma en toute liberté .

Jésus nous invite à inventer notre chemin pour devenir ce que nous avons à être.

2°) L’humanisme de Jésus est une mine où puiser à sa convenance

tout l’enseignement de Jésus vise à aider chaque être humain rencontré à naître à lui-même, à devenir lui-même en inventant son propre chemin d’humanité.

Le coeur de son enseignement  se résume à cette phrase:  la vraie vie est en vous.

Naître à soi-même c’est pour Jésus veiller incessamment à vivre dans la vérité 

Mais comment vivre en vérité?

  • en incarnant ses convictions dans le quotidien de l’existence, dans les choix qui sont posés, dans la qualité de la relation avec autrui, dans le rapport avec l’argent. Le critère n’est pas l’appartenance à une religion.
  • en débusquant les l’illusions et les perversions possibles: Jésus met à nu la contradiction entre le dire et le faire.
  • en cultivant la lucidité et en développant sa liberté intérieure
  • en étant cohérent dans notre pratique entre le penser, le dire et le faire pour construire solidement l’humain en soi
  • en pratiquant l’échange avec autrui afin de vivre en authenticité.
  • en consentant à rencontrer l’épreuve et à en faire un tremplin de maturation; cette épreuve vécue par Jésus est incontournable: perdre sa vie pour la sauver c’est se dépouiller de tout ce qui fait obstacle à la naissance à soi-même, c’est expérimenter au fur et à mesure du ménage que l’on fait en soi que l’on advient peu à peu à sa véritable identité.
  • en pratiquant une fidélité endurante à longueur de vie; l’essentiel est d’être en marche
  • en osant prendre le risque de faire fructifier à sa manière son potentiel d’humanité .

Pour Jésus, l’unique responsabilité de chaque être humain est de construire l’humain en lui au fil des évènements et des rencontres, d’être le sel de la terre. Nul ne sait l’impact exact de sa vie aussi féconde qu’elle ait pu être. Chaque être est ferment pour d’autres.

Jésus désigne toujours Dieu comme source de son inspiration et de ses engagements. Dieu est l’appel à pratiquer l’ouverture permanente et à dénoncer les apparences trompeuses, les petits arrangements, à affronter les orthodoxies qui se font passer pour la vérité.

La société moderne, pour qui le mot »Dieu » est vide, ne peut-elle pas  être sensible à l’exigence que ce mot impliquait pour Jésus c’est à dire: 

– penser et agir dans la rectitude intérieure

– redonner dignité aux humains mis au rancart

– contester le système qui déshumanise

– changer de comportement.

Et Jacque Musset de conclure

Ces femmes et ces hommes modernes n’éprouvent-ils pas le même appel intérieur quand ils s’efforcent de vivre vrai? n’expérimentent-ils pas là la même source inspiratrice que Jésus?

 

 

* * * * *

 

 

 

 

 

ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
19 janvier 2024

Atelier de Lectures Oecuménique du 18 janvier 2024

 

« Le défi de Jérusalem » 

Un voyage en Terre Sainte d’Eric-Emmanuel Schmitt (2023)

présenté par Geneviève Guyot

 

Éric-Emmanuel Schmitt, né le 28 mars 1960 à Sainte-Foy-lès-Lyon, est un dramaturge, nouvelliste, romancier, réalisateur et comédien franco-belge. Il vit en Belgique. 

 

1-Origine du livre :

Ce voyage a été proposé à l’écrivain par le Vatican dans le but de l’élaboration d’un journal de voyage ou d’un livre (« au Vatican, nous apprécions votre foi et votre liberté »)

E-E Schmitt se pose alors des questions sur le but de ce voyage :

–Pourquoi partir ?

1ere réflexion : « Ma foi ne sera pas modifiée quand elle aura gagné des pieds ! pourtant j’aspire à m’y rendre »

2e :« Irais-je à Jérusalem pour donner un corps à ma foi ? »

 Il finit par accepter ; Il dit p.12 « Pourtant, à l’instar de tant de pèlerins …. Marcher là-bas où tout a débuté …à m’y rendre. »

 il y aura 3 étapes :

il sera pèlerin parmi les pèlerins dans un groupe ; puis seul à Jérusalem et enfin il aura des entretiens avec Lorenzo Fazzini du cabinet du St Siège.

3e : ce voyage est en cohérence avec le livre qu’il est en train de terminer : « Soleil sombre » qui se situe en Egypte du temps de Moïse (-1650) et qui s’en ira en direction de la terre promise… (3e partie d’une œuvre intitulée « La traversée du temps »)

 

2- Le point sur son parcours spirituel avant son pèlerinage :

-Dans son enfance il ne voyait que l’absence de Dieu ; il n’entendait que son silence. Il n’avait pas connaissance de Jésus, juste de la sympathie pour son personnage.

-Il est allé au catéchisme à l’âge de 10 ans où il a été initié aux valeurs chrétiennes mais pas de connaissance des Evangiles.

-Ensuite il a fait des études supérieures classiques évoluant dans le paganisme.

En philosophie il acquiert un athéisme articulé et instruit.

-Il fait une thèse de doctorat sur la métaphysique de Diderot (lequel a été emprisonné pour athéisme).

-En 1989, il a 28 ans, il part à Tamanrasset pour l’écriture d’un scénario sur la vie de Charles de Foucauld. Il entre dans le Sahara athée, il en ressort croyant. Il décrit sa crise mystique dans son livre « La nuit de feu ».

-Plus tard à Paris, il lit les Evangiles où il découvre que Jésus place l’amour au-dessus de tout. A partir de là, la pensée de Jésus ne le lâche plus .il a un grand appétit de savoir mais  il découvre que cette recherche exige de lui un changement radical.

Il doit accepter le mystère : « le mystère ne réside pas dans l’inconnu mais dans l’incompréhensible… »

 

Questions :

-Dieu se fait Homme ?

-Le hors-temps surgit dans le temps ?

-l’Eternel s’habille d’éphémère ?

-Le Transcendant se mue en Immanent ?

Les deux mystères du christianisme auxquels il adhère :

L’Incarnation : Dieu a pris chair, os, voix et sang en Jésus, et la Résurrection.

« Le christianisme ne nous aide pas à penser l’impensable, il nous incite à l’affronter humblement … ». « La raison n’embrasse pas tout, l’essentiel lui échappe peut-être … »

 

3- Le voyage en Terre Sainte :

—-La 1ere étape est à Nazareth : « pourquoi Dieu a choisi un trou pareil ?  C’est une ville banale » p.62 : « Maintenant la ville de Nazareth…ordinaire. »

Il loge chez les sœurs de Notre Dame et visite la ville ; il fait la rencontre de son groupe de pèlerins ; ils sont Réunionnais.

On lui propose d’aller aux Vêpres : il n’en a pas envie… « je n’avais pas envie de partager ma foi ni d’appartenir à une communauté ni de ritualiser une vie spirituelle faite d’une croyance sauvage, personnelle… »

—S’ensuit un monologue où il se dit qu’il manque d’humilité. p.70-71-72 : « J’arpente ma cage…où la liturgie a débuté. »

Finalement il y assiste. Il en sort moins dominant, fragile. » L’ancien Schmitt cédera sa place au nouveau ; du moins il essaiera. »

 

Il va au Lac de Tibériade : là le paysage est intact, le temps est comme aboli ! La nature le ramène au temps de Jésus.

Ensuite c’est la visite au rocher de Pierre ; il y a une chapelle très moche bâtie sur plusieurs églises successives. Messe au bord du lac.

—Il voit mieux ses compagnons.p.88 : « lorsque la messe s’achève…mon banc. »

 

Puis Capharnaüm : jungle de ruines … …C’est là que Jésus a commencé à enseigner …

 Fatigue, chaleur en montant au mont des Béatitudes où a eu lieu le sermon sur la montagne. Il comprend là le vrai sens des Béatitudes :

 p.99 « Or un jour j’ai compris que …le bonheur se trouve chez ceux qui pratiquent les vertus d’humilité, de douceur, de sensibilité, de probité, de compassion, de pureté, de pacifisme, de rébellion … »

—C’est un appel à la sainteté, un chemin pour œuvrer à la paix à la justice et à la solidarité.

(Le guide l’informe que Charles de Foucauld avait voulu acheter le mont des Béatitudes ; refus du gouverneur ottoman de l’époque ; le sœurs franciscaines l’obtinrent plus tard)

A Nazareth il entre dans l’enceinte du couvent où Ch. de Foucault a séjourné. Cela lui remémore son voyage au Sahara et son expérience mystique.

p.102 : « Quoi ? lui ? toujours lui ? …mystique. »

Pour lui le saint est un intercesseur, un guide. Il se sent frère des personnes ayant vénéré des saints au cours des âges. « Les saints nous indiquent la voie ; nous avons besoin d’eux. »

 

—nouvelle étape : maintenant il se lève tôt sans rechigner.

 

Visite à la Basilique de l’Annonciation : « Et le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » c’est le lieu de l’incompréhensible ; il hésite avant d’entrer…Il suit la messe en italien

—p.124 : « Célébrer l’Annonciation, je le souhaite peu ; en revanche célébrer l’Incarnation, ce mystère essentiel et supérieur, je le désire. »

Mont Thabor lieu de la Transfiguration ; il fait la fin de l’ascension à pied puis messe revigorante avec son groupe ; p.139-140 : « trop de spectaculaire, …toujours ».

— il discute avec les autres pèlerins. « Même lorsque nous sillonnons des sites à l’attribution incertaine, nous saisissons la possibilité de décortiquer un point spirituel…voilà le paradoxe du pèlerinage : la vérité qu’il recherche n’est pas celle de la terre, mais celle du ciel ».

 

—Passage à Césarée ; baptême de Corneille par Pierre ; révolution : le baptême n’était pas réservé au peuple élu mais il était ouvert aux païens… »

—Certains moments de ce pèlerinage le déconcertent ; ils ne suscitent aucune méditation en lui …ainsi à Megiddo place forte mainte fois attaquée et dont le nom a été transformé par Jean en Armageddon dans l’Apocalypse ; forte réserve concernant ce livre…

— il rencontre un Américain témoin de Jehova ; son récit est digne d’un film catastrophe ! mais est- ce une secte ? la secte est toujours la religion des autres se dit-il ?

 

—Bethleem : basilique de la Nativité : petite porte qui donne une impression d’entrer dans une caverne puis immense nef ! Le groupe s’approche de la grotte de la Nativité sous la basilique. Ils attendent la fin des célébrations qui se succèdent dans diverses langues.

p.165 : « Quoi ? Nous voici réduits …le lieu même de sa naissance. »

Ils finissent par y entrer. p.169-170 :« Résultat ? J’accomplis la gymnastique du pèlerin …déconcerté. »

—Le mur …sanction d’un échec historique et politique : il incarne l’impossibilité d’arriver à la paix ; deux vérités qui s’excluent ; affrontement de deux légitimités déniées par les deux …tragédie …guerre fratricide… « la conscience d’une fraternité originelle parviendrait-elle à modifier les esprits, à induire de nouveaux comportements ? »

—Messe à l’hôtel tenu par des Palestiniens chrétiens ; il songe aux siens qui subissent des épreuves ; il pense à la lenteur avec laquelle il a adopté le rythme liturgique du pèlerinage ;

—Question ; « serai-je enfin désencombré de moi-même ? »

—Rencontre avec des sœurs de l’Emmanuel de rite byzantin :  p.194 « une sorte de vertige me prend … adoucir les mœurs. »

 

—Visite au tombeau de Lazare : p.201-202-203 : « Lazare, sors ! …quel cadeau ! »

A propos des miracles de Jésus, il parle de Thomas et contredit ses paroles ainsi :

p.204-205« Tu ne vois que ce que tu crois ; nous avons appris à regarder le monde à travers des concepts, …ma pensée dessus ».

« Croire reste un saut. Se rallier au christianisme ne relève pas du rationnel, c’est consentir à un signe. Foi et refus de la foi expriment notre liberté. »

 

Visite à l’église de la Visitation. Il médite sur le oui de Marie et le « Magnificat ».

p.214-215 : « Me vient à l’esprit que …notre époque marche sur la tête en valorisant le non…au chemin qui y conduit. »

 

—En route pour Jérusalem

1ere impression : chaleur, remparts, « Ville qui rejette sans accueillir ; Le dôme du rocher tout recouvert d’or domine, il nous foudroie ». Elle l’impressionne, c’est une citadelle inhospitalière ; qui exhale de l’agressivité, de la méfiance, des violences, de l’insécurité. » Jérusalem est tragique. Il éprouve un malaise devant une puissance hostile. Pourquoi cette crainte ?

Il prend pension chez de sœurs maronites libanaises.

—pour aller au Saint Sépulcre, il traverse avec son groupe, des venelles étroites et odorantes, encombrées de boutiques en tout genre : nourriture et souvenirs. Ils arrivent sur une place où une foule bigarrée piétine devant l’église du Saint Sépulcre.

Il entre et se colle à son groupe ; p..241 : « au hasard, je me règle sur le pas de ceux qui empruntent la suite de marches usées …Jésus aurait agonisé là ».

——-p.242 -243-244-…250 : « Que fais-je ici ? …Je vais m’extraire de ce rituel imbécile. Un calcul me retient……Par amour. ».

p.253 : « depuis hier, Jésus n’est plus reclus dans une histoire ancienne, révolue, mais il est là…sans amour on ne souffrirait pas. »

 

—Chemin de croix : dialogue intérieur avec jésus au long des stations ; puis visite du tombeau. Le lendemain il a l’impression d’être fourbu, cassé, concassé.

—Emmaüs : » j’y arrive sombre, épuisé, inquiet, j’en repars heureux, une lumière dans le cœur… Elle est celle de la résurrection. »

p.298 : « L’athée est celui qui croit en la mort, il y voit le néant. Le chrétien est celui qui croit en la vie dont il attend qu’elle triomphe du néant. Tout relève de la croyance quand il s’agit d’appréhender ce que nous ignorons. »

—Le mont Sion, ils vont au Cénacle. p.301 : « Je songe à l’Eucharistie dont l’apparition se produisit ici…sens à mes yeux. »

Réflexion sur le rôle de Juda : p.304 : « Jésus a demandé à Juda de le dénoncer. Il a exigé de lui …du groupe. » p.305 : « Par là j’avais à cœur de couper le mal à la racine…deniers. »

Nuit difficile, rongé par la conscience de ses péchés : « J’ai fait souffrir…, ces heures pénibles constituent la contrepartie aigüe et douloureuse du cadeau reçu au Saint Sépulcre. Après qu’il me fut donnée l’assurance que Jésus me parlait, j ‘obtiens maintenant la terrible confirmation que j’ai péché à maintes reprises. »

 

—dernier jour du pèlerinage : visite des deux autres Jérusalem : la juive et la musulmane.

Le mont du temple pour les juifs, l’esplanade des mosquées pour les musulmans. Espace sacré pour les deux religions. Place vide qui insuffle un sentiment d’humilité et de sublime : crainte et respect, étonnement et émerveillement. C’est une invitation au détachement, à la modestie, à la sérénité.

Il contemple une dernière fois Jérusalem, le cœur rongé par la mélancolie. « Pourquoi les peuples s‘avèrent-ils incapables de se comprendre, surtout quand ils vénèrent le même Dieu ? »

 

—Il arrive au Mur des Lamentations. « Pendant 2000 ans, les juifs venaient pleurer la destruction du Temple et leur exil, maintenant leur présence manifeste leur attente du Messie. » Il se questionne : Pourquoi n’ont-ils pas reconnu Jésus comme Messie ?

Avant de quitter Jérusalem il la contemple depuis le Mont des Oliviers. Il constate une certaine harmonie qui se dégage de la profusion des différentes architectures. Les pierres coexistent à l’inverse des hommes.

 

Jérusalem le jauge, c’est elle qui l’observe : « Te voilà chrétien, cependant tu aurais pu demeurer athée ou baigner dans une civilisation juive ou musulmane…relativise un peu. »

« Non ! je m’insurge, rien ne s’équivaut. Même quand elles parlent d’un seul Dieu, les religions se distinguent. ». » Je n’ai pas choisi mon Dieu, lui m’a choisi. Touché, j’ai consenti à ce qui m’est apparu, j’ai accepté la vérité. ». « Qu’est-ce-que la Vérité ? ». « Avoir une religion ce n’est pas détenir la vérité. Aucune religion n’est vraie ou fausse. Quand on pratique un culte, on possède une manière de vivre et de penser. A la différence de la raison qui soumet notre esprit, la religion sollicite notre liberté. »

—Le défi que Dieu lance aux croyants, aux incroyants, outrepasse ce qu’ils s ’imaginent. Il ne dit pas « Entendez-moi !» mais « Entendez-vous ! ». A Jérusalem où tout a commencé, rien n’est fini. p.331 –332 : « A Jérusalem plus que partout ailleurs, Dieu nous provoque, il ne nous pousse pas seulement vers le divin, il invoque notre humanité …le défi de Jérusalem ».

« Mon christianisme ne constitue pas un savoir, mais une façon d’habiter ce que ma raison ignore…lumière. »

—il quitte ses compagnons de pèlerinage ; il est fracassé, épuisé. Que se passe-t-il ? Il a du mal à se sortir du lit ! p.341 : « Le choc du Saint Sépulcre le percute et se répercute, forçant le passage, brisant mille barrières, créant un homme nouveau. J’avais négligé la révolution d’une révélation ! …Il faut se reconstruire, tout repenser, modifier son vocabulaire, s’aboucher avec d’autres références. Changer. » « Je saute d’un christianisme spirituel à un christianisme incarné. C’et la première fois que ma foi gagne cinq sens. »

p.350-351 : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? Quel défi !…Ma foi est devenue un assentiment au réel. »

Il retourne devant le Saint Sépulcre mais n’y entre pas. Il médite et prie.

p.354 : Pourquoi ne pas y entrer ? …gratitude infinie. »

—Fin de son périple. Il s’installe à l’école biblique et archéologique de Jérusalem. « Voici l’endroit où je terminerai ma mue. » Il y rencontre le frère Jean Baptiste Humbert archéologue.

Celui-ci dit de Jérusalem : « Non seulement tout y est outré, mais tout est faux. Voici une ville qui célèbre un temple disparu, un tombeau vide et un rocher caché à l’attribution douteuse. »

Il assiste aux vêpres, perdu, dépassé. Mais il vibre à l’écoute des chants. « De jour en jour, je me rapièce, je recolle les morceaux, j’unifie ma pensée, je trie l’essentiel et l’accidentel, je prie. Souvent je me lève à l’aube pour participer à la messe. Je suis saisi par une fringale d’Eucharistie. »

–p.367-368 : Chaque religion met une vertu en avant …L’incarnation. »

  1. 370 : Au fur et à mesure de ce voyage, rien ……ce qui me dépasse. »

—Adieu à Jérusalem : il va au mémorial de Yad Vashem : il en sort, brisé, sonné, muet, hagard. » Comment l’humanité peut-elle à ce point se retirer de l’humanité ? ».  « L’essence de l’âme juive comprend la crainte permanente de sa destruction. Si rien ne légitime la violence, l’histoire l’explique. Expliquer ne revient pas à justifier. ». « Je pensais traverser Jérusalem, Jérusalem m’a traversé. »

—Retour en passant par Rome ; discussion avec Lorenzo Fazzini sur la possibilité d’écrire un livre de témoignage sur ce qu’il vient de vivre.il en conclut que pèlerin parmi les pèlerins il doit raconter ce qu’il a vécu.

—Rencontre avec le pape. Sa bienveillance l’apaise, le grandit. Il lui parle de ses conceptions et de ses interrogations et lui raconte son long cheminement vers la Foi.

—Conclusion : Il lui semble évident maintenant que l’esprit avance avec les pieds.p.401 : « marcher, s’épuiser …route. Pourquoi partir ? …hygiène nécessaire. »

     p.404-405 : on ne devient pas chrétien parce qu’on a élucidé le mystère…le ciel. »

ALO: PRÉSENTATION DES LIVRES
21 décembre 2023

Atelier de Lectures Oecuménique du 21 décembre 2023

Présentation de la pièce de théâtre ” Le visiteur” d Éric-Emmanuel SCHMITT.

 

Avant de vous parler de cette pièce de théâtre intitulée « Le visiteur », voici quelques éléments de la biographie de son auteur, Éric-Emmanuel Schmitt.

Natif de Ste Foy les Lyon, âgé de 63 ans, il vit actuellement en Belgique dont il a acquis la nationalité.

Il est élevé par des parents sportifs  mais aussi cultivés.

Son parcours est celui d’un littéraire: Lauréat du concours général, Ecole Normale Supérieure, agrégation de philosophie à 23 ans, docteur en philosophie à 27 ans, puis enseignant pendant 8 ans.

C’est le succès de sa pièce « le visiteur » qui lui fait quitter l’enseignement pour se consacrer à l’écriture ainsi qu’à la direction du Théâtre Rive Gauche à Paris.

Parcours spirituel d’Éric-Emmanuel Schmitt

Il est intéressant de savoir qu’en 1989, ce jeune agrégé de philosophie athée va participer à un trek dans le désert du Hoggar au Sahara. Il va se perdre pendant une trentaine d’heures sans eau et sans vêtement chaud- la nuit est froide-
Alors qu’il s’attend à frissonner d’angoisse, une force le rassure , l’éclaire et le conseille. Un sentiment de paix, de bonheur , d’éternité l’envahit.

Cette nuit mystique métamorphose dit-il « sa philosophie de l’absurde en un confiance dans le mystère, comme promesse de sens ». « J’ai reçu la grâce de croire ».“
Il livrera cette expérience en 2015 sous le titre « Nuit de feu » .

Son parcours spirituel explique les thèmes abordés dans « Le visiteur ». Cependant Schmitt explique bien qu’ « il pratique un théâtre problématique, pas un théâtre dogmatique ».
« Je crois en Dieu, dit-il- toujours dans cet interview, avec des moments de plénitude et des moments de creux, je suis porté par les vagues de ma foi; m^me quand je doute, je doute en Dieu, je ne doute pas de Dieu. »

« Je n’écris pas pour convaincre, mais pour partager un moment de réflexion ».

 

En quelle année et en quelles circonstances cette pièce « Le visiteur » a t elle été écrite?“

Voici la réponse d EE Schmitt, interviewé à ce sujet pour la Collection « Classiques et Contemporains » par Catherine Casin-Pellegrini, professeur de Lettres.


« Un soir de 1991, je regardais le jornal télévisé. Il apportait son habituel cortège d’horreurs, de crimes et d’injustices. Soudain, je me mis à sangloter. A la différences des autres jours, je ne me contentais pas de comprendre, je ressentais dans ma chair les atrocités décrites. Je hurlais à l’unisson du monde. Je saignais, j’avais mal. J’avais honte d’être un homme. En éteignant le poste, je songeai : « Comme Dieu doit être déprimé en suivant le journal de 20 heure! » Puis je me posai une question; « Lorsque Dieu souffre, qui peut-il voir? » Je mesurai la solitude de Dieu, une solitude radicale, sans écoute. Une image fondit alors sur moi : Dieu s’allongeant sur le divan de Freud . La scène me fit rire. Puis m’intigua. Puis me passionna. Les semaines suivantes, je compris que ces deux-là, Freud et Dieu, avaient sûrement beaucoup de choses à se dire puisqu’ils n’étaient d’accord sur rien. Et que la conversation serait difficile puisqu’aucun des deux ne croyait en l’autre, ni Freud en Dieu, ni Dieu en Freud.

Dès lors l’idée ne me quitta plus…….je dus attendre de trouver la circonstance de cette rencontre. En lisant le journal de Freud, je découvris cette nuit de 1938 où les nazis arrachèrent Anna à son père. Freud avait simplement inscrit : « Anna à la Gestapo ». Ce silence sec témoignait de sa souffrance, de son désarroi. J’ai voulu m’introduire, dans cette faille, cette nuit où, sans doute, Freud avait pleuré. »

Deux années plus tard, en 1993, Schmitt publiait sa pièce « Le visiteur ».

Cette pièce de théâtre est assez concise, dense par moments et légère à d’autres moments malgré les questions abordées.

Elle est composée de 17 scènes chacune apportant un élément nouveau, une hypothèse remise en question par la scène suivante. Les très nombreuses didascalies rendent sa lecture très visuelle :

(Une didascalie, dans le texte d’une pièce de théâtre, le scénario d’un film ou le livret d’un opéra, est une note rédigée par l’auteur à l’intention des acteurs ou du metteur en scène, donnant des informations sur des éléments que les répliques ne permettent pas de connaître, notamment des indications d’action, de jeu, de mise en scène ou de décor. )

E.E. Schmitt nous donne accès par le jeu théâtral, à ce qui nous est normalement défendu: le secret de la conversation avec Dieu et le secret analytique.

Cette pièce s’inscrit bien dans l’époque des années 80-90 qui sont marquées par

– le formatage des individus 

– par le retour du religieux et du sacré, par la pratique spirituelle individuelle, Dieu ne pouvant être atteint ni par la raison, ni par le dogme.
– par le nombre d’oeuvres consacrées à l’Holocauste et à l’antisémitisme ainsi qu’ à la seconde guerre mondiale.


Avant de vous faire un résumé de cette pièce, je vous rapporte une parole de Schmitt : « je n’ai pas écrit une pièce SUR Freud, ni une pièce POUR Freud, ni, encore moins, une pièce CONTRE Freud. J’ai écrit une pièce SUR Dieu. Sur la difficulté et la possibilité de croire. Dans cette optique, j’ai choisi Freud parce qu’il est peut-être le seul athée original et authentique du XXème siècle. »

Harcelé par un officier allemand qui lui extorque de l’argent, Freud est inquiet pour le sort de sa fille, Anna. En cette année 1938 il ne souhaite pas quitter Vienne, envahie par les nazis. Et les supplications d’Anna, qui souhaite qu’il parte, n’y changeront rien. Un soir, elle est emmenée par la Gestapo. Freud signe alors le document l’autorisant à quitter l’Autriche avec sa famille.

Freud, désespéré, est alors surpris par un étrange visiteur qui s’immisce chez lui. Un dandy léger, élégant, cynique.
S’engage une discussion passionnante entre les deux hommes .
Entre-temps, le nazi revient pour faire chanter Freud: Anna saine et sauve contre de l’argent possédé par Freud. L’Inconnu va aider Freud à imaginer un stratagème pour se défendre. Ce stratagème fonctionnera. Le nazi promet de ramener Anna mais avertit Freud qu’un fou s’et échappé et rôde dans son quartier, fou mythomane qui peut se faire passer pour Dieu.

Quasi policière, l’intrigue mêle brillamment suspense et rebondissements; la pièce est située à mi-chemin entre le réel et le rêve; elle puise sa force de la présence Freud et de la présence de l’Inconnu qui ajoute une dimension mystique à la pièce.

 

4 personnages interviennent : Sigmund Freud, Anna Freud, sa fille, le nazi, l’Inconnu avec un i majuscule;

 

Freud

Il est le père de la psychanalyse. Grâce à ses amis étrangers, il a pu faire sortir d’Autriche,sa famille, celle de son médecin et d’autres personnes encore.
Dans la pièce , Freud est âgé de 82 ans, Il est malade – un cancer de la gorge-, fragile et angoissé à la fois par l’arrestation de sa fille, par la montée du nazisme avec ses conséquences. Lui qui est supposé être la personne qui permet de donner des réponses, la personne rationnelle car il est médecin, lui, a peur. Tout au long de la pièce, il cherche en vain à trouver des justifications et lorsqu’il croit parvenir à trouver des réponses à ses questions, l’Inconnu intervient malicieusement : »je vous préférais lorsque vous posiez des questions ».

Cependant, ce père angoissé ajoute à la fin du document pour obtenir un visa de sortie un post-scriptum courageux et sarcastique: « je puis cordialement recommandé la Gestapo à tous ». Ce n’est pas une invention de Schmitt. Les termes de la déclaration écrite sont exacts et véridiques.

 Anna Freud

Anna est décrite dans une didascalie comme une femme sévère, bas bleu, une des premières femmes intellectuelles du début du siècle. Elle porte pour son père une profond amour. D’ailleurs, elle était dans la réalité, l’enfant préférée de Freud et son héritière spirituelle. Elle fut même psychanalysée par son propre père et devint la première psychanalyste d’enfants. Elle ne se maria jamais mais entretint pendant quelques années une relation homosexuelle.

Dans la pièce, elle a 43 ans. Elle est décrite comme une personne n’ayant pas froid aux yeux devant le nazi et ayant la répartie vive, percutante et moqueuse.

Le nazi

Il est une caricature: antisémite, brutal et exerçant le chantage sans vergogne sur les juifs.

L’’Inconnu

« Je n’ai ni père, ni mère, ni sexe, ni inconscience « je ne rêve jamais » « moi, je suis seul de mon espèce. » « je suis orphelin de naissance; » « je n’ai aucun souvenir » « je n’oublie jamais rien mais je n’ai pas de souvenirs » « je n’ai pas d’âge »; « je ne suis pas né »

(le nazi) « ne peut pas me voir. Je ne suis visible que pour toi ce soir « dit il à Freud.
“Croyez-vous que ce soit un sort enviable d’être Dieu?…être le tout est d’un ennui… Et d’une solitude…”


« Dieu, chacun projette sur lui l’image qui lui convient ou qui l’obsède: « j’ai été blanc, noir jaune, barbu, glabre, avec dix bras…. et même femme! »-
« ça, dit l’inconnu en parlant de la musique qu’on entend dans la pièce, « ça, je ne connaissais pas. J’ai cru tout d’abord qu’un des vents de la Terre s’était égaré sur la Voie Lactée… j’ai cru… que j’avais une mère qui m’ouvrait ses bras du fond de l’infini….j’ai cru…Mozart. A vous faire croire en l’homme. »
A la demande de Freud, de faire un miracle, l’Inconnu se dérobe, refusant la résolution de l’énigme pour préserver le mystère de Dieu.”
L’Inconnu change d’identité à chaque fois que Freud semble frôler la vérité.
Est-il un patient? un voleur? un mythomane évadé? un inconnu qui poursuit Anna de ses assiduités? une incarnation de Dieu? ou le subconscient de Freud?

Dans tous les cas, « l’Inconnu dit Schmitt a un comportement très agaçant tout au long de cette nuit… Il se dérobe continuellement, non à la discussion, mais à la certitude. Ce jeu cruel et paradoxal le rend insaisissable ». Schmitt parle d’un DIEU CACHÉ.

Il ne nous propose donc aucune réponse définitive et invite son lecteur à adopter une attitude interrogative.

Plusieurs thèmes sont abordés et développés par Freud et l’Inconnu.

J’en retiendrai 2 développés par Freud et  2 par l’Inconnu.

Par Freud

A- Dieu: fausse promesse, menteur et criminel
“
(La fille de Freud, Anna a été emmenée par un nazi au début de la pièce):
Freud manifeste sa colère contre Dieu: « il vaut mieux pour vous ce soir dit il à l’inconnu, que vous soyez qui vous êtes… un imposteur… parce que si vous aviez été Dieu………je lui demanderais des comptes”.  
« Si je l’avais en face de moi, Dieu, c’est de cela que je l’accuserais: de fausse promesse, celle d’un bonheur qui n’existe pas. « Le mal c’est la promesse qu’on ne tient pas »

 

1-Freud se croyait immortel . Or, il est gravement malade.
« Le mal dans la mort, ce n’est pas le néant, c’est la promesse de la vie qui n’est pas tenue. »
Son corps le pousserait à croire pas l’esprit: ” Dieu c’est un cri, c’est une révolte de la carcasse! »

Il a envie de croire mais il ne veut pas se laisser tromper par une illusion; il sait qu’il n’y a pas de lumière au bout du tunnel; il n’y a que sa fin.
L’athée que l’on qualifierait de désespéré , Freud le qualifie d’ un autre nom; “courageux. il y gagne en dignité.
“

2- Freud croyait à la bonté. Or, c’est « le mal moral, le mal que les hommes se font les uns aux autres »; c’est « la paix rompue. » « pourquoi cette guerre? promesse non tenue! Re-faute à Dieu »

3- Freud croyait en un esprit à l’intelligence « capable des rapprochements les plus inouïs, des échafaudages les plus subtils ». Or, il s’aperçoit que son « esprit lâche en route », qu’il ne saura pas tout. C’est pour lui « le mal le plus grave..ce dont toute une existence ne console pas,..un esprit borné, limité que Dieu nous a donné uniquement pour que nous sachions nos limites ».

« Elle serait belle la vie, si ce n’était une traitrise »…” « Si Dieu existait, ce serait un Dieu menteur. »

B- La raison contre la croyance

Freud est un athée mais aussi un scientifique avec des certitudes; c’est un rationaliste : Pour lui, la construction scientifique repose sur l’observation de phénomènes récurrents et duplicables qui permettent d’établir des lois. Les manifestations de l’esprit n’échappent pas à cette démarche: les pathologies de l’âme obéissent à des mécanismes universalisables.

Face à l’Inconnu, il cherche des arguments fondés sur la raison, arguments qui ne sont pas toujours rationnels ou même raisonnables ; « un catéchumène de l’incroyance » comme le qualifie l’Inconnu.
Freud veut des preuves; Dans ses moments de faiblesse, il veut un miracle.

Il demande même à l’Inconnu: « si vous êtes Dieu, prouvez-le! Je ne crois que ce que je vois » ; Or lui dit l’Inconnu: « la foi doit se nourrir de foi, non de preuves. ». Certes, l’inconnu connait tout de son existence passée, présente et future et lui annonce la sortie de prison d’Anna .


Malgré cela, la raison de Freud lui fait dire que Dieu n’existe pas; car s’il est tout puissant, il est mauvais car il laisse commettre des drames c’est à dire la persécution des juifs; mais s’il n’est pas mauvais, alors il n’est pas bien puissant. Il n’est « qu’une hypothèse inutile ».

Freud est selon l’inconnu un exemple de l’orgueil de l’homme qui avant se contentait de défier Dieu mais qui le remplace aujourd’hui par la science et ses lois, par le pouvoir de l’argent qui fait perdre tout sens.

 

Par l’Inconnu:

A- Dieu, existe -t-il ou est il une fabrication de l’homme?

Freud s’est senti abandonné à 5 ans dans la cuisine de la maison; « pourquoi tout le monde était-il sorti ce jour-là? c’est là qu’il a pris conscience qu’il existait.”

Cet abandon serait à l origine de son athéisme puisque personne n’est venu le secourir lorsqu’il a appelé.
Plus tard vers l’âge de 13 ans, lorsque Freud a su que son père naturel n’était qu’un homme, un être impuissant, il l’a remplacé par Dieu, un père surnaturel, un être tout-puissant. « l’homme fabrique Dieu parce qu’il a trop envie d’y croire ».

d’où la théorie d’un dieu-père; C’est en tous les cas l’interprétation classique selon laquelle l’homme transfère son désir frustré d’un père idéal en le déplaçant sur l’entité divine.
Freud articule ainsi désir et illusion:  la détresse infantile engendre le désir de protection du père et  ce désir est à l’origine de la croyance en Dieu, c’est-à-dire de l’illusion en un Père tout puissant.

B- Dieu, créateur de la liberté de l’homme

Dieu n’est pas un Dieu vengeur. C’est un Dieu d’amour, qui a perdu la toute puissance et l’omniscience en créant les hommes, en leur donnant cette liberté.
C’est un Dieu capable de pleurer, de souffrir, mais pas de retirer aux hommes leur liberté. « J’ai fait l’homme libre. Libre pour le bien comme pour le Mal, sinon la liberté n’est rien »
C’est un Dieu qui entre en l’homme au travers de sa faiblesse. « un Dieu qui se manifesterait clairement comme Dieu, ne serait pas Dieu mais le roi du monde »… 

“je suis un mystère,….pas une énigme”.

 

D’autres thèmes sont développés; en voici quelques-uns:

– la psychanalyse et les méthodes utilisées par Freud
– l’antisémitisme et les représentations du « juif éternel ».


Schmitt a remporté un vif succès lors de l’interprétation de cette pièce qui a remporté 3 Molières. Sa récompense a été de constater que « toutes sortes de spectateurs étaient personnellement touchés par la pièce : pour les juifs, « c’est une superbe méditation hassidique », pour les chrétiens, « une fantaisie pascalienne », pour les athées « le cri de leur douleur ». A la sortie du théâtre, les spectateurs discutaient « Qui est le visiteur »? Est-ce Dieu? Existe-t-il? !
Je vous laisse répondre…..

 

                                                                                                                                        G.Bécheret

 

 

Vous pourrez écouter et voir cette pièce  interprétée par la Compagnie Théâtrale du Collège Protestant Français.

1/3   https://youtu.be/l-TzySXXXPU

2/3:  https://youtu.be/ILRpxPVmVuI

3/3:  https://youtu.be/LobRq3I4jeQ

 

                                                                                                                                                             

 

 

page8image10527264 page8image10530592 page8image10532672
Non classé
23 janvier 2023

Semaine de l’unité des Chrétiens 2023

Célébration animée par le pasteur Franck Nespoulet avec la présence du père Patrice Guerre de la paroisse de Villefranche .

La cérémonie a réuni 80 personnes:   catholiques de deux paroisses au moins,  protestants évangéliques et réformés de Villefranche. Elle s’est terminée par des échanges amicaux et chaleureux autour d’un pot de l’amitié préparé par Michel Cuillerier.

https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/01/SUCH-1.mp3

Accueil par le pasteur Franck Nespoulet

https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/01/SUCH-2.mp3

Le père Patrice Guerre de la paroisse catholique de Villefranche sur Saône

https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/01/SUCH-3.mp3

[pdf-embedder url=”https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/01/Predic-Unite-2023.pdf” title=”Prédic Unité 2023″]

Chant final

https://www.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2023/01/SUCH-12-chant-final.mp3

 

Conférence-débat
22 novembre 2022

Conférence-débat avec Anne SOUPA

Jeudi 17 novembre à 20h, une centaine de personnes se sont retrouvées pour écouter

 

 

Anne SOUPA

        

 

 

Espérez aujourd’hui!

 

 

 

 

 

 

 

 

Présentation d’Anne Soupa par le pasteur F. Nespoulet

    Questions et débat

http://dev.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2022/11/Anne-Soupa-1-conf..m4a
http://dev.erf-villefranche.fr/wp-content/uploads/2022/11/Anne-Soupa-conference-suite.m4a
  • 1
  • 2

Contact :

17 Rue Auguste Aucour, 69400 Villefranche-sur-Saône

04 74 68 19 56

L’Eglise protestante unie de Villefranche vous accueille pour prier, chanter, réfléchir et partager…

Facebook-f

Culte :

Tous les Dimanche à  10h30

Copyright © 2022 Temple de VIllefranche – Tous droits réservés  |  Mentions légales  |  Conception : meneo