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Eglise Protestante Unie de Villefranche sur Saône

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Atelier de Lectures Oecuménique du 19 juin 2025

21 juin 2025

Présentation par Christiane Desroches

 Présentation de Paul de Tarse

Le récit de la  vie de Paul est coupé par l’analyse de ses écrits relatant son lien avec des communautés. Marguerat présente les arguments de divers auteurs pour des hypothèses biographiques avant de trancher avec sa propre version argumentée. Les lettres sont analysées avec les interprétations de certains passages controversés. L’après Paul présente l’école paulinienne avec les lettres attribuées à Paul ainsi que les Actes des apôtres. 

Je ne retiendrai pas les  diverses hypothèses ni tous les arguments sur la vie de Paul ou sur ses écrits.

La bibliographie (hors les commentaires sur les lettres de Paul) occupe 27pages  (p.425 à p.452) ; les notes 97pages (p.453 à p.550) ; le livre lui-même 413pages.

 

Préface de Paul de Tarse

Selon la tradition chrétienne, Paul est présenté comme froid, autoritaire, colérique, doctrinaire, intolérant, antisémite, antiféministe.

Paul compose les premiers écrits chrétiens, c’est le premier théologien, maitre d’œuvre de la première mission chrétienne à grande échelle. Ses textes ont été brandis au service d’intérêts conservateurs : contre la libération des esclaves, contre le mariage, contre l’émancipation de la femme. Ils furent vecteurs de l’antijudaïsme en Occident. Paul a servi dès le 2ème siècle d’arme offensive au profit de combats qui n’étaient pas les siens.

Marguerat croise la vie et la pensée de Paul. C’est au creuset de son histoire mouvementée que s’est formée la réflexion théologique de Paul.

Sa 1ère épître, la 1ère lettre aux Thessaloniciens, a été écrite en 51, ses dernières lors de sa captivité romaine, dans les années 58-60.

Les sources d’information pour la vie de Paul sont :

– ce qu’il a écrit : 1Thessaloniciens, 1et2 Corinthiens, Galates, Romains, Philippiens et le billet à Philémon.

– Luc avec les Actes des apôtres (pas toujours fidèle à la réalité des évènements)

Parfois des écarts entre les écrits de Paul et celui de Luc, dus au décalage temporel (Luc écrit aux alentours de 80-90). Une génération après sa mort l’image de Paul est lissée par le temps et adaptée aux besoins du moment. Par ex. Luc supprime des épisodes scabreux comme les fâcheries de Paul avec ses communautés. Paul est un taiseux sur sa vie personnelle. Par ex. il se tait sur les guérisons qu’il a accomplies et que raconte Luc.

Les lectures de Paul sont différentes : les protestants insistent sur la justification par la foi, les catholiques sur le conservatisme social (en s’appuyant sur les épîtres tardives écrites par ses disciples)

La 1ère partie du livre évoque le Paul pharisien, sa conversion, son épopée missionnaire.

La 2ème partie présente la chronologie des écrits de Paul et le cheminement de sa pensée, jusqu’à la mort de l’apôtre à Rome

La 3ème partie analyse Paul après Paul, la réception de Paul et de sa pensée au 1er siècle puis au 2ème où Paul est encensé, détesté, domestiqué. Et enfin, l’actualité aujourd’hui de la pensée de Paul.

 

1ère partie : La vie de Paul

1) Dès l’Antiquité on écrit des légendes dorées pour raconter la naissance et l’enfance des personnages mythiques ou importants dont on ignore tout (ex : Jésus). Mais pas pour Paul.

 

  • Date de naissance inconnue. Sans doute vers 5 ap.J.C. ou un peu avant. Environ 10 ans plus jeune que Jésus. Cf lettre à Philémon écrite vers 58-60 dans laquelle il se dit « homme âgé » ce qui correspond à l’époque à 50-55 ans.
  • Lieu de naissance : Tarse, ville du sud de la Turquie, centre culturel régional. Les plus doués poursuivent leur formation ailleurs car s’il y a une émulation culturelle à Tarse, son attractivité est très locale.
  • Beaucoup d’éléments séparent Paul de Jésus :

         -> Jésus est un rural, mal à l’aise à Jérusalem ; il parle de gens simples, il est fils de charpentier ; il évoque des villages, des semailles, des bergers, des chômeurs.

         -> Paul est un citadin, formé à Jérusalem ; c’est un intellectuel qui parle de marchés, de maisons, de maîtres, d’esclaves, de routes, de sanctuaires.

  • L’homme au double nom : Saül/Paul. Saül est un nom hébreu, celui du 1er roi d’Israël. Paul est la forme grecque du latin Paulus (sens : petit, faible).Ce nom est inconnu dans le monde juif.

Il était fréquent de se doter d’un nom gréco-romain (cf Céphas/Pierre). Les 2 noms font de Paul un passeur d’idées, de valeurs, du monde juif au monde gréco-romain. Il demeure fier de sa filiation juive et s’en revendique (2Co 11-22)

  • Formation dictée par son père. Dans le judaïsme de la diaspora la formation scolaire et religieuse se fait en grec dans le cadre de la synagogue. L’apprentissage des Ecritures se fait par mémorisation. Vers 14 ans, il a probablement eu une formation supérieure car il maitrisait bien la rhétorique (art du bien-parler et du bien-écrire). On ignore quel niveau de formation il a reçu précisément.
  • On ignore s’il était vraiment citoyen romain comme l’affirme Luc dans les Actes (22,27-28). Mais son appel à l’empereur pour être jugé indique la véracité de cette affirmation. Paul est un homme de l’Empire. Il s’installe dans le chef-lieu d’une province pour rayonner à partir de là dans la région. Il est au carrefour de 3 mondes : religieusement juif, culturellement grec, politiquement romain : il concrétise un christianisme à envergure universelle. La mondialisation de l’Empire romain est grandissante dès le règne d’Auguste, mort en 14 ap.J.C. 

Paul choisit d’être pharisien, groupe attaché aux coutumes ancestrales: Importance des règles de pureté, des normes sur le comportement quotidien, des prescriptions sur le jeûne, du calcul de la dîme. A Jérusalem se déroulait une compétition religieuse active entre les courants du judaïsme d’avant 70. Chaque fraction défendait la vérité de sa lecture de la Torah.

2 mystères :

  • de quoi vivait-il ? de son métier de faiseur de tentes ? de subventions familiales ?
  • était-il marié ? L’éthique pharisienne poussait au mariage et à la procréation.

Même mystère du célibat que pour Jésus

  • Le persécuteur. L’affaire est strictement interne au judaïsme. Paul n’a persécuté aucun chrétien : c’est une secte messianique juive d’adeptes de Jésus qui est visée, une déviance jugée dangereuse car il y a un risque identitaire. Seuls les hellénistes ont été visés (ceux qui parlent grec), à cause des propos critiques sur le temple de Jérusalem et la Torah (ils sont plus laxistes que les Hébreux sur les impératifs). Les hellénistes sont attirés par la prédication de Jésus : impératif de l’amour d’autrui, donc un aspect moral, la désinvolture face à la loi rituelle.
  • on ignore son aspect physique.

2) Une vie qui bascule (Damas)

Dans l’iconographie c’est à partir du 12ème siècle que Paul passe du statut de piéton à celui de chevalier. Or, l’usage du cheval était réservé aux courriers impériaux ou aux officiers de l’armée.

Il y a diverses théories de son retournement. Ce n’est pas une « conversion » puisqu’il reste juif. Il a un retournement des valeurs lors de cette expérience mystique. On date cet épisode dans les années 32.

Après Damas, 14 années obscures. Une petite confidence est faite dans les Galates : « je suis parti pour l’Arabie » (Galates 1,16b-17), le plus proche pays étranger (la Jordanie actuelle, capitale Pétra, Nabatéens). Mais il s’est rendu indésirable auprès des Nabatéens qui tentent de l’arrêter à Damas (cf épisode de sa descente de la muraille dans une corbeille).

Puis il se rend à Jérusalem où l’Eglise est dirigée par les 12 qui ont un prestige inégalé. Il y cherche la validation de sa mission. Mais son indépendance déplait et il fuit Jérusalem.

Il va à Antioche, en milieu hellénistique. On a à peu près 6 ans de silence. Barnabé fait le lien entre Jérusalem et Antioche. Le nom de chrétien apparait mais comme un sobriquet. Il ne sera utilisé par les chrétiens qu’au 2ème siècle. 

Puis un voyage missionnaire est confié à Barnabé et Paul, Paul ayant la place de second. La mission est planifiée, elle ne se déroule pas au gré des déplacements  (cf Jésus ; mission de Pierre).  Le groupe s’étoffe malgré l’hostilité rencontrée dans les synagogues. L’itinéraire suivi est relaté par Luc dans les Actes.

On ignore la teneur de la prédication fondatrice de l’apôtre. Dans les Actes les discours recomposés reflètent l’image qu’on se faisait de Paul au 1er siècle.

Les hellénistes christianisés ont gardé une théologie et une pratique plus libérale que les juifs palestiniens, une lecture moins ritualisée et plus spirituelle de la Torah. L’accueil des non-juifs est plus naturel qu’en Palestine.

Dans la 1ère communauté le baptême a remplacé la circoncision comme rite d’initiation.

3) Une mission aux dimensions du monde.

La mission, incluant les non-juifs, n’a pas plu à une aile plus rigoriste de l’Eglise de Jérusalem pour laquelle la participation au salut d’Israël passe par l’adhésion aux rites mosaïques (circoncision, observation de la Torah dans son intégralité).

La délégation d’Antioche, conduite par Barnabé et Paul, arrive à Jérusalem entre 48 et 49. La rencontre a 2 versions incompatibles : celle de Paul dans Galates (2,1-10) et celle de Luc dans les Actes (15,5-29).

Paul a compris que les communautés doivent contribuer financièrement en faveur des pauvres de Jérusalem, y compris les chrétiens d’origine païenne. Donc sa mission est validée.

Luc reconnait la validation mais les chrétiens d’origine païenne doivent respecter les abstinences : viandes sacrifiées aux idoles, le sang des animaux étouffés, l’immoralité. Or il y a anachronisme : le décret contenant les abstinences sera promulgué plus tard, entre 49 et 51. 

Pour Paul, rien n’entrave la liberté d’accès des non-juifs au salut. Pour Jérusalem, la liberté est conditionnelle. Cette différence est source de conflit. Conflit qui éclate à Antioche (date inconnue) après le concile. L’opposition de Jacques, Pierre et Paul va isoler Paul, avec des conséquences sur les communautés créées par Paul.

Remarque : la chronologie de la vie de Paul (voyages, évènements, lettres) est difficile à établir.

2ème mission. Paul reprend sa mission avec Timothée et Silas. Le voyage se termine à Corinthe. Paul s’installe dans l’atelier d’Aquilas et Priscille, fabricants de tentes. Paul a appris le métier de couseur de pièces de toile ou de cuir à Tarse, pays du textile. Les outils sont réduits à peu de choses et tenaient dans un petit étui, équipement léger.

3ème mission calquée sur le 2ème voyage. Visite les diverses communautés crées.

Pour ses missions Paul et ses compagnons s’arrêtent dans les capitales provinciales de l’Orient romain. La diffusion chrétienne emprunte les grands axes commerciaux de l’Empire. Paul vise l’Espagne. Il est le 1er à avoir envisagé une mission d’envergure mondiale. Il a la volonté de mettre en réseau ses fondations, avec la circulation de personnes, de lettres, d’argent. Il a su saisir les impératifs du moment pour inscrire l’Evangile dans l’épaisseur de la vie. Il n’a pas fait qu’adapter au goût du jour un catéchisme inchangé.

 

2ème partie : Une pensée en construction.

 

Thessalonique, une évangélisation à risque

Paul, accompagné de Sylvain (ou Silas) et de Timothée, gagne à la foi quelques Juifs et davantage de Grecs mais les Juifs ameutent les foules. Les nouveaux convertis sont accusés d’agir contre les édits impériaux. Les habitants de la ville attribuent à la prédication chrétienne une dimension politique (cf à Jérusalem pour Jésus). Le terme de Kyrios (Seigneur) appliqué à Jésus est réservé au successeur de César. Paul et Sylvain doivent fuir à Athènes (fiasco) puis à Corinthe. Leur séjour n’a duré que 3 ou 4 mois. Timothée lui rapporte de bonnes nouvelles de Thessalonique et il écrit sa 1ère lettre vers 50 ou 51. C’est la 1ère lettre pastorale qui nous soit parvenue et le 1er écrit chrétien de l’histoire.

Cette lettre est dominée par la problématique de l’absence.

7 lettres de Paul nous sont rapportées (Romains, 1et 2 Corinthiens, Galates, Philippiens, 1Thessaloniciens, Philémon). Les autres lettres ont été écrites après sa mort sous le nom de Paul. Il écrit entre 50 et 60. Le 1er Evangile, celui de Marc, ne paraitra que 10 ans plus tard. Il établit un nouveau genre littéraire : la lettre apostolique destinée à être lue en public.

 Les lettres sont sans doute des œuvres collectives, écrites avec des collaborateurs. Elles remplacent la présence physique pour entretenir le lien avec la communauté, pour instruire, pour répondre à des interrogations et parfois pour dire ce qu’il n’oserait pas déclarer en présentiel. Sa pensée évolue mais reste cohérente. 

Relevons l’importance du lecteur dans une culture d’oralité (cf Jésus) où à peine 5% de la population a accès à l’écrit.  Il n’y a pas de droit d’auteur. Le copiste peut très bien modifier le texte. Actuellement on n’a pas de textes originaux de Paul.

Ses lettres commencent par une action de grâce.

Dans sa 1ère lettre à Thessalonique Paul cherche à réconforter la communauté, rendue vulnérable par les persécutions. Il s’emporte contre les Juifs :

  • ils ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes
  • ils nous ont expulsés, bannis, au cours des émeutes
  • ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes (empêchent les païens de venir à Dieu car ils entravent la mission de Paul)

Ces propos qui s’appliquent à un conflit religieux juif, après le 3ème siècle, resteront dans l’arsenal antijuif. Paul affiche une différence entre le christianisme et la religion mère mais demeure un lien génétique.

1Thessaloniciens est une lettre pour conjurer l’absence : absence due à la séparation brusque entre missionnaires et communauté, absence des membres de la communauté qui sont décédés, absence du Christ. La nouveauté de l’espérance chrétienne concernant la mort est qu’elle ne sépare pas les croyants de celui auquel ils croient. Avant et après la mort « être avec le Seigneur » demeure. Ce thème sera développé dans Corinthiens.

 

Corinthe, une identité à construire

Ville d’environ 80 000 habitants au temps de Paul (30 000 aujourd’hui). Comme dans toutes les villes portuaires un certain laxisme moral régnait. On trouvait de nombreux temples de diverses religions (grecque, égyptienne, impériale). Quand Paul et ses compagnons quittent Corinthe, fin 52, ils laissent une communauté active et florissante.

Dans l’Antiquité la religion, la culture, la politique et la vie quotidienne sont en symbiose. Les nouveaux chrétiens doivent rompre avec leurs attaches dans tous les domaines de la vie. Or ils n’ont aucun modèle, aucun programme. Paul n’a pas laissé de consignes claires. A son départ la communauté est désemparée, divisée. La 1ère lettre présente la vie d’une jeune communauté du monde gréco-romain à la naissance du christianisme, avec des Eglises de maison de 20 à 40 personnes. Mais les groupes sont séparés, sans objectifs communs, souvent en conflit.

  • Problème de la célébration eucharistique : la Cène se partage dans la maison-Eglise. Le propriétaire invite à son repas les plus proches donc les plus aisés; les autres dans une autre pièce ; les esclaves, derniers arrivés, restent le ventre vide. Pour lutter contre ces clivages sociaux, Paul situe le problème sur le plan d’être Eglise. Il n’est pas moralisateur mais théologien à visée identitaire. L’Eglise doit être un espace de fidélité et d’amour d’autrui. Ce principe d’égalité va à l’encontre du système social et économique de l’époque fondé sur la séparation des classes et la hiérarchie. Mais Paul invite chacun à demeurer dans la condition où Dieu l’a appelé car Dieu accueille l’humain où il est, tel qu’il est ; peu importe sa condition ethnique, sociale ou religieuse. L’accueil divin est pur cadeau.

Les chrétiens sont invités à mettre leurs qualités au service de tous dans la communauté. Il invente le concept de « corps du Christ » pour montrer que chacun a sa place dans l’Eglise et y est indispensable à la présence du Christ.

  • Paul expose le manifeste de la 1ère génération chrétienne : la croix, scandale et folie de Dieu. Paul ne s’intéresse pas aux paroles ou aux actes de Jésus mais il se focalise sur sa mort, et sa mort sur une croix, condamnation d’un paria pour les Grecs et les Romains. Mais la croix est vue à partir de Pâques, de la résurrection.
  • Les femmes à Corinthe : il y a égalité de parole, à condition que les femmes soient voilées lors de leurs interventions (dans toutes les sociétés du monde méditerranéen les femmes sont voilées). Puis certaines ont refusé le voile au nom de la liberté et de l’égalité évangéliques. Or la femme au visage découvert et aux cheveux défaits était vite taxée de prostituée. Il est difficile d’être socialement soumise et religieusement libre. Paul est embarrassé, son argumentation confuse. Il ne veut pas renier l’identité acquise « dans le Seigneur », faite d’égalité et de réciprocité. Mais cette nouvelle identité est inscrite dans le monde où la relation hommes-femmes est marquée par la différenciation sexuelle. D’où un point de vue patriarcal confirmant la femme soumise à l’homme puis une dépendance réciproque.  L’un des disciples, 20 ans plus tard, impose le silence aux femmes (1Ti 2,11-12). Au 2ème siècle Tertullien insiste. Le bâillonnement de la femme en Eglise est décidé pour longtemps. La pensée de Paul a été détournée au profit d’un  conservatisme renvoyant la femme à la sphère privée.

Corinthe encore, l’homme acculé (2ème lettre)

La 1ère lettre a provoqué une crise ouverte entre l’apôtre et la communauté notamment sur 2 thèmes de cette 1ère lettre :

  • les viandes sacrifiées : ambiguïté de Paul : « pas d’idoles, donc vous pouvez manger de la viande sacrifiée » et « on ne peut pas participer à la fois à la table du Seigneur et à celle des démons ». Comme pour le voile il doit corriger la radicalisation de ses propos sans se renier. Pour les Grecs il y a un lien évident entre la viande et la religion. Dans les sociétés anciennes le manger ensemble exprimait le vivre ensemble dans la ville. Ne pas manger de viande coupait les liens sociaux. Mais les anciens païens ne veulent pas retomber dans les croyances d’idoles. Paul fait appel à la conscience d’autrui. La liberté chrétienne se traduit par le renoncement à ses droits. Donc on peut manger de la viande dans le cadre d’une invitation privée mais pas dans celui d’une viande sacrifiée.

Paul est un modèle de gestion des conflits en Eglise. Il ne s’arrête pas à l’opposition entre 2 points de vue. Il pense l’éthique chrétienne à partir de l’intégrité de la communauté. Le fort, même s’il a raison, n’a pas le droit d’écraser le faible car J.C. s’est fait « faiblesse de Dieu ».

  • La résurrection : Le ch.15 de la 1ère lettre est le seul à présenter une approche réflexive  de la résurrection de tout le N.T. Paul répond aux Corinthiens sur l’objection sur la résurrection des morts et sur les modalités de la résurrection. Il cite un ancien Crédo de l’Eglise de Jérusalem qui doit dater des années 40 et qui fait la liste des témoins des apparitions du Ressuscité. La résurrection du Christ est le socle fondamental de la foi chrétienne. Sans la foi en la résurrection il n’y a pas de christianisme. Puis il montre la solidarité entre la résurrection du Christ et la résurrection future des morts. Nier la résurrection des morts c’est nier Pâques. Dans Romains 4 cela va jusqu’à la négation de Dieu lui-même car c’est douter de son pouvoir de créer la vie au-delà de la mort. Pour les 1ers chrétiens la foi en la résurrection propose un art de vie bien plus qu’une information sur l’après-mort. A la question « avec quel corps les morts reviennent-ils ? » Paul répond par l’image de la graine, qui ne ressemble pas à la plante qu’elle donnera. Il décrit une recréation des personnes en corps immortels. 

Mais la crise à Corinthe s’est empirée.

La 2ème lettre est un assemblage de plusieurs lettres.

Marguerat propose un ordre du déroulement des faits et des échanges de lettres, qui est une hypothèse, la plus probable selon les connaissances actuelles. C’est sans doute la communauté qui les a articulées pour faire mémoire de cet échange. (Je renvoie au texte pour plus de précisions).

Dans ses réponses aux attaques dont il est l’objet, Paul est d’une partialité évidente. Ses adversaires sont du côté de Satan (11,14), et lui de Dieu (2,17). Il n’a ni empathie ni volonté de comprendre la position adverse. Il impose SA vérité, il défend la vérité de SON Evangile. Son emportement dans la polémique a eu des effets négatifs pour lui, pour les communautés, pour ses adversaires et dans les siècles suivants (cf les luttes contre les chrétientés jugées déviantes).

 

Les Galates, l’épître de la colère.

Ambiance explosive dès le début de l’épître (pas de prière d’action de grâce pour la foi des destinataires en début de lettre). La région galate est l’un des rares territoires du monde gréco-romain à être dépourvu de population juive. C’est un monde totalement étranger à l’apôtre. Pourtant au départ de Paul et de Sylvain quelques communautés sont dispersées dans le territoire galate. Or 4 ans après, depuis la Macédoine, il écrit sa lettre les accusant d’apostasie. Les Galates semblent  être séduits par la judaïté (circoncision, obéissance à la Torah, respect du rituel et du calendrier des fêtes juives). Au départ de Paul désarroi des convertis. Des prédicateurs leur offrent les marques de l’identité juive pour combattre ce désarroi. La Loi juive offrait un cadre identitaire et un code moral clair et praticable, une visibilité sociale, ce que n’offrait pas le christianisme de Paul. Pour les prédicateurs l’authentique foi au Messie Jésus passe par le  judaÏsme, Jésus étant juif. Vision défendue par l’Eglise de Jérusalem. Or Paul voulait favoriser l’intégration des païens dans l’Eglise et préserver l’unité de la chrétienté naissante.  Pour lui ce n’est pas la pratique de la Loi qui conduit à reconnaître en Jésus le Messie mais la foi. Puis il passe à la dimension active de la foi : « être au service les uns des autres ». L’apôtre place les Galates devant une alternative : soit la liberté éthiquement responsable, soit le retour à l’esclavage par l’adhésion à la Loi. Le compromis est impossible.

Paul semble avoir perdu son autorité sur les Eglises de Galatie. Elles sont absentes de la liste des contributeurs à la collecte en faveur des pauvres de Jérusalem.

 

Romains, le testament de Paul.

Texte écrit 1 an après Galates. On peut y noter de nombreuses dissonances par rapport aux Galates. Par ex :

  • La Loi : « Christ a payé pour nous libérer de la malédiction de la Loi » (Gal3,13) et « la Loi est sainte et le commandement saint, juste et bon »(Rom7,12)
  • La circoncision : « si vous vous faites circoncire Christ ne vous servira plus de rien » (Gal5,2) et utilité de la circoncision « grande à tous égards » (Rom3,1-2).

Paul reprend, recadre sa position face au judaïsme. La lettre représente son exposé synthétique de l’identité chrétienne, sur laquelle l’apôtre ne reviendra pas de son vivant. Pourquoi cette lettre ?

La tension entre juifs et judéo-chrétiens sert de prétexte à Claude pour expulser tous les Juifs de Rome en 49. A leur retour, en 54, les chrétiens d’origine païenne devenus majoritaires dictaient la loi. Or Paul a la réputation de « casseur de Torah ». Il veut se dédouaner du reproche d’antijudaïsme. Il se livre à une relecture de sa propre pensée :

  • Le rapport entre la justice et la Loi (justification par la foi) (1,16-4,25)

Paul veut démontrer que Juifs et non-Juifs sont à égalité devant Dieu. La Loi est impuissante à endiguer le péché, donc à justifier. Il reprend l’exemple d’Abraham, prototype du païen en qui Dieu accorde grâce sans regarder ses œuvres car le patriarche a cru en Dieu. La Loi est venue après la promesse divine à Abraham. Ne fonde aucun privilège en faveur des Israélites, ni la circoncision. Croire c’est faire confiance en dépit des apparences au pouvoir de Dieu de faire surgir la vie là où la mort a sévi.

  •  Nouvelle condition des croyants (5-8)

Paul refuse la conception du péché originel. Mais si tout humain ne nait pas pécheur, il encourt le malheur généré par ses propres péchés. Dans la littérature rabbinique c’est l’obéissance à la Loi qui réhabilite l’homme aux yeux de Dieu. Pour Paul la Loi a échoué, c’est la grâce de Dieu, son accueil gratuit accordé à tout homme qui le réhabilite.

  •  Le destin d’Israël (9-11)

Drame des Juifs qui refusent le Christ. Paul est déchiré entre l’impossibilité d’abandonner son Evangile et l’impossibilité de rayer Israël de la carte divine. Si la justification est une grâce que Dieu accorde sans condition, alors personne n’est exclu de l’universalité du salut proclamé en J.C. Donc Israël doit être mis au bénéfice de ce don.

  •  Exhortation morale (12,1-15,13) Propos décousu à partir du ch 12

           ->Diversité des dons de l’esprit

           ->L’amour fraternel

           ->Rapport à l’autorité politique

           ->La consommation des viandes

Ce qui est « agréable à Dieu » n’est jamais fixé une fois pour toutes, mais à découvrir dans chaque nouvelle situation. Une seule norme est posée : l’amour du prochain. Pour Paul comme pour Jésus, la nouvelle morale ne s’inscrit pas en commandements. Elle installe un horizon (l’amour) et invite le croyant à s’en inspirer pour accomplir ce qui est « juste », c’est-à-dire ajusté à sa situation.

 

Philippiens, l’épître de la tendresse.

Dans cette lettre le « je » s’impose. Sur les 104 versets, 73 sont centrés sur Paul.

Paul est seul, triste, emprisonné, il sent sa mort proche. Hostilité autour de lui.

Que s’est-il passé ? A la fin de Romains, il annonçait vouloir se rendre à Jérusalem pour y remettre sa collecte, symbole de l’unité d’une chrétienté secouée par des dissensions théologiques. Dans les Actes, Luc décrit les itinéraires. Des chrétiens de Césarée accompagnent Paul à Jérusalem. Paul est accusé d’autoriser les croyants venus du paganisme à s’abstenir des rites juifs et de l’observance de la Torah. Paul, à la demande de Jacques doit témoigner de sa loyauté au judaïsme en entrant dans le temple et en se livrant publiquement aux rituels de purification. Il est agressé par des Juifs traditionnalistes qui l’accusent de faire rentrer des païens dans le Temple. Il est sauvé par la garnison romaine. La suite n’est pas garantie historiquement. Prisonnier des Romains, il est exfiltré de Césarée car un complot se prépare contre lui, il est emprisonné en 57. Faisant appel à l’empereur, il doit être transféré à Rome où il est hébergé en résidence surveillée, à ses frais, pendant 2 ans. Actuellement on doute sur le lieu de cette captivité durant laquelle il écrit sa lettre aux Philippiens, dernier témoignage de l’activité épistolaire de Paul, avec le billet à Philémon.

Le lien avec Philippe date des années 49-50 lorsque Paul fait escale à Philippe. Il y a peu de Juifs car la ville est dominée par le droit romain et le culte égyptien d’Osiris. Mais il trouve quelques femmes non juives mais des « craignant Dieu ». Lydie, l’une d’elles, devient la 1ère convertie d’Europe. C’est chez elle que sont invités Paul et ses compagnons et que se réunit la 1ère Eglise de maison. Il écrit aux chrétiens de Philippe 10 ans plus tard mais la relation s’est toujours maintenue. Il raconte dans sa lettre le retournement de sa vie à Damas.

C’est au ch2 que l’on trouve un hymne sur l’origine du Christ. Dès le 3ème siècle, il y a conflit sur la double nature du Christ, homme et dieu. Le concile de Nicée en 325 a lutté contre l’arianisme pour qui seul Dieu est éternel, ni le Fils, ni le st Esprit ne le sont. Le conflit sur la trinité dure jusqu’au 6ème siècle. L’Hymne a été utilisé comme argument pour affirmer la préexistence du Christ ; or Paul présente le Christ comme un être bénéficiant d’une place, d’un statut unique auprès de Dieu. Il ne parle pas de nature divine du Christ. S’abaissant, Dieu l’a élevé. Paul relit le bouleversement de sa vie à Damas comme un parcours christique. Ainsi il représente le Christ dans la communauté, il le rend présent, et se donne comme le modèle à suivre, en souffrant, en vivant à l’inverse du monde. Il trace seulement la ligne, pas le chemin

 Dans toutes ses lettres Paul laisse les choix comportementaux à l’initiative de ses destinataires.

 

Un billet pour Philémon.

C’est la lettre la plus courte de la correspondance paulinienne (335 mots).

L’adresse multiple pour cette lettre indique que ce billet doit être lu devant l’assemblée qui se réunit dans la maison de Philémon bien qu’il s’agisse d’une affaire privée entre Philémon et son esclave Onésime.

 C’est la 1ère et seule fois qu’une femme, Apphia, est incluse parmi les destinataires d’une lettre de Paul. On ne sait si la lettre a été écrite à Ephèse (53-55) durant son emprisonnement ou à Rome (60-62) malgré la distance imposante.

D’autres billets ont dû être rédigés par Paul mais ont été perdus.

Onésime a fui son maître, s’est réfugié auprès de Paul, s’est converti. Paul le renvoie à son maître, alors qu’il aurait préféré le garder près de lui. La thèse de l’esclave fugitif s’est imposée. Or la fuite d’un esclave était sanctionnée ce qui pouvait aller jusqu’à la crucifixion. L’héberger était un délit. Une hypothèse plus récente(2014) : le refuge chez un ami du maître était reconnu par le droit romain. 

Remarque : l’esclave était considéré comme une évidence sociale dans l’Antiquité gréco-romaine, et même chez les Juifs.

Problème avec la conversion d’Onésime : comment gérer la tension entre l’idéal évangélique de la fraternité baptismale et la banalisation du statut social ? D’où la prise à témoin de l’assemblée chrétienne. Paul ne donne pas de consignes de comportement, il laisse l’initiative à Philémon. Seul impératif : l’amour.

Billet retenu dans le canon du N.T. car il pose la question : comment partager avec autrui la grâce reçue d’une identité nouvelle.

 

La fin de Paul

Paul attend son procès à Rome pendant 2 ans, période légale. Silence sur la suite. A-t-il été exécuté ? Relaxé ? Est-il mort de maladie ou de mauvais traitements ? Le silence de Luc entraine des versions variées sur la mort de Paul.

Les 3 épîtres pastorales (1 et 2 Timothée et Tite) ne peuvent émaner de Paul. Les remarques de Timothée sur l’emprisonnement de Paul ne sont pas sûres historiquement.

Multiplication de traditions autour de la fin de Paul. Pour Marguerat Paul est mort seul, entre 62 et 64, exécuté sans témoin, dans la foulée des procès contre les chrétiens sous Néron. Il a sans doute été décapité par l’épée.

La mémoire de Paul est vénérée dès la fin du 1er siècle. Il était difficile d’accepter le silence autour de sa mort. Les Actes de Paul édités entre 180 et 200 font une relecture de la mission paulinienne et racontent la mort de Paul en la transformant en prouesse spectaculaire (dialogue avec Néron, décapitation, apparition de Paul à Néron).

Luc tait la mort de Paul comme celle de Pierre (peut-être en 64). Il termine son livre par la proclamation de l’Evangile, pas par le supplice de Paul. Les autorités romaines qui avaient protégé Paul et ses compagnons de l’hostilité juive, ne pouvaient en finale jouer le rôle de bourreaux. Et la mort en martyres de Paul et de Pierre aurait laissé dans la mémoire chrétienne des traces gênantes d’abandon de la part des chrétiens romains (qui ont boudé Paul). 

La vie de Paul s’achève en rupture avec ses succès antérieurs.

Dès le 3ème siècle, un culte est rendu aux 2 apôtres Pierre et Paul considérés comme les héros fondateurs de la chrétienté romaine.

 

3ème partie : Paul après Paul

Ecole des disciples de Paul au 1er siècle.

La chrétienté naissante a subi 2 traumatismes dans les années 60 qui auraient pu la faire sombrer :

  • les disparitions de 3 figures marquantes : Jacques, exécuté en 62, Paul mis à mort entre 62 et 64 et Pierre, crucifié en 64.

Jacques se portait garant du lien de la chrétienté avec la judaïté.

Paul était le plus radical pour ouvrir la mission aux non-Juifs.

Pierre cherchait un compromis pour accueillir les païens sans offenser les Juifs.

  • la guerre juive de 66 à 70 avec la destruction du Temple de Jérusalem par les légionnaires de Titus. Ce qui entraine un raidissement du judaïsme et accroit la tension entre synagogue et communautés chrétiennes, la raréfaction des Juifs d’origine parmi les croyants au Christ.

La chrétienté, pour faire mémoire collective, écrit de grands récits biographiques (les Evangiles) et fixe une tradition apostolique. Les 4 Evangiles, les épîtres rédigées sous le nom de Paul, de Pierre, de Jacques et de Jean, ainsi que l’Apocalypse sont dus à la crise identitaire de la chrétienté dans les années 60. De 65 à 100, on a une grande productivité pour la littérature chrétienne.

Les divers groupes forment le christianisme des 2ème et 3ème générations qui a cherché, chacun à leur manière, à stabiliser leur identité en se dotant d’une mémoire fondatrice.

Ex : les 4 Evangiles. Le plus ancien est celui de Marc. Matthieu et Luc en ont fait des lectures amplifiantes. Jean l’a recomposé. On trouve des affinités mais la théologie est propre à chacun et dépend du contexte historique et culturel de l’évangéliste.

 De même la vie de Paul a donné des reconstructions du passé dans les 40 années qui ont suivi sa disparition selon 3 voies :

  • Une voie documentaire : ses écrits ont été recueillis, recopiés, parfois reconfigurés, rassemblés en une collection qui entrera dans le canon du N.T.
  • Une voie doctrinale où Paul est invoqué comme le docteur de l’Eglise : on écrit en son nom, on étend, on corrige son enseignement dans le domaine de l’Eglise et de la morale (2 Thessaloniciens, Colossiens, Ephésiens et les pastorales 1et2 de Timothée et Tite).
  • Une voie biographique où il est célébré comme le missionnaire des nations proclamant l’Evangile (cf Luc dans les Actes). Le souvenir de Paul s’est maintenu d’abord par les communautés qu’il avait fondées. Déjà de son vivant la légende de Paul commençait à circuler. Ces récits ont servi à Luc pour les Actes.

Les lettres de Paul ont été écrites dans une situation précise, pour des destinataires précis. Or rassemblées en un corpus, elles prennent une dimension intemporelle.

Des lettres ont sans doute sombré dans l’oubli mais on ne sait pas lesquelles ni pourquoi. De plus le travail d’édition a impliqué un tri et un formatage (cf la 2ème lettre aux Corinthiens, fruit d’une compilation). L’édition est due sans doute à une école paulinienne, car il y a la nécessité de moyens intellectuels et financiers pour la copie des textes sur papyrus. Un centre stable est nécessaire.

La connaissance des lettres pauliniennes est attestée dès 70-80 et la circulation des lettres avant 100, en tout cas à Rome.

La constitution de collections se fait au 2ème siècle, canonisation du corpus au 4ème siècle.

Dans l’Antiquité, l’attribution d’un texte à un auteur signale plus l’autorité qui lui est reconnue que l’identité de l’écrivain. Il s’agit de rester fidèle au message, de prolonger l’enseignement du maître en actualisant sa pensée dans une situation qui a changé (cf les Evangiles, œuvres anonymes, qu’on attribue au 2ème siècle les noms de Marc, Matthieu, Luc et Jean).

L’école paulinienne s’est attachée à faire mémoire du maître 

  • en préservant et en éditant sa correspondance
  • en réinterprétant sa pensée dans les conditions changées des décennies qui ont suivi sa mort. Sa parole doit être interprétée dans le présent.

Ainsi l’Eglise ancienne a accueilli dans le canon du N.T. les 13 épîtres de la tradition paulinienne (7 de Paul+6 anonymes au nom de Paul).

Colossiens et Ephésiens ont un thème commun : la relation entre le Christ et l’Eglise.

Colossiens, écrit dans les années 70, en même temps que l’Evangile de Matthieu, insiste sur le Christ maître de tout. Il n’évoque pas la théologie de la croix ou la justification par la grâce.

Ephésiens, vers 80, insiste sur le plan de Dieu œuvrant à la réconciliation dans l’Eglise, d’Israël et des nations. Le terme Eglise ne désigne plus la communauté locale, mais l’ensemble des croyants à travers le monde. Dans ces lettres, Paul s’impose comme le médiateur incontournable entre Christ et les croyants.

Un autre déplacement de l’après-Paul : le fait est que les croyants sont déjà, dans le présent, installés dans la vie résurrectionnelle. Apparaissent aussi « les codes domestiques », dispositifs régulant les rapports à l’intérieur de la famille : femme-mari, enfant-parents, esclave-maître. C’est une manière de concrétiser dans la vie quotidienne la vie nouvelle des baptisés. On retrouve le rôle patriarcal de l’homme, mari, père et maître. On reste proche des structures sociales existantes.

 Un 2ème Paul reconstruit est un moyen choisi pour connecter des chrétiens des 2ème et 3ème générations à la voix du maître et les introduire dans son héritage. Mais les déplacements vont parfois jusqu’à la contradiction avec les lettres de Paul. 

2Théssaloniciens s’oppose aux discours alarmistes sur la fin des temps. L’auteur expose sa propre reconfiguration de la pensée de Paul en reprenant des passages de la 1ère lettre. Dès le 1er siècle se présente le conflit des interprétations des écrits de Paul. 

De même,  conflit d’interprétation pour les 3 pastorales, écrites dans les 10 dernières années du 1er siècle. Timothée et Tite cherchent à garder le contrôle de la doctrine paulinienne. Paul s’inscrit dans la foi de l’Eglise comme le 1er garant du salut en Christ. Une discipline pastorale est proposée aux responsables d’Eglise personnifiés par Timothée et Tite. Ils resserrent la morale pour la rendre conforme aux standards moraux de la société gréco-romaine. Entre autre la discipline imposée aux femmes entrainant une charge antiféministe, que n’aurait pas approuvée Paul. Les Pastorales reconduisent la femme au statut donné par l’ordre de la création : soumission dans le couple et maternité. Il s’agit d’éviter à l’Eglise d’être ressentie comme un élément social perturbateur. La liberté paulinienne s’est effondrée peu à peu sous le poids du système patriarcal. Dans le cadre de la maison-Eglise la femme disposait d’une liberté qu’elle perdait dans les lieux ouverts au public. Mais disparition progressive des Eglises de maison.

 

Vie de Paul relatée par Luc dans les Actes (entre 80 et 90)

Luc relate la vie de la 1ère Eglise à Jérusalem autour des apôtres, puis le mouvement des hellénistes avec le martyre d’Etienne et l’essor de la mission chrétienne avec Paul. Sur 28 chapitres, 17 sont consacrés à Paul. Luc est le 1er à présenter un mouvement religieux par le biais d’un récit historique. Pour lui l’avènement du christianisme se confond avec l’histoire de la mission paulinienne. Le Paul des Actes est une figure recomposée en fonction des besoins du temps. Durant toute sa mission Paul plaide dans les synagogues l’authenticité juive de la foi du Christ, mais se heurte au refus et à l’hostilité grandissante des Juifs. Luc veut sans doute défendre la mémoire de Paul face à ceux qui l’accusent d’antijudaïsme. Il tait les conflits entre Paul et ses communautés (Corinthiens, Galates, Eglise de Jérusalem). L’activité d’écriture de Paul n’est jamais mentionnée. Luc ne connait sans doute pas les lettres de Paul mais les récits populaires circulant dans les Eglises. A 40 ans de distance, le conflit de Paul avec la Torah n’est plus d’actualité et beaucoup de ses affirmations théologiques sont rentrées dans les mœurs, comme la justification par la foi. Luc retient un Paul utile pour l’avenir du christianisme, qui se joue du côté de Rome et des populations non-juives.

 

Héritage de Paul au 1er siècle.

Tous les écrits du N.T. portent l’empreinte de Paul, en adhésion ou en réaction.

Marc : la croix lieu du salut

Luc : la justification des pécheurs

Matthieu, en réaction, défend un maintien de la Loi

Jean parait exempt de toute réminiscence paulinienne, évangile et épîtres.

L’Apocalypse accuse les chrétiens pauliniens de compromission avec le pouvoir romain. 

Jacques polémique en insistant sur l’importance des œuvres mais c’est contre une interprétation déviante qui, sur la base de la justification par la grâce, prône le libertinisme.

 Pierre module sur les thèmes de l’apôtre et prend sa défense.

 

Paul adulé, Paul détesté, Paul domestiqué.

Marcion arrive à Rome vers 138-139. Rupture en 144. Aucun exemplaire de son unique écrit « Antithèse »ne nous est parvenu. Il nous est connu par ses opposants.  Marcion oppose 2 dieux : un dieu mauvais et colérique, le dieu créateur de l’A.T. et un dieu bon et pardonnant révélé par J.C. Il regroupe l’évangile de Luc et les lettres de Paul et nomme cet ensemble N.T. Toutes les références positives de l’A.T. sont censurées. Il fonde un courant qui se développera au 3ème siècle jusqu’en Iran.

Evasion gnostique

Des communautés gnostiques se développent. C’est le plus grand danger qu’ait dû affronter la chrétienté aux 2èmeet 3èmesiècles. Le gnosticisme est une multitude de groupuscules et d’écoles concurrentes. Les références principales sont Paul et l’évangile de Jean. Il établit un dualisme entre l’esprit et la matière, l’âme et le corps. Il s’agit de s’évader d’un monde qui est au mieux indifférent, au pire mauvais, pour que l’esprit remonte vers le Père céleste dont il est originaire. La crucifixion ne fut qu’un simulacre car l’essence divine du Christ lui a permis d’échapper à la mort. Refus du mariage, de la procréation. Les femmes ont un rôle important. Pour les gnostiques Paul est le croyant idéal, l’apôtre de la résurrection. Il fonctionne comme une source d’autorité, mais pour légitimer un point de vue qui lui est étranger.

Paul l’ennemi. 

Au 2ème siècle Paul a été maudit par un christianisme judéo-chrétien. Des écrits attribués à Clément de Rome présente Paul comme « l’homme ennemi ». Il s’y oppose à Jacques puis à Pierre sous la figure de Simon le Mage (cf Actes8,18-24). Ses écrits  sont présentés comme un faux évangile. Sa vision de Damas ne prouve rien et il n’a pas été instruit par Jésus lui-même. Il n’a aucune crédibilité.

La grande Eglise va se démarquer de son aile droite judéo-chrétienne et de son aile gauche, marcionite et gnostique. Elle va récupérer Paul. La chrétienté du 2ème siècle est un terrain mouvant qui se forme peu à peu autour de la Méditerranée, sur un consensus. Le canon du N.T. se stabilise autour de l’an 200 ; il faudra attendre 367 pour qu’apparaisse la 1ère liste des 27 livres du N.T. et 418 pour qu’elle soit entérinée par l’Eglise latine au synode de Carthage.

Pour sauvegarder son unité l’Eglise prend 3 mesures :

  • durcissement de la hiérarchie ecclésiastique : l’évêque tient la place de Dieu
  • adoption du canon du N.T.
  • adoption d’une confession de foi commune : le Symbole des Apôtres

 

La grande majorité des Pères de l’Eglise font l’économie de la correspondance de Paul pour construire leur théologie. Ils collectent la tradition des paroles de Jésus mais ignorent l’apôtre. Au début du 3ème siècle retour de Paul avec les écrits des évêques Ignace, Polycarpe, Irénée.

C’est à Luc et Irénée que le christianisme doit d’avoir considéré que la correspondance paulinienne était une source indispensable pour définir son identité. La chrétienté majoritaire a suivi définitivement.

 

Conclusion : l’enfant terrible du christianisme.

La définition de l’être chrétien ne peut se passer d’une référence à l’évangile paulinienne. Sa radicalité a fourni la base de la théologie chrétienne.

Paul est-il ou non le fondateur du christianisme ? Jésus ou Paul ?

Jésus a voulu réformer la foi ancestrale du judaïsme sans l’intention de fonder un mouvement qui deviendrait une religion autonome. Le christianisme est né au carrefour de la tradition juive et de la culture gréco-romaine. Il a quitté l’orbite juive et cessé d’être une secte messianique pour devenir un mouvement religieux autonome.

On relève de nombreux points communs entre Jésus et Paul, presque contemporains. Paul ne s’est jamais posé en initiateur religieux. Il est au service d’un autre. « Paul, esclave de J.C.» (Rom1,1). Il renvoie toujours à l’origine : J.C. 

La religion chrétienne a cette originalité que la figure de référence ne lui appartient pas puisqu’il est Juif, et que les acteurs majeurs aux origines du mouvement sont plusieurs : Pierre, Paul, Jean, Jacques, Matthieu.

La parole et l’agir de Jésus annoncent la venue proche du Règne de Dieu. Le cœur de la théologie de Paul est la croix. Paul fut l’interprète de Jésus avec peu de références à la vie et à l’enseignement de Jésus.

On distingue 4 thèmes d’interprétation :

  • L’universalité

Jésus prend systématiquement le contrepied de l’exclusion, il accueille toute personne quelle que soit sa piété, sa réputation, son histoire ou son origine. Paul a créé des communautés mixtes, plurielles, où se concrétisait l’égale valeur accordée à chacun par le baptême.

Jésus a voulu assurer à tous, à l’intérieur d’Israël, un même accès à Dieu. Paul a donné une envergure universelle à l’accueil. Il est fondateur de l’universalisme chrétien. Il accueille tout baptisé sans tenir compte de son histoire, de son passé, de son orientation sexuelle ou politique. « Tous vous n’êtes qu’un en J.C. » (Gal 3,28) Par rapport aux communautés pauliniennes, la majorité de la chrétienté actuelle est en régression (par ex. le rôle des femmes dans l’Eglise). Le défi posé par Paul de la grâce offerte à tous reste posé au 21ème siècle.

  • L’éthique du discernement

Lorsqu’une question morale est posée, Paul ne tranche pas par oui ou par non, il déplace la question. Il appelle au discernement. A la morale Paul préfère une éthique des valeurs fondée sur le rapport à autrui (ex : les viandes sacrifiées, la relation avec les prostituées, les dons de l’esprit les plus performants). L’important c’est l’amour d’autrui en qui se concentre « la loi du Christ » (cf l’hymne à l’amour en Co13 et le sermon sur la montagne dans Mt 5-7). Jésus n’écrit pas une nouvelle Torah, Paul ne codifie pas le protocole de la charité. Il s’agit de se laisser emporter par le souffle divin. Cet amour fait exploser l’idée même de la Loi. Paul met en place une éthique de la liberté qui est une éthique de la responsabilité.

  • La mort en croix

Paul focalise la Bonne Nouvelle sur la croix. La force et la sagesse divines se nichent désormais dans la fragilité d’un corps martyrisé. Jésus est abandonné par l’image d’un Dieu tout-puissant qui délivrerait son fils de ses ennemis Dans la représentation chrétienne de Dieu il y a un avant et un après Vendredi Saint. Chez Paul et dans la plus ancienne tradition de Jésus, le supplice du Golgotha fracture les représentations traditionnelles du divin.

  • La politisation du message

Le 20ème siècle a fait le procès de Paul pour n’avoir pas prôné l’abolition de l’esclavage (cf Philémon). Les Eglises chrétiennes se sont appuyées sur cette lettre pour justifier l’institution de l’esclavage. « que chacun demeure dans la condition où il se trouvait quand il a été appelé »1Co7,20 . (De même pour Jésus, le versement de l’impôt à César).

Or au temps de Paul, l’esclavage est considéré par tous comme un rouage indispensable à la vie commune. La surprise vient plutôt du fait que la chrétienté ait attendu le 19ème siècle pour déclarer l’esclavage incompatible avec l’Evangile. (Et pour Jésus tant que l’autorité politique  -César- n’empiète pas sur celle de Dieu, admettez-la, sinon elle doit plier). Paul demande à Philémon d’accueillir Onésime comme un frère. La relation maître esclave a dû changer. Si Paul ne condamne pas l’esclavage, c’est que, pour lui, le baptisé est devenu une nouvelle personne dotée d’une identité qui domine son rapport au monde : celle d’enfant de Dieu, aimé, pardonné, libre, responsable. Il révoque toute autre identité que le monde profane ou religieux pourrait lui imposer ou lui proposer.

Jésus-Christ n’est pas venu pour rendre l’humanité plus religieuse ou plus morale, mais pour la rendre plus humaine. 

Et Marguerat cite Bernanos (Journal d’un curé de campagne) qui fait dire à l’un de ses personnages : « Tu peux traduire ça (les paroles de Paul) comme tu voudras, même en langage rationaliste -le plus bête de tous- ça te force à rapprocher des mots qui explosent au moindre contact. La société future pourra toujours essayer de s’asseoir dessus ! Ils lui mettront le feu au derrière, voilà tout » 

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