Atelier de Lectures Oecuménique du 15 mai 2025
Présentation de l’auteur par Gérard Houssin
Cher ami bonjour,
Merci d’avoir accepté de passer ce début de soirée avec notre groupe caladois appelé Atelier de Lecture Œcuménique. C’est aujourd’hui notre avant dernier rendez-vous mensuel de l’année, mais il est très rare de pouvoir dialoguer en direct avec l’auteur du livre choisi. Merci, donc.
Avant de vous laisser la parole, je voudrais dire quelques mots pour vous présenter. Claude et moi avons le plaisir de vous connaître un peu. Lorsqu’elle était professeur de français, Claude avait utilisé avec délice vos fiches pédagogiques intitulées « les enquêtes du commissaire Grammaticus », un titre qui révélait déjà un sens de l’humour dont vous ne vous êtes jamais départi, nous le verrons sans doute ce soir. Car vous avez été un éminent pédagogue, docteur es Lettres et es Sciences de l’Education, enseignant à l’Institut supérieur de pédagogie (Paris). Vous êtes également docteur en Philosophie, et diplômé de la Faculté de théologie de Lyon.
Par ailleurs, vous êtes impliqué depuis de nombreuses années dans le dialogue œcuménique, et avez été le rédacteur en chef de la revue lyonnaise Unité chrétienne de 2001 à 2006.
Ces activités vont de pair avec une production littéraire intense de plusieurs dizaines d’ouvrages, et si j’ai bien compris, vous préparez la parution de trois nouveaux livres cette année. Pour ma part, je vous ai rencontré à un salon du livre ou vous dédicaciez « Le bonheur d’être protestant », livre que plusieurs d’entre nous ont lu et vivement apprécié.
C’est en effet pour vous entendre parler de votre itinéraire spirituel que nous sommes là ce soir, sujet que vous développez dans votre dernier titre paru aux éditions protestantes « Le Christ au miroir de nos vies ».
Merci Barlow, nous vous écoutons.
Compte-rendu de la vidéo-conférence
Michel Barlow est non seulement connu pour être l’auteur d’une trentaine d’ouvrages pédagogiques, de nouvelles, de contes et de romans, mais aussi pour être un théologien laïc, diplômé de la Faculté de théologie de Lyon Il est impliqué depuis de nombreuses années dans le dialogue oecuménique et a notamment été le rédacteur en chef de la revue Unité chrétienne (Lyon) de 2001 à 2006.
Grâce à Claude et Gérard Houssin, amis de Michel Barlow, une visio-conférence a été réalisée avec l’auteur de « Le Christ au miroir de nos vies » édité en 2024 chez Olivetan.
Michel Barlow relit son histoire et raconte comment son image du Christ a évolué avec le temps. Car le Christ grandit avec nous; ainsi Saint Irénée, grand théologien et grand poète écrit:
« C’est en effet, tous les hommes qu’il (Jésus-Christ) est venu sauver…. Tous les hommes qui par lui renaissent en Dieu (….)
C’est pourquoi il est passé par tous les âges de la vie:
En se faisant nouveau-né parmi les nouveau-nés, il a sanctifié les nouveau-nés; En se faisant enfant parmi les enfants, il a sanctifié ceux qui ont cet âge (…); en se faisant jeune homme parmi les jeunes hommes, il est devenu un modèle pour les jeunes hommes et les a sanctifiés pour le Seigneur. De même il est devenu homme d’âge mûr parmi les hommes d’âge mûr afin d’être en tout le maître parfait »; Irénée de Lyon (env. 150-202)
Jésus-Christ n’est pas un « mort vieux de 20 siècles ». Il est vivant par son Esprit. C’est ce qu’en langage chrétien, on nomme la Résurrection et la prière.
Que signifie cette présence du Christ dans notre vécu de croyants? On peut se demander par exemple quand chacun de nous a vraiment eu le sentiment de rencontrer Jésus-Christ.
La foi « serait cette présence-absence du Christ dans nos vies, une présence qui change de visages tout au long de notre vie. »
Le témoignage de Michel Barlow a d’autant plus de valeur universelle qu’il est très personnel et écrit avec sincérité et un zeste d’humour. En outre, comme, dit-il, il est « un vieux monsieur », son itinéraire spirituel a traversé toutes les étapes du christianisme au XXème siècle.
Avant sa première rencontre avec le Christ, Michel Barlow avait de Jésus-Christ une image magique. Or, selon les ethnologues, la magie est le contraire de la religion.
La magie, c’est tout ce qu’on fait pour Dieu, un ensemble de rites, de prières « destiné à obtenir les faveurs de Dieu en ce monde comme dans l’autre ». Être religieux, c’est prendre conscience et s’émerveiller de ce que Dieu a fait, fait et fera pour nous et lui en rendre grâce.
Sa première rencontre avec le Christ, personne vivante et libérante, Michel Barlow la situe vers l’âge de 12 ans. Alors élève dans une école militaire, il a lu pendant une récréation le Sermon sur la montagne « Heureux les pauvres de coeur…Heureux ceux qui pleurent… ». Michel Barlow à cette lecture, s’est senti heureux, libre; c’était comme si Jésus était à ses côtés et lui parlait. Il n’était plus « enfermé dans une caserne d’enfants-soldats ».
Adolescent, il est militant à la JEC, centrée sur le Christ; la plupart des aumôniers étaient jésuites.
Il entre au séminaire: 2 ans à Grenoble et 3 ans en stage. Après 2 ans d’études théologiques, il devient stagiaire auprès d’un prêtre du Prado et donne quelques heures de secrétariat au maire communiste et chrétien.
Il devient ensuite professeur dans un séminaire pour des élèves à vocation tardive. Après une retraite à l’Abbaye de Hautecombe où Il est accompagné par un Père spirituel , ce denier l’aide à comprendre qu’il n’est pas fait pour la prêtrise. Il décide de ne plus continuer dans cette voie. Il rencontre sa femme.
Sur les conseils de Henri Bourgeois, il écrit un livre sur « Le couple, chemin vers Dieu ». Sa femme et lui n’ont pas le même cheminement spirituel; ils ont une vie spirituelle de conserve: chacun accepte d’être différent tout en se soutenant l’autre.
Il fait la rencontre de Gilbert Cesbron, écrivain catholique, dont il deviendra un ami. Ce dernier disait: « il faut que le Christ soit invisible dans mes livres mais évident ». Lorsque Michel Barlow est devenu enseignant dans des lycées et collèges laïcs, il a essayé de mettre en pratique cette formule.
De par les orientations religieuses de sa famille, il a été à la rencontre des 2 mondes: catholique et protestant.
Le 1er mai 2011, on célèbre à Rome la béatification de Jean-Paul II. Un curé intégriste prêche que « le Ciel a confirmé la sainteté du Saint Père avec deux miracles… » Michel Barlow est furieux: comment prendre un tel homme pour modèle de vie ici-bas, alors qu’il a « prodigué des mamours au général Pinochet, le grand massacreur du peuple chilien ». C’est la goutte d’eau qui « le fait aller au temple, mais pas le plus proche, le temple des Terreaux. Une autre histoire commence alors pour lui. »
Il avait fait la rencontre du pasteur Henri Fischer, directeur des Editions Olivetan qui lui conseille de prendre le temps de la réflexion et de la prière avant son entrée dans la communauté protestante. Michel Barlow écrit alors : « Le bonheur d’être protestant » édité en 2013. Ce « n’est pas un livre contre qui que ce soit. Son but n’est pas de détruire, de critiquer, de honnir. Ce qui m’importe aujourd’hui….c’est l’épanouissement de la foi que j’ai trouvé au sein du protestantisme ». (Extrait de l’avant-propos)
Maintenant, Michel Barlow a 85 ans. ” Sa rencontre avec le Christ aux cheveux blancs est pour bientôt », dit-il.
Les membres de l’Atelier de Lectures Oecuménique remercient Michel Barlow pour sa présentation et pour le temps qu’il nous a donné.